Pamela Anderson peut-elle sauver les canards français?

Publié le par Ricard Bruno

Pamela Anderson à côté de Laurence Abeille mardi 19 janvier.

Pamela Anderson à côté de Laurence Abeille mardi 19 janvier.

Il est à noter qu'était également présent aux côtés de Pamela Anderson, Christophe Marie Porte parole de la fondation Brigitte bardot, Le capitaine Paul Watson de l'association Sea Sheperd et Henry-Jean Servat, journaliste et chroniqueur à l'émision "télématin" et Delphine Wespiser ...

 

Bruno Ricard

C’est l’événement du jour, qui va forcément faire les choux gras des JT de 20h, du Petit Journal de Yann Barthès et de la presse people. Bref une sorte de grand chelem médiatique. Pamela Anderson est à Paris pour défendre les canards. La comédienne et mannequin canadienne de 48 ans, devenue célèbre dans les années 90 pour son rôle de maître-nageur californien dans cinq saisons de la série américaine « Alerte à Malibu », est venue soutenir la députée EELV Laurence Abeille, qui a présenté aujourd’hui une proposition de loi interdisant le gavage des oies et canards en France. Beaucoup y ont vu l’agression caractérisée de Hollywood contre l’art de vivre à la française et le fleuron de notre gastronomie. Pour une fois, les gastronomes qui adorent se déchirer sur d’innombrables sujets, ont serré les rangs: le foie c’est sacré Pour la Fondation Brigitte Bardot, qui a organisé l’événement, c’est juste un pas de plus pour tenter de faire évoluer les mentalités. « Nous ne sommes pas naïfs et nous savons bien que ce texte ne sera pas adopté, nous voulons juste sensibiliser les citoyens et consommateurs », explique Christophe Marie, porte-parole de l’ONG.

La tâche est ardue car la France, qui produit plus de 80% du foie gras dans le monde est aussi et de loin, le plus gros marché pour ce produit de luxe. Comme le rappelle le Cifog (Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras), « 95% des Français estiment que le Foie gras est un mets traditionnel qui fait partie du patrimoine et 79% n’imaginaient pas s’en passer au moment des fêtes de fin d’année » et toujours selon ce sondage commandé par le lobby du foie gras français, « 72% des Français se déclarent opposés à son interdiction ». Le Cifog rappelle aussi que son produit phare fournit directement et indirectement du travail à 100.000 personnes en France et joue un rôle essentiel à l’économie de régions entières dans le Sud-Ouest.

Les défenseurs du foie gras s’étranglent même, en rappelant qu’ils sont en train de subir une grave crise avec l’actuelle épizootie de grippe aviaire et que le moment est particulièrement mal choisi pour les accabler. Voilà pourquoi l’opération médiatique orchestrée par les antis ne va pas changer grand-chose. Quoi que… Il s’agit d’une stratégie de petits pas que connaissent bien les activistes de la cause animale. Pour faire avancer une cause d’un millimètre, il faut savoir frapper les esprits et pour aboutir, il faut s’armer de patience et renouveler les coups régulièrement.

Brigitte Bardot ne s’y était pas pris autrement en 1977, lorsqu’au sommet de sa popularité, elle était allée se faire photographier sur la banquise, un bébé phoque dans les bras. Son image en a souffert. La star avait perdu instantanément son statut glamour et consensuel et fut de plus en plus décrite comme la passionaria hystérique de causes futiles. Il n’empêche que son combat a fini par payer. En 1983, l’Europe a banni les importations de fourrures de bébés phoques. Et chacune de ses prises de position ou déplacements publics ont été fortement couverts par les médias.

Aujourd’hui Pamela Anderson reprend le flambeau. Après avoir été l’un des porte-drapeaux de l’association anti-fourrure Peta et après avoir lancé un boycott contre les restaurants KFC, accusés de maltraiter les poulets, la comédienne devenue végétarienne milite contre le gavage. « Sa grande notoriété nous permet de marquer les esprits et de faire avancer notre cause », se félicite Christophe Marie. On peut noter au passage que la comédienne, reconvertie en femme d’affaires, s’apprête à dévoiler à Paris sa nouvelle marque de chaussures « veggie », fabriquées sans aucune matière animale, dans une usine française de la Drôme. L’harmonie est parfaite quand les convictions rejoignent le portefeuille.

A l'opposé, les 95% de Français adeptes du foie gras commencent à se poser des questions. Ils ont entendu parler des cannetons éliminés sans ménagement selon leur sexe, des cages minuscules dans lesquelles les volailles sont confinées, des traumatismes provoqués par un gavage mal effectué… Ils apprécient les efforts accomplis ces dernières années par la filière volaillère qui a grandement amélioré ses standards d’élevage. Ils sont nombreux à ne plus acheter que des œufs de poules élevées en plein air et plébiscitent les enseignes de la grande distribution qui ont éliminé les œufs de poules en batteries. Leur attachement au foie gras paraît solide aujourd’hui, mais il serait bien étonnant qu’il ne finisse pas par se fissurer. A l’heure actuelle, la production de foie gras s’accommode mal des standards d’élevage les plus respectueux des animaux: élevages en plein air, déambulation et alimentation libre. Des expérimentations sont en cours mais les résultats sont lents et les mentalités trop rapides. Le foie gras va devoir beaucoup changer pour continuer à nous régaler.

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E
le faux gras ce n'est pas mauvais, après tout, c'est végétal et respecte les animaux.
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