L'éléphante Maya, victime de maltraitance? Le PDG de Vente-privée s'inquiète
Le patron de Vente-privee.com affiche le portrait de Maya sur la façade de sa société. Il veut qu'elle quitte son cirque pour un sanctuaire.
Son corps voûté s'affiche sur plus de 100 m² sur l'immense façade de l'entreprise Vente- privee.com à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) pour émouvoir les automobilistes qui empruntent l'A 86 et l'A 1. Maya, une éléphante de 49 ans, se trouve en ce moment à Saumur (Maine-et-Loire) avec son cirque de la Piste d'or, et son état inquiète l'association de défense des animaux OneVoice.
« Sa maigreur fait peur à voir, explique Muriel Arnal, présidente de l'ONG. Maya fait des grands gestes de trompe comme si elle encensait son enclos, un signe classique de dépression chez les pachydermes. De nombreuses plaies lui couvrent la tête et les épaules. Il y a urgence, elle est en danger de mort. »
Jacques-Antoine Granjon, le PDG de Vente-privee.com, convaincu de la cause animale, prête ses murs jusqu'à dimanche pour sensibiliser sur le sort de ce grand mammifère : « Très malade, elle est encore forcée de vivre sur les routes, dans un camion, et de participer aux spectacles de cirque. Des projets de sanctuaires existent pour accueillir les animaux », signale le patron. L'objectif est en effet de sortir l'animal de 5 t de son petit enclos pour l'envoyer à l'Elephant Haven, sorte de maison de retraite pour éléphants en cours de construction dans le Limousin.
Pour le patron du cirque, « Maya fait partie de la famille »
« Comment peut-on nous accuser de maltraitance, s'étrangle Ralph Falck, le patron du cirque. Maya dressée par mon grand-père, avait 15 ans quand je suis né, elle fait partie de ma famille ! Par ailleurs, des vétérinaires passent contrôler nos animaux quinze à vingt fois par an, ils n'ont rien trouvé à redire. » Il promet d'attaquer l'association qui le « harcèle » en retour.
Le cas de l'éléphante Maya illustre le bras de fer de plus en plus serré entre professionnels du cirque et ONG. En France, 250 chapiteaux présentent encore des numéros de dressage, le plus souvent avec des chevaux, tigres, lions, lamas, singes, mais aussi quelques éléphants. Nos voisins européens, l'Irlande, l'Italie, l'Autriche, la Grèce, la Finlande par exemple, ont banni les animaux sauvages de leurs pistes aux étoiles.
Nicolas Hulot, qui a rappelé cet été être défavorable au maintien des animaux en cage, a mis en place une Commission bien-être animal qui étudie ces questions et fait paniquer les directeurs de cirque. En attendant, dans l'Hexagone, à défaut d'interdiction nationale, on estime aujourd'hui à 60 le nombre de communes françaises ayant signé des arrêtés municipaux interdisant les numéros d'animaux sauvages, dont 13 de plus de 20 000 habitants. Elles n'étaient qu'une trentaine début 2016 et moins d'une dizaine en 2012. Pour accélérer le mouvement, Pamela Anderson, ambassadrice de l'association Peta, a envoyé mercredi une lettre aux 36 000 maires de France pour qu'ils interdisent l'accès de leurs places aux cirques avec des lions, des tigres ou des éléphants.