Corrida : basta !

Publié le par Ricard Bruno

Corrida : basta !

 

Cette année encore, 600 taureaux périront dans les arènes françaises. © Sipa
Le 14 mai 2015 | Mise à jour le 15 mai 2015
 

Paris Match. A quand remonte l’introduction de la corrida en France ?
Jean-Pierre Garrigues. En 1853, Saint-Esprit-lès-Bayonne est le théâtre de la première corrida, organisée pour satisfaire la passion d’Eugénie de Montijo, l’épouse de Napoléon III. La tauromachie va se répandre de manière illégale, en dépit de la loi Gramont (2 juillet 1850) qui condamne « les personnes ayant fait subir publiquement des mauvais traitements aux animaux ». Cette loi sera malheureusement amendée le 24 avril 1951. Depuis, on tolère les combats de coqs dans le Nord de la France et dans les Dom Tom, et la corrida dans le Sud. Un décret de 1959 précise que la « tradition doit être locale et ininterrompue », sans plus de précisions. Le flou permet aux villes de remettre la barbarie au goût du jour quand elles le souhaitent : c’est le cas de Carcassonne qui a reçu en 2002 l’autorisation d’organiser des corridas... après 50 ans d’interruption ! Actuellement, 66 villes et villages situés dans 11 départements du sud de la France pratiquent la corrida grâce aux subventions publiques. En 2008, l’Espagne, elle, avait fait le choix de ne plus subventionner la tauromachie en raison de la crise. Résultat : les corridas ont chuté de moitié. Chez nous en revanche, on continue de financer la cruauté sans complexe. A Alès par exemple, le maire vient de remettre 15 000 euros sur la table. Sans argent public, il n’y aurait pas de corrida.

Ni d’écoles taurines !
Il existe deux écoles dans le Sud-Ouest et trois dans le Sud-Est. Nous avons attaqué en justice celles de Bézier, de Nîmes et d’Arles pour mettre fin à leur activité sadique. Ces associations de loi 1901 sont subventionnées par les mairies, le conseil général et régional. Les mercredis et samedis après-midi, les enfants, dès l’âge de 7 ans, débutent leur formation morbide en s’entraînant sur le « carreton », une sorte de brouette munie de cornes. Quand ils maîtrisent bien les gestes, on passe aux travaux pratiques en plantant des poignards et des épées dans le dos d’un veau. On atteint là le summum de l’ignominie : dans ces « écoles », on apprend aux enfants à torturer des animaux.

C’est comme ça que débutent les tueurs en série…
Au cœur de notre combat figure également la protection de l’enfance afin que les gamins ne soient plus initiés à la barbarie dans ces écoles du crime ou traînés dans les corridas.

Des pratiques cruelles pour diminuer l'animal

D’où proviennent les taureaux massacrés dans les arènes françaises ?
Les taureaux dits de combat, que les aficionados font passer pour des bêtes sauvages absolument féroces, sont en réalité des bovins. Les éleveurs reçoivent donc des subventions de l’Union européenne, environ 160 millions d’euros par an. 90% minimum des animaux vont directement à l’abattoir pour leur viande, le reste finit dans les arènes à l’âge de 4 ans, alors qu’ils pourraient vivre jusqu’à 25 ans. Contrairement aux arguments avancés par les bourreaux, la corrida est bien loin d’être un pan de l’économie française : 85% à 90% des taureaux mis à mort chez nous proviennent du Portugal et de l’Espagne.

Quant au combat, il n’a rien de loyal…
L’homme veut imposer au taureau de rentrer dans son jeu : il doit donc le conditionner pour qu’il respecte les règles imposées. La corrida consiste à torturer six bêtes durant 20 minutes chacune. Si l’animal est en pleine forme, le toréro voltige en 5 secondes. Et s’il est trop faible, il s’effondre au bout de 10 mètres. Il faut donc trouver la juste dose : lors d’un débat télévisé organisé en Espagne, un vétérinaire taurin a avoué que les cocktails à base de sédatifs et d’excitants sont une pratique courante.

