Son combat pour les animaux, le harcèlement sexuel, son cancer : Brigitte Bardot nous dit tout

Publié le par Ricard Bruno

Dans sa chambre à Saint-Tropez...

Dans sa chambre à Saint-Tropez...

a star qui a renoncé à sa carrière pour lutter contre la maltraitance publie aujourd’hui « Larmes de combat », ses Mémoires de militante pour les animaux. Elle se confie en exclusivité pour Paris Match.

Paris Match. Vous êtes toujours un mythe et un phénomène social…
Brigitte Bardot. Pas du tout du tout du tout ! Je vis très simplement avec mes animaux et pour ma fondation. Loin de ce qu’on avait baptisé la “bardolâtrie”, quand les gens me poursuivaient pour des autographes. Je veux vaincre l’indifférence des gouvernements et des peuples vis-à-vis des animaux. C’est mon amour pour eux et ce combat qui, jour après jour, me donnent à mon âge cette force. Par ailleurs, je ne parle que si j’ai quelque chose à dire. On emploie trop de mots pour rien ou pour balancer des conneries. Avec les animaux, on se regarde, on communique avec les yeux. C’est le langage corporel.

omment vivez-vous, à présent, à Saint-Tropez ?
Je me réveille à La Madrague vers 9 heures, m’occupe de mes neuf chiens et six chats, puis de moi. Après, j’appelle la fondation pour un tour d’horizon. Bernard, mon compagnon et mari, me sert d’intermédiaire avec les fax et les e-mails. Je n’ai ni ordinateur ni tablette. Pas même de portable, cet instrument qui sert aussi à faire d’horribles selfies – on ne peut aller nulle part sans que quelqu’un se colle à vous ! La journée commence donc avec le courrier. Je reçois quelque 60 à 70 lettres par jour. Je réponds moi-même à celles qui sont importantes ou me touchent. A 13 heures, je vais à La Garrigue, ma ferme, retrouver mes autres animaux, une cinquantaine, parmi lesquels Candy le poney et Bonhomme l’âne, vivant en liberté en compagnie de sept cochons, huit chèvres, autant de moutons, deux boucs, une tortue, des oies, des canards, des poules et dix-sept chiens et chats. Là, je me consacre à la fondation. En trois décennies, elle a pris beaucoup d’importance. Vers 18 heures, fatiguée, je regagne La Madrague. Il faut reconnaître que je n’ai jamais eu autant de travail que maintenant, à 83 ans ! Je dîne avec Bernard, passe quelques coups de fil et me couche. Je ne vais jamais à Saint-Tropez. Non seulement pour ne pas risquer de provoquer d’émeute ou me mettre en danger, mais parce que ça n’a plus rien du petit port de pêche que j’ai connu. C’est devenu une vitrine du luxe, un lieu sans âme.

Revenons aux hommes que vous avez aimés…
Ah non ! Quand c’est fini, c’est vraiment fini. C’est comme le cinéma. Des souvenirs pénibles. Partout où je passais, j’étais traquée. J’ai encore du mal à comprendre ce qui m’est arrivé, une sorte d’enchaînement incontrôlable m’ayant rendue très méfiante à l’égard de la race humaine. Je n’ai quasiment pas gardé de relations dans ce milieu, d’autant qu’à mon âge il me reste peu d’amis de ces années-là. Mes seules attaches : un peu Delon, Belmondo, Mylène Demongeot, Robert Hossein. On se téléphone une ou deux fois par an, un lien surtout dû aux animaux, sujet qui nous rapproche.

Que pensez-vous de ces actrices dénonçant le harcèlement sexuel ?
Concernant les actrices, et pas les femmes en général, c’est, dans la grande majorité des cas, hypocrite, ridicule, sans intérêt. Cela prend la place de thèmes importants qui pourraient être discutés. Moi, je n’ai jamais été victime d’un harcèlement sexuel. Et je trouvais charmant qu’on me dise que j’étais belle ou que j’avais un joli petit cul. Ce genre de compliment est agréable. Or il y a beaucoup d’actrices qui font les allumeuses avec les producteurs afin de décrocher un rôle. Ensuite, pour qu’on parle d’elles, elles viennent raconter qu’elles ont été harcelées… En réalité, plutôt que de leur profiter, cela leur nuit.

Avez-vous peur de la mort ?
La maladie, la souffrance, la mort, c’est grave et pas trop rigolo, n’est-ce pas ? Comment prétendre le contraire ? Mais puisque c’est inéluctable, il faut essayer de l’apprivoiser. Quand j’ai eu un cancer du sein, ça a été très difficile. J’étais toute seule et j’avais décidé de faire uniquement de la radiothérapie, et pas cette épouvantable chimio, pour ne pas perdre mes cheveux. Elle détruit le mal mais aussi le bien et on en sort anéanti. Je vois des gens qui, après cette épreuve, sont des loques. Jamais je ne voudrais passer par là. Cette maladie m’a obligée à me retrouver face à moi-même. Et maintenant, si j’aime bien parfois la solitude, je ne peux néanmoins vivre seule.

Surmonter ce cancer a été votre plus belle victoire ?
Je n’ai pas paniqué, pensant que je vaincrais, que je n’allais pas mourir. C’est resté secret jusqu’au jour où le mal a été derrière moi. Cela fait une bonne trentaine d’années, maintenant. Mais ma plus belle victoire est celle que je n’ai pas encore obtenue pour les animaux.

(...)

Vous priez ?
Absolument. Je ne crois pas aux messes, aux prêtres, à toute la hiérarchie de l’Eglise catholique, mais je m’adresse directement à la Sainte Vierge. Je l’appelle “ma petite Vierge”.

Et le Pape ?
Celui que j’aimais, c’était Jean-Paul II. Le jour de 1996 où j’étais venue à l’audience générale du mercredi, il a pris mes mains et, quand il m’a fixée droit dans les yeux avec ce regard bleu extraordinaire, j’ai alors ressenti une très forte émotion. Il émanait de lui une incroyable profondeur, une grande sérénité. Il ne se mettait pas sur un piédestal. Le seul problème est que, dans la salle des audiences, de pieux Mexicains m’ont reconnue – j’avais naguère tourné “Viva Maria !” dans leur pays. Alors, une clameur persistante de “Viva Brigitte ! Viva Brigitte !” s’est emparée des lieux…

Si vous deviez vous réincarner en un animal ?
Ce serait en mustang, ce grand cheval sauvage et libre de l’Ouest américain. Néanmoins je ne suis pas mécontente de l’existence que j’ai menée. Un jour, quand on évoquera mon nom, j’aimerais que l’on dise : “C’était la fée des animaux.”http://www.parismatch.com/People/Son-combat-pour-les-animaux-le-harcelement-sexuel-son-cancer-Brigitte-Bardot-nous-dit-tout-1440152

«Larmes de combat» de Brigitte Bardot et Anne-Cécile Huprelle, éd. Plon, sortie le 25 janvier. Les droits d'auteur seront reversés à la Fondation Brigitte Bardot.

«Larmes de combat» de Brigitte Bardot et Anne-Cécile Huprelle, éd. Plon, sortie le 25 janvier. Les droits d'auteur seront reversés à la Fondation Brigitte Bardot.

Retrouvez l'intégralité de l'interview fleuve de Brigitte Bardot dans le numéro 3584 de Paris Match en vente dès jeudi dans les kiosques.

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