Procès de l'abattoir d'Alès On est passé à côté du dossier de la souffrance animale

Publié le par Ricard Bruno

Quatre avocats de la partie civile étaient opposés à Me Isabelle Mimran.

Quatre avocats de la partie civile étaient opposés à Me Isabelle Mimran.

Le directeur de l’abattoir d’Alès était convoqué ce lundi 11 février au tribunal pour trois infractions.

À la barre du tribunal de police, le directeur de l’abattoir d’Alès explique : "On ne fait pas n’importe quoi. On est en permanence sous contrôle. Tout est validé par les services de l’État." Le parquet d’Alès a pourtant relevé des dysfonctionnements au sein du service. Trois infractions contraventionnelles liées à des matériels non conformes. À ce titre, le procureur François Schneider a requis trois amendes à 750 € chacune.

Pour Caroline Lanty, l’avocate de l’association de défense des animaux L214, "C’est un procès a minima. Un rapport des enquêteurs avait établi 175 irrégularités. Huit autres personnes auraient pu être poursuivies. Il y a un déficit du contrôle de l’État. La sécurité sanitaire est bien assurée, mais la phase qui précède l’acte de mort de l’animal, n’intéresse pas les autorités."

Et le mauvais traitements dans le cadre des abattages rituels...

Me Frédéric Ortega, pour la SPA, a une autre lecture de l’affaire : "Nous passons à côté du dossier. Ce n’est pas le procès du directeur, c’est le procès de la souffrance animale qui est bafouée. Ce qui aurait dû être jugé, ce sont les mauvais traitements dans le cadre des abattages rituels. Comment peut-on passer à côté des 175 infractions constituées pour n’en retenir que trois ?"

Me Lionel Marzials, conseil de l’Alliance anticorrida et de la Fondation Brigitte Bardot, analyse : "La législation européenne impose l’étourdissement avant la saignée. Mais en France, il existe une dérogation, par décret, qui permet d’échapper à ce texte. C’est en contradiction avec le principe de laïcité qui doit prévaloir. Ce décret est problématique, mais ce n’est pas devant ce tribunal qu’on peut le contester. "

"Les poursuites ont été minimisées ?"

Afin de dépassionner les débats, Me Isabelle Mimran, avocate du directeur, a opté pour une plaidoirie très technique. Reprenant chaque infraction, elle a insisté sur le manque de constatations matérielles pour condamner : "Les vidéos ne sont pas une preuve suffisante, elles n’ont pas fait l’objet d’une expertise. On ne sait pas si les images ont été montées, manipulées ou s’il s’agit d’une scène d’un seul tenant. Les poursuites ont été minimisées ? Pour les témoins, il y a de nombreuses possibilités procédurales pour faire les faire entendre. Rien n’interdit à la partie adverse d’effectuer une citation directe, mais ils s’en sont bien gardés, par insuffisance de la preuve." Et de réclamer la relaxe. Le délibéré sera rendu le 8 avril prochain.

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