On pratique aussi l’afeitado. De quoi s’agit-il ?
 L’afeitado consiste à scier les cornes du taureau à vif, sur la partie innervée, puis de les limer pour refaire la pointe. Ce serait comme nous scier une dent sans anesthésie ! Dans un documentaire espagnol, on voit le taureau, maintenu dans un caisson, baver et trembler de souffrance. Cette amputation s’accompagne parfois de l’implantation d’un petit morceau de bois. Dès que l’animal heurte quelque chose dans l’arène, la douleur est si violente qu’il n’aura plus envie de donner des coups. Pour le taureau, les cornes sont comme des antennes. L’objectif de l’afeitado est de le diminuer et de lui ôter toute perception spatiale. Parmi les autres pratiques d’affaiblissement, il y a l’incision des sabots, les coins de bois enfoncés entre les onglons, la déshydratation, les purges à coup de laxatifs puissants, les yeux enduits de vaseline pour désorienter l’animal, les sacs de sables balancés sur l’arrière du taureau quand il est encore dans le toril... La liste est longue, les tortionnaires ont une imagination fertile. Les conditions de transport sont également une épreuve douloureuse. Les trajets depuis le sud de l’Espagne durent des jours. Enfermés dans des caissons de contention, les animaux ne reçoivent ni eau, ni nourriture. En 2001, plusieurs taureaux déshydratés ont été retrouvés sans vie dans ces camions de la mort. Parfois, ils voyagent sur des plans inclinés afin de fatiguer les muscles de leurs pattes.

Un happening spectaculaire à Alès le samedi 16 mai

Archaïque et ringarde, la tauromachie s’effondre en Espagne et décline en France. Comment lui donner définitivement le coup de grâce ?
Une seule solution : l’abrogation de l’alinéa 7 de l’article 521.1 du Code pénal qui tolère que des sévices graves soient infligés aux animaux sous couverts de tradition locale. L’opinion publique est largement mûre : 73%* des Français souhaitent l’abolition de la corrida et 83%* sont pour l’interdiction d’accès des jeunes de moins de 14 ans* à ces « spectacles ». Problème : les élus aficionados, c’est à dire 50 députés sur 577, et Manuel Valls, qui n’a jamais caché son goût pour les arènes, mènent une dictature tauromachique. Ils confisquent le débat alors que trois propositions de loi ont été déposées par Laurence Abeille (Europe Ecologie Les Verts), Geneviève Gaillard (PS) et Damien Meslot (UMP). Au CRAC Europe, nous avons créé un vade-mecum afin de former des militants pour aller à la rencontre des députés et des sénateurs et obtenir leur signature pour l’abolition de la corrida. Nous en avons actuellement récolté une centaine. Le CRAC Europe se bat également pour obtenir l’abrogation de l’inscription de la corrida au patrimoine culturel immatériel de la France, réalisée en catimini en 2011. Nous avions perdu en première instance, notre appel sera examiné lundi 18 mai par la Cour administrative de Paris. Si les recours nationaux ne fonctionnent pas, nous irons devant la Cour européenne des droits de l’Homme.

Quelles seront vos prochaines actions ?
Nous organisons un happening spectaculaire à Alès le samedi 16 mai, à 15h, à 250 mètres des arènes. Puis le 28 juin, nous serons à Rieumes à l’occasion d’une manifestation unitaire avec la Fondation Brigitte Bardot, Animaux en Péril et la FLAC (Fédération des Luttes pour l’Abolition des Corridas). Rieumes est la seule commune de Haute-Garonne à organiser des corridas depuis seulement 10 ans. En attendant d’avoir un débat dans l’hémicycle, il faut continuer d’exercer la pression sur le terrain de manière pacifique pour faire tomber les villes une à une. Nous nous attendons à une mobilisation maximale.

*Selon un sondage Ifop/Alliance anticorrida (www.allianceanticorrida.fr)

Rendez-vous : le samedi 16 mai à 15h devant la clinique Bonnefon, 45 avenue Carnot, le long du Gardon, à Alès. Le samedi 28 juin à Rieumes à partir de 9h. Toutes les infos sur anticorrida.com, fondationbrigittebardot.fr et flac-anticorrida.org

A lire : « Corrida. La honte », par Roger Lahana, Les Editions du Puits de Roulle.

A (re)voir par ceux qui persistent à croire que la corrida est un art : le documentaire « Alinéa 3 » réalisé par Jérôme Lescure dans 5 arènes du Sud de la France durant l’été 2004.  

« Derrière les murs… Alès les 11 et 12 mai 2013 », par Jérôme Lescure. Attention images choquantes:

 

DERRIÈRE LES MURS... Alès le 11 et 12 mai 2013par jeromelescure
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M
Basta asesinatos de toros o cualquier animal inocente.
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R
Corrida BASTA !