Brigitte Bardot : Blonde documentaire inédit du 12 08 2020 !

Publié le par Ricard Bruno

En 1956, Et Dieu… créa la femme enflamme les salles de cinéma. Le film de Vadim est le grand tournant de la carrière de Brigitte Bardot. Elle y incarne la blondeur fière, la sauvagerie, la liberté. Du mambo effréné à la rencontre avec Charrier : BB, femme et mère.

Une scène qui échappa à la censure dans "Et Dieu... créa la femme".
Une scène qui échappa à la censure dans "Et Dieu... créa la femme".

Bardot n’est pas féministe. Elle le revendique. Mais il y a ce qu’on dit, et il y a ce qu’on fait.

Depuis la célèbre scène du scandaleux Mambo dans le film Et Dieu… créa la femme, elle fait figure de proue dans le mouvement pour la liberté féminine. Ce film la fait star. La star rend la femme libre.

Mes hanches roulaient, tanguaient, j’avais chaud, je me défonçais, je mimais l’amour au rythme fou des tam-tams, c’était comme si une autre moi-même possédait mon corps ! […] C’était bon ! C’était fou ! J’étais devenue folle !                                  
Ce soir-là, Vadim décida de rajouter dans son film une scène où je danserais follement, et sans pudeur. Cette séquence ferait le tour du monde…                                   
Brigitte Bardot, Initiales BB

Dans Une très belle enfant, deuxième partie de cette Grande Traversée, le maître de ballet, Stéphane Dalle, commentait la fameuse scène de Et Dieu... créa la femme :

Et ainsi
Vadim créa Bardot.
Bardot créa Vadim.
Juliette Hardy créa Saint-Tropez.
Et Dieu… créa la femme.

L'hôtel de la Ponche, à Saint-Tropez, garde fièrement la mémoire d'un tournage devenu mythique.
L'hôtel de la Ponche, à Saint-Tropez, garde fièrement la mémoire d'un tournage devenu mythique

Être libre, ce n’est déjà plus chercher à se libérer. Or, BB n’a pas eu à chercher sa libération. Le sentiment de liberté lui était inné.

Que dire de quelqu'un qui a été libre sans avoir jamais eu le besoin de revendiquer son autonomie ? BB est-elle féministe malgré elle ? 

Elle apparait à la fois comme très libre et très indépendante, et en même temps, le personnage de Juliette [Bardot dans Et Dieu créa la femme] vis-à-vis de son mari, comme Bardot vis-à-vis de Vadim, sont aussi des femmes objets de leurs hommes. C’est là l’ambiguïté immense de Bardot.                                
Manon Garcia, philosophe

« Elle vit comme tout le monde en n’étant comme personne », dit d’elle Jean Cocteau.
On ne se lasse pas d’entendre dire que Bardot est phénoménale. Certes, son nom est sur toutes les affiches et dans toutes les bouches. Mais elle a quelque chose qui dépasse le cinéma. Nombreuses ont été les grandes sensibilités du vingtième siècle à vouloir mettre des mots sur Bardot, à donner du sens à ce quelque chose. Comment décrire cette Vénus triomphante qui naît des eaux de la passion et de l’impertinence, puis s'élance hors des époques et des générations ?

Ayant tous les droits païens : choisir, apprécier, aimer, quitter, on tenta de lui imposer des devoirs chrétiens : travailler, épouser, aimer son métier, élever, etc. Elle ne s’y trompa pas. Elle refusa. Elle prit les droits naturels de sa beauté, de sa nature, et refusa les faux devoirs avec une belle énergie de guéparde.                                   
Françoise Sagan, « Bardot », L’Express, 27/10/1975

Au jeu de l'amour, elle est plus un chasseur qu'une proie. L'homme est un objet pour elle, exactement comme elle l'est pour lui…                                   
Simone de Beauvoir, « Bardot and the Lolita Syndrome », 1959

En juin 1959, BB épouse le jeune premier, Jacques Charrier.
En juin 1959, BB épouse le jeune premier, Jacques Charrier.

Jusqu’en 1965, une Française ne pouvait pas ouvrir de compte bancaire sans l’autorisation de son mari. Jusqu’en 1975, le pays de Marianne punissait l’avortement d’une peine de prison. Dans les mentalités, la femme était cantonnée à la sphère domestique. C’était cela être une femme modèle. Si BB voulait de tout son corps être une femme, elle ne pouvait certainement pas en être une modèle. Pourtant, elle a passé l’audition. La femme exemplaire est de loin son plus mauvais rôle. Elle est mariée - mais trompe, et quitte. Elle se remarie - mais divorce. Elle a un enfant - mais n’en veut pas. On la critique autant qu’elle donne courage. 

Cours, enrage BB !

L'article que Françoise Sagan consacra à Brigitte Bardot peut être retrouvé en partie ici

Virginie Efira lit les mémoires de Brigitte Bardot. 

Une série documentaire de Simonetta Greggio, réalisée par Julie Beressi.

Avec les voix de
Sonia Masson
Régis Royer

Archives INA
Véronique Jollivet
Amélie Briand-Lejeune 

Prise de son
Hélène Langlois
Christophe Papon
Jérémie Tuile
Alexandre Abergel
Laurent Macchietti

Mixage
Régis Nicolas

Source de l'article : France Culture

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