Oise : l’Office national des forêts attaque en justice les anti-chasse à courre

Publié le par Ricard Bruno

Compiègne, janvier. Durant toute la saison, aucune chasse ne s’est passée sans que les membres du collectif Ava ne perturbent l’activité des veneurs

Compiègne, janvier. Durant toute la saison, aucune chasse ne s’est passée sans que les membres du collectif Ava ne perturbent l’activité des veneurs

L’établissement public, en charge de la gestion des forêts, assigne en justice trois opposants d’AVA. Il réclame 63 000 € pour « entrave au droit de chasse ». L’affaire pourrait être plaidée d’ici la fin de l’année.

Cet été, les affrontements entre les chasseurs à courre et leurs opposants ne se déroulent pas en forêt de Compiègne mais sur le terrain judiciaire. Dans un courrier en date du 27 juillet, trois membres du collectif Ava (Abolissons la vénerie aujourd’hui), ont reçu une assignation devant le tribunal d’instance de Compiègne. Lors de la dernière saison, à chaque chasse, les militants sont intervenus pour tenter de perturber les actions de veneurs.

A l’origine de la démarche : l’Office national des forêts (ONF), établissement public chargé de la gestion des bois. Dans ce document de 18 pages, l’ONF demande à la justice de condamner trois des opposants à la somme totale de 63 000 €. Il estime notamment que les « membres du collectif causent une véritable entrave au droit de chasser ».

70 000 € de loyer pour les chasseurs

Cette démarche judiciaire est une première depuis les incidents qui ont émaillé la saison de chasse à courre, à commencer par l’abattage d’un cerf, en octobre, dans le jardin d’un particulier à Lacroix-Saint-Ouen. L’avocat de l’ONF, Me Rémi-Pierre Drai, explique poursuivre les membres « connus, qui ont écrit au préfet en signant de leur identité et semblent être les meneurs ».

L’organisme s’estime légitime « à poursuivre en sa qualité de bailleur ». En effet, La Futaie des amis, équipage qui chasse en forêt de Compiègne, s’acquitte d’un loyer annuel de 70 000 €. L’équipage de Rivecourt, quant à lui, débourse 33 000 € pour pratiquer sa passion en forêt de Laigue.

Vers des poursuites au pénal ?

« En raison de ces troubles récurrents, les chasseurs ont écrit à l’office public pour demander une indemnité, réclamant au total 35 000 €, poursuit Me Drai. Ils peuvent décider d’assigner l’ONF, qui souhaite donc s’en prévenir. » A cette somme, ce dernier ajoute 20 000 € pour « déficit d’image » et 8 000 € de frais de justice. « Nous nous réservons la possibilité de poursuivre ces actions au pénal », laisse entendre l’avocat.

Pas de quoi perturber les plans des militants anti-chasse. « Ce document est rempli d’accusations mensongères autant que farfelues », martèle Stan Broniszewski, un des militants les plus actifs du collectif Ava. Le jeune homme déplore, notamment, le caractère « arbitraire » de cette assignation qui « recycle » l’ensemble des plaintes déjà déposées.

« C’est une tentative d’essoufflement du mouvement »

« C’est une tentative d’essoufflement du mouvement, assène-t-il. C’est une nouvelle méthode qui ne nous surprend pas. » Depuis quelques mois, le collectif a essaimé dans plusieurs régions de France. Une décision en sa défaveur pourrait faire jurisprudence. Dès le début de semaine, une cagnotte en ligne a été mise en place : 275 € avaient été récoltés ce mardi soir.

La démarche en justice trouve, en tout cas, un écho favorable auprès des veneurs. « C’est une action qui va dans le sens de la loi, se réjouit Florence de Lageneste, chef de l’équipage de Rivecourt. Nous avons une obligation de résultat vis-à-vis de l’ONF. Cette année nous devions prélever 22 cerfs et le contrat n’a pas été rempli. » Le combat judiciaire s’annonce long. L’Office national des forêts table sur une ou plusieurs audiences, au mieux d’ici la fin de l’année.

Source de l'article : Cliquez ICI

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article