Annie Peynet Mon père était un amoureux de l’amour
La fille de Raymond Peynet est à Saint-Valentin pour la 55e édition de la Fête des amoureux qui rend hommage à son père, décédé il y a tout juste vingt ans.
Toute sa vie, il a croqué l’amour. Mondialement connu pour ses dessins des amoureux, Raymond Peynet n’a pourtant jamais mis les pieds dans le seul village de France à porter le nom du saint patron des amoureux. Chaque année, la commune lui rend hommage en illustrant l’affiche de sa Fête des amoureux avec l’un de ses dessins, généreusement prêté par sa fille, Annie. Également dessinatrice, cette dernière veille sur l’œuvre laissée par son père.
“ Les amoureux de Peynet ce sont mes parents ”Toute son existence a été bercée par les « amoureux ». « Mon père était un amoureux de l’amour. En fait, ces deux personnages qu’il dessinait, c’étaient tout simplement lui et ma mère. La femme était vraiment son portrait. J’arrive même à dater les dessins rien qu’en voyant la coiffure du personnage féminin ! Quand ma mère essayait le chignon, la femme des amoureux portait le chignon. Quand elle laissait libre sa chevelure noire avec sa frange, elle était dessinée ainsi », raconte Annie Peynet, présente depuis hier à Saint-Valentin pour y célébrer la 55e édition de la Fête des amoureux. Le village a fait de Raymond Peynet un « citoyen d’honneur ». Une distinction honorifique qui relève presque de l’évidence tant le destin du dessinateur semble avoir été guidé par l’amour.
« Toute sa vie, mon père a dessiné ma mère avec ses yeux de 20 ans. Il en était très épris. Sa carrière l’a amené à côtoyer de belles femmes, comme Brigitte Bardot, mais pour lui, les autres n’existaient pas. Ils sont tombés amoureux à l’adolescence, se sont mariés et ne se sont plus jamais quittés. Ma mère fut son premier et son dernier amour. » Hasard de la vie, Denise Peynet semble avoir été prédestinée depuis toujours pour rencontrer le « père des amoureux » et devenir sa muse, elle dont le nom de jeune fille n’était autre que… Damour. Drôle de hasard.
Dès les années 50, les « amoureux de Peynet » ont été déclinés sur bien des supports. « Ils ont même inspiré la chanson de Brassens, “ Les Bancs publics ”. Georges était un ami de la famille. J’étais présente quand il a déclaré avoir écrit la chanson en voyant l’un des dessins de mon père », se souvient Annie. Les « amoureux » valent aujourd’hui au dessinateur d’être mondialement connu, notamment au Japon, où un musée lui est même dédié. Pourtant, ils ne sont qu’une partie de son œuvre. « Ils ont presque occulté ses créations dans d’autres domaines : il a par exemple beaucoup dessiné de décors pour des ballets et des pièces de théâtre ; il maîtrisait également l’art du costume. D’ailleurs, toute sa vie, c’est lui-même qui a dessiné la garde-robe de ma mère… »