Bienvenue chez les grands singes naufragés

Publié le par Ricard Bruno

Bienvenue chez les grands singes naufragés

« Une saison chez les bonobos », sur France 4 à partir du 18 février, à 20 h 50.

L'équipe d'"Une saison au zoo" s'est rendue au Congo pour nous faire découvrir, en prime time, les mœurs des bonobos. Une série documentaire aussi addictive qu'une téléréalité !​

De tous les animaux, il en est un qui partage 98,6 % de notre génome. C’est-à-dire presque autant que Ribéry. Comme nous, le bonobo reste neuf mois dans le bidon de sa maman, tient debout, aime s’ébrouer dans l’eau, utilise des outils, joue, rit, pleure. Il est aussi le seul primate à se laisser mourir, sciemment, s’il ne ressent pas d’affection. Mais cela n’a pas suffi à l’homme, congolais en l’occurrence, qui depuis toujours le chasse. Vendu comme viande de brousse, on retrouve du bonobo jusque dans certaines échoppes du XVIIIe arrondissement de Paris. Boucané, l’adulte fait un bon plat de résistance. Mais le bébé qui reste agrippé au corps de sa mère n’a lui pas assez de couenne pour être mis en sauce. Alors les braconniers le bradent comme animal de compagnie. Il finit dans les bars, grandit en cage, une chaîne autour du cou, parfois chez des particuliers. Ce fut le cas de Mimi. Il y a une quinzaine d’années, on retrouvait cette femelle chez ses maîtres, en chemise de nuit devant la télé… Dans une main un verre de limonade, dans l’autre la télécommande.

Immersion dans le refuge des bonobos orphelins

C’est tout le drame d’une espèce en voie d’extinction. C’est tout le malheur d’un pays, il y a vingt ans à feu et à sang. En pleine guerre civile, en 1994, une sainte femme comprend l’urgence. A 30 kilomètres au sud de Kinshasa, Claudine André monte de toutes pièces un sanctuaire, en fait le refuge des bonobos orphelins. C’est ce petit paradis que sont venus visiter Charlotte la soigneuse, Cyril le vétérinaire et quelques autres employés du zoo français de La Flèche. Depuis quatre saisons, leur quotidien au parc naturel sarthois faisait un carton sur France 4 : la production leur devait bien des vacances. Qui, vous le constaterez, n’en sont pas franchement… Le temps de six épisodes de quarante-cinq minutes, montés sans maquillage, affranchis de la sempiternelle voix off qui-prend-le-téléspectateur-pour-un-jambon, on assiste à la rencontre de deux équipes – française et congolaise –, au mariage de leurs savoir-faire, au partage de leurs connaissances.

C’en est touchant sans être mièvre, et comme un gosse on tremble de savoir si la plaie de N’Jili a proprement cicatrisé, si les amours de Waka donneront un nouveau-né pour l’été… Au quatrième jour, entre autres surprises, Maman Susie, l’éthologue, nous explique que les bonobos ont aussi leurs codes, leurs mœurs. Des trois clans qui vivent au sanctuaire, le premier est très sévère avec sa progéniture ; le deuxième, sans doute d’obédience post-soixante-huitarde, mène son éducation plus à l’avenant ; quant au troisième, allez savoir pourquoi, la mode y est à l’épilation. Et chacun de ses membres semble sortir de chez l’esthéticienne…

Non, vraiment, à les observer de si près et dans de telles conditions, on s’aperçoit que l’on était bien bête de croire bêtes les bêtes. On se souvient surtout que nous autres, misérables Homo modernus, arrogants bipèdes, descendons directement du singe. Et qu’à tout prendre nous ferions peut-être bien de remonter.

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Publié dans le web en parle

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