Le plus gros trafiquant de singes d'Afrique arrêté !
Le réseau Eagle, présent dans neuf pays africains, a mis la main en Guinée sur Abdourahamane Sidibe et a saisi une tonne d'ivoire en Ouganda.
En août 2015, le Guinéen Abdourahamane Sidibe avait été condamné par défaut à cinq ans de prison pour exportation illégale de nombreuses espèces protégées, dont 130 chimpanzés et 10 gorilles. La plupart de ces animaux ont été expédiés en Chine. Sidibe opérait depuis au moins 30 ans à la tête d'un gang composé de nombreux membres de sa famille. Sa combine était simple et infaillible. Il avait corrompu le patron de la Cites (la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction) en Guinée, Ansoumane Doumbouva, l'homme habilité à délivrer les autorisations d'export de la faune sauvage.
Dans ce coin d'Afrique, la corruption est un sport national qui gangrène toute la société et permet, surtout aux trafiquants de tout poil, d'échapper à la justice. Mais voilà, c'était compter sans une ONG nommée Wara, créée et dirigée par la Française Charlotte Houpline. Cette association fait partie du réseau Eagle qui rassemble, dans neuf pays africains, des dizaines d'activistes décidés à épauler les autorités locales pour lutter contre le braconnage et les trafiquants. Le réseau Eagle a déjà à son actif l'arrestation de 1 500 criminels de la nature au rythme d'un par jour.
Depuis deux ans, Abdourahamane Sidibe était en fuite, se cachant dans plusieurs pays africains, arabes et asiatiques. C'est une longue traque des activistes de Wara qui a permis de le repérer et aux autorités guinéennes, avec l'aide d'Interpol, de l'arrêter. « Depuis longtemps, la Guinée a été la plaque tournante du trafic illégal organisé des singes », explique Charlotte Houpline. « Depuis six ans maintenant, nous avons travaillé dur avec les autorités guinéennes pour mettre derrière les barreaux les plus grands de ces trafiquants et des officiels corrompus qui les aident. Mais il reste encore beaucoup à faire. »
Et pourtant, le réseau Eagle se dépense sans compter. La veille de l'arrestation en Guinée, le 17 février, les activistes de Eagle-Togo étaient à l'origine d'une autre arrestation de trafiquants, en Ouganda cette fois. Les autorités de Kampala ont pris d'assaut une maison fortifiée dans laquelle elles ont pu saisir une tonne de défenses en ivoire et mettre la main sur trois trafiquants. L'un d'eux a pu s'échapper en soudoyant un fonctionnaire de police.
L'Israélien Ofir Drori, à l'origine du réseau Eagle fondé au Cameroun voici plusieurs années, est devenu l'ennemi à abattre pour les trafiquants. « Corruption, corruption et corruption, c'est de cette manière que les groupes du crime organisé opèrent, et c'est ce que nous devons combattre. Pour protéger nos éléphants et nos rhinocéros, nous devons pratiquer une chasse et nous sommes déterminés à chasser ces criminels et à combattre la corruption pour les mettre derrière les barreaux », s'exclame-t-il.