Des observateurs de la chasse au phoque menacés par un chasseur
Nous vivons, semble-t-il, en démocratie. Mais au Canada il est présentement périlleux, voir impossible, de s’opposer à la chasse commerciale du phoque. Insultes, menaces et
propagande haineuse pleuvent sur les opposant(e)s. Les couteaux volent bas, surtout au niveau du dos.
Impossible de donner son opinion, d’émettre un commentaire, de citer des sources scientifiques ou de présenter des vidéos montrant la cruauté de la chasse. Quand cela provient des opposant(e)s,
ce n’est que de la désinformation, des cris émotifs et démagogiques de Brigitte Bardot sentimentales, des trucs pour ramasser des dons. Pire encore, ceux et celles qui osent élever la voix pour
la survie des phoques sont taxés «de dangereux animalistes », des terroristes à la solde de puissantes organisations qui font de l’argent sur le dos des pauvres chasseurs de phoques.
La sénatrice Céline Hervieux-Payette, dans un récent communiqué sur l’ouverture de la Chine aux produits de la chasse commerciale du phoque, s’en prenait encore une fois et comme à son habitude
depuis plusieurs années, aux « extrémistes végétariens» : « Le gouvernement fédéral se porte à la défense des phoquiers canadiens victimes du cynique boycott européen et des
campagnes calomnieuses des groupes de pression animalistes.»
Les chasseurs et ceux qui les soutiennent devraient être satisfaits de ce nouveau marché. Pourquoi ne savourent-ils pas leur victoire? En lieu et place, leur campagne de diffamation se
poursuit envers les végétariens et les défenseurs des animaux. Alors que le débat sur les tueries de phoque devrait se concentrer sur la chasse elle-même, on assiste plutôt à un lynchage
généralisé sur ceux et celles qui osent s’y opposer. Faire peur, discréditer, intimider, voilà des procédés dignes de pays totalitaires, à l’image de ceux avec qui le Canada est si fier de
faire du commerce.
Dans une bonne histoire il faut des bons et des méchants. Ceux qui tuent des milliers de phoques sous le faux prétexte de sauver les morues, alors qu’il s’agit en fait d’alimenter
l’industrie de la fourrure, sont maintenant les bons. Ceux qui défendent les animaux contre la souffrance et l’environnement contre les dérives des multinationales de la fourrure, sont devenus
les méchants. (La chasse commerciale du phoque, n’en déplaise à leur lobby, est avant tout liée au commerce de la fourrure. La viande de phoque a énormément de difficulté à plaire aux
consommateurs. Selon des rapports scientifiques de l’Union Européenne, elle ne répond pas aux normes de bien-être animal d’un abattoir commercial. De plus, elle est contaminée au mercure et
à divers polluants cancérigènes et mutagènes.)
CHASSE AUX PHOQUES : STOP AUX MENSONGES
Ce site hébergé par Facebook – Chasse aux phoques : Stop aux mensonges – est public et peut être lu par tous. Il se targe d’avoir plus de 3 000 sympathisants et parmi les
modérateurs, on y retrouve des chasseurs de phoques ainsi que des membres du gouvernement canadien : Céline Hervieux-Payette, son conseiller politique Maximilien Depontailler, Reynald
Blais, député Gaspésie, Iles de la Madeleine et Annie Landry son attachée politique.
Cette alliance de sympathisants se définit comme « un groupe d’information sur la chasse aux phoques. » A lire les commentaires et les textes mis en ligne, on pourrait plutôt penser
qu’il s’agit d’un groupe ayant une fixation maladive sur les végétariens, les dangers présumés du végétarisme ou du tofu.
M. Dupontailler met à la disposition de ce groupe des articles sur le foie gras, sur « Les dangers de la pensée végétarienne au service des droits des animaux » ou pour affirmer que «
Les Inuits prennent les végétariens à rebrousse-poil.» (On peut se demander ce que les Inuits viennent faire dans le débat puisque le boycott des produits du phoque par l’Union
Européenne n’a jamais visé cette communauté. Mais il semble que le gouvernement canadien, là aussi, se sert des Inuits pour encourager la diffamation envers des groupes ciblés de
citoyens.) M. Depontailler va même jusqu’à se plaindre aux chasseurs, le pauvre, qu’il est « la cible des véganas (végétariens/animalistes/anti-spécistes) », suite à ses
articles faisant des amalgames douteux entre le terrorisme et le végétarisme.
Pourquoi cette propagande haineuse envers les végétariens ou les défenseurs des animaux dans un groupe d’information sur la chasse au phoque? Quel est le but de détourner ainsi le
débat au lieu d’apporter des faits et des arguments crédibles et sensés?
Est-ce que la chasse commerciale du phoque est si difficile à défendre d’un point de vue éthique et environnemental que le lobby gouvernemental et les chasseurs québécois se voient obliger de
tirer sur ces « hippies fascistes nourris aux grains, comme l’écrit un membre du groupe, Pascal Hébert? Avec une bonne farce, ça peut faire un criss de gros buffet. » «
Faudrait les battre à coup d’agapik pour attendrir la viande », répond un autre du nom de Sébastien Bourgeois. Ces « PETAconassses », si elles mangeaient du phoque et du
poisson, « elles auraient plus de cerveaux », selon Luc François.
