Police : Ils ont tué Tito !
Un chien de 11 mois a reçu d'un policier une balle entre les deux yeux. Ça s’est passé dans la cour de l’immeuble où habite son maître. Sans raison apparente.
« Ça s’est passé mardi 5 décembre, vers 19h30. »Khedr était chez lui. Un studio en rez-de-chaussée, qui donne sur la cour intérieure du 31 rue Ernest-Renan. Cette cour fermée, toute en longueur, dessert les différents logements situés à cette adresse. Vu qu’un portail sépare cette voie privée de la rue, les enfants de la résidence investissent souvent cet espace pour s’y amuser en toute sécurité. Pour la même raison, Khedr avait l’habitude de laisser son chien Tito s’y dégourdir les pattes.Ce petit corniaud de onze mois, n’avait rien du molosse, « tout le monde l’aimait bien. Les enfants jouaient avec, il était très gentil ». Ce soir-là, son maître l’a entendu aboyer à deux reprises. « Tout de suite après, il y a eu un très grand bruit, je suis vite sorti. » Son chien gît dans une mare de sang, abattu par un policier d’une balle entre les deux yeux.
"Il m'apportait du bonheur"
« Mais pourquoi a-t-il fait ça ? », continue de se demander Kehdr. Ce jeune homme de 25 ans, arrivé d’Égypte en 2009, n’avait déjà pas une vie facile. « Je ne cherche pas les histoires. J’ai beaucoup de problèmes... Je suis malade », explique-t-il en montrant une pyramide de médicaments et sa carte « handicapé ». Pas pour que l’on s’apitoie sur son sort mais simplement pour justifier sa peine. « Il m’apportait du bonheur… » Si lui tente de ravaler son chagrin, dans le quartier les témoignages d’indignation et de colère sont partout.« Ce chien n’a jamais fait de mal ni peur à personne, s’énerve son voisin Bensassi. Pauvre bête… On ne peut même pas lui reprocher d’être sortie dans la rue, c’est le policier qui est rentré chez nous ! »
Le commissariat de Saint-Denis, qui n’a pas souhaité s’exprimer, est revenu vers Khedr pour tenter de justifier cet acte. Les policiers auraient interpellé quelqu’un juste avant. Le policier auteur du coup de feu serait entré pour voir si le gars n’avait rien jeté derrière le portail. Tito serait allé vers lui. Il aurait eu peur. Et a tiré. Des explications qui n’en sont pas pour les habitants qui ont averti la Fondation Brigitte Bardot et comptent déposer plainte. « Il n’avait aucune raison de l’abattre. Il pouvait aussi appeler à l’aide, utiliser sa bombe lacrymo ou même tirer en l’air, renchérit l’un d’entre eux.Tito ne l’a même pas mordu. Sa réaction est totalement incompréhensible. » Une voisine d’ajouter :« On ne peut pas tolérer qu’un policier fasse usage de son arme et tue simplement parce qu’il a peur ! Un policier doit avoir du sang-froid, sinon c’est un danger public. »