(A noter que les citations sont rapportées telles qu’elles apparaissent sur le site Facebook Chasse aux phoques : Stop aux mensonges, fautes d’orthographes comprises.)
Un de leur maître à penser, Léonce Arseneau, écrit beaucoup et sous différentes identités. Il semble avoir plusieurs disciples et ce même lorsqu’il se met à montrer des signes de racisme et
de misogynie. En parlant d’un activiste du nom de David : « Ce français qui a encore son maudite accent français des villes, qui est venu au canada incognito, a infiltré un parti
politique et veut empêcher les canadiens de vivre en harmonie. Je l’ai reconnu à son maudite accent français.»
En commentant la nomination de Sameer Mulden comme porte-parole au Parti Vert canadien – qui est contre la chasse au phoque -, M. Arseneau poursuit son analyse politique : «
Toutes les organisations contre la chasse aux phoques viennent de l’étranger. Des étrangers qui viennent nous dire comment vivre chez-nous. Rufleux avec sa maudite accent, patricia tulasne
l’hystérique, une hostie de française immigrée chez-nous, George Laraque un haitien,mamer mulden (il vient pas de Chicoutimi celui-là)…»
Patricia Tulasne qui a eu le courage, à de multiples reprises, de participer à des débats publics contre la chasse au phoque semble cristalliser la haine autant envers les opposant(e)s que les
étrangers. Pour J.E. Beaulieu « c’est une comédienne ratée, qui a des problèmes entre les deux oreilles. J’ai rien contre le toffu, mais j’ai l’impression que ça affecte beaucoup les
neurones dans son cas.»
Pour Michelle Painchaud : « Elle doit maintenant être bien rémunérée par PETA un autre organisme-prêteur pour montrer sa face dans quelques événements».
« Juste bonne à flatté les chiens pis à leur liché l’oreille», rétorque Lou Marin, qui sous son anonymat, alimente beaucoup les échanges par des insultes le plus souvent
incohérentes : « Savez-vous comment on appelle la maladie mentale dont souffre Sylvie, Marjolaine Jolicoeur, la reine de la désinformation : la RIFFIEULOGUS
!!!!. Elle me fait tellement rire avec sa non violence c est une adepte et militante enragé et dangereuse pour la société actuel …Meme le Dalai Lama n ont
voudrais pas comme amie !!!..Marjo attache ta tuque avec de la Broche… ¨Je me souvient ¨ eux ils ont pas fini avec moi .… »
En parlant d’une activiste, un dénommé Thériault assure qu’il peut lui régler son cas facilement : « Qu’elle vienne me voir, je suis un chasseur de 45 ans d’expérience et un coup dans le
mille bien placé entre les deux hémisphères…elle va être sur le dos pour un boutte.»
De l’humour noir, des plaisanteries malicieuses? De la prose typique des Iles de la Madeleine ? Un sketch de Rock et Belles Oreilles sur Hérouxville, peut-être? On pourrait le croire si ces
messages ne revenaient pas régulièrement depuis près de deux ans, jour après jour, inlassablement. Des messages haineux enrobés de paranoïa, alimentés par M. Depontailler et relayés par Mme
Hervieux-Payette dans les médias.
A maintes reprises, des activistes ont subi de l’intimidation et des menaces. Sur ce site qui est public, on n’a pas hésité à mettre leurs noms véritables, à publier, sans leur consentement,
leurs photos et celles de leurs enfants. Dans certains cas, leur adresse personnelle a été mise en ligne ainsi que leur numéro de téléphone. Des actions illégales que les administrateurs
ont laissé passer.
FARCES ET ATTRAPES
Comme dans tout bon film mettant en vedette des membres du gouvernement et leurs sympathisants, une taupe est toujours la bienvenue pour mettre de l’action. Deux défenseurs des animaux
m’ont rapporté cette histoire qui, en bout de ligne, est révélatrice du comportement des chasseurs face à ceux qui ne pensent pas comme eux.
Croyant qu’une taupe, sous un nom d’emprunt évidemment, venait lire leurs messages sur leur mur privé de Facebook, les deux activistes ont voulu en avoir la preuve, au début janvier.
Ils se sont mis à raconter qu’ils étaient présentement aux Iles de la Madeleine en vacances avec des membres de leur famille, que Steeve le frère de l’un d’eux voulait venir de France
prendre un cours de chasseur et participer à la chasse pour prendre des photos, etc.
La taupe s’est bien sûr manifestée – publiquement sur le site des chasseurs ainsi que sur leurs babillards - en ameutant le groupe sur la présence de deux animalistes sur leur territoire. «
Ils sont en visite sur les iles jusqu’au 8 janvier. Leur maison est situé prêt de celle de mario st-amant à la montagne », a lancé en avertissement M. Arseneau. Pendant plusieurs jours,
une chasse aux sorcières s’est organisée. « Il faut identifier ces deux pourries là, pis les mépriser solide. Ne les server pas au resto, refuser de les servir à l’épicerie, à la phamacie, à
la station-service, les iles ont pas besoin de ses 2 osties là », assure Sylvain Bernier tout en ajoutant «qu’ils doivent venir du plateau mont-royal, ces deux innocents-là, ça mange du
tofu pis ca boit de la bière de péteux de broue.»
On se met alors à plusieurs pour démasquer les étrangers qui semblent introuvables : « J’ai quand même eu vent que quelqu’un avait vu une de ces têtes sur notre territoire cette
semaine….Il faut regarder du côté d’une famille Poirier, aussi. Ils sont plusieurs à militer cette gang-là (Carl, Jack, Sébastien, Véronique), assure Mme Painchaud. »
M. Arseneau semble tout excité dans sa chasse au gibier à deux pattes : « Je vient tout juste de Havre Aubert et on a tout fouillé les maisons alentour de m.
st.amant et on a rien trouvé. Demain on ira a la grande entrée.»
Si on trouve les animalistes, sur ces Iles qui pourtant appartiennent à tous les québécois, que faut-il leur faire? «Attacher les dans le bois pour quand je passe », dit M. Hébert. «
A coup de botte dans le derrière, pis fouter les dehors, conseille Germaine Doyle. On devrais leur bannir l’accès aux iles ses qui se monde la pour venir nous dire quoi chasser ou
pas chasser.» Une idée qui semble faire presque l’unanimité : « Comme la Bardot à l’époque, à coup de pied dans le cul jusqu’au quai ou à l’aéroport », répond M. Turbide.
Certains membres plus modérés tentent de calmer les discussions en soulignant que la violence appelle la violence et que leurs propos haineux sont illégaux et déplacés sur un site public qui peut
être vu par tous . « Avez-vous oublier la fierté d’être des hommes caliss, leur rétorque M. Hébert. Pas des osties d’intellectuelles politisées…habitez-vous le plateau
déjà, caliss.»
M. Arseneau semble d’accord avec M. Hébert : « Tout aux iles nous dit : ne parlez pas de la chasse aux phoques, l’industrie touristique dit : parlez du blanchon, mais pas de la
chasse. En se taisant, on laisse les autres interpréter à notre place, ça alimente la contreverse, que les madelinot sont fins l’été et barbares l’hiver.» On se souviendra que M.
Arseneau a déclaré, dans un média télévisé le printemps dernier, qu’il ne chassait pas le phoque par nécessité, mais bien « pour alimenter la polémique. » Sur le site des chasseurs,
il s’est de plus vanté que c’est lui qui a conseillé Raoul Jomphe pour son documentaire « objectif », Phoques.( Un documentaire financé en grande partie par la télévision
d’état, faut-il le rappeler. ) Ce même Léonce Arseneau a ouvert, il y a quelques mois, un groupe du nom de George Laraque et la chasse aux phoques où il traitait M. Laraque
de « tueur d’humain ». Les propos qu’on y trouvait étaient tellement haineux, que suite à de nombreuses plaintes, Facebook a fermé le groupe.
Finalement, malgré des recherches intensives et l’excitation générale, les deux dangereux animalistes sont restés introuvables. Et pour cause. Jamais ils n’ont mis les pieds aux Iles!
Leur mystification visait simplement à débusquer les intrus qui venaient lire leurs messages sur leur mur privé de Facebook. Comme quoi les rumeurs courent aussi vite sur l’Internet
qu’aux Iles de la Madeleine. Encore aujourd’hui, des pro-chasse au phoque tentent de s’infiltrer avec de faux profils sur Facebook, en laissant croire qu’ils militent
pour les animaux et en se forgant des identités.
PATRICIA TULASNE ET LE PARTI VERT
Ce groupe qui a pour mission, selon lui, d’informer sur la chasse au phoque fait aussi du lobbying auprès des partis politiques. M. Arseneau « en vrai écologiste »,
comme il dit, est lié au Parti Vert du Québec qui est, contrairement à son homologue fédéral ou même européen, en accord avec la chasse commerciale du phoque.
Patricia Tulasne, le 12 janvier dernier, a reçu cette missive signée par Gilbert Caron, membre du comité exécutif du Parti Vert et ami du groupe de chasseurs : « Nous sommes en
politique pour prendre des positions et ces ce que nous faisons. Vous pouvez etre contre notre positions ce votre droits. Mis vous n’êtes pas obliger de nous salir. Nous aussi on pourrait
peut etre vous critiquer mais on a trop de respect pour vous. On aimerait la meme chose si les gens qui sont contre la chasse aux phoque veule se prononcer ces leur droit vous sa ne vous regarde
pas. Occuper vous de faire de la tele. Nous aussi on pourrait vous critiquer sur la place public, on récolte ce qu’on a semé.» A lire cette prose, on ne peut
qu’espérer que le Parti Vert du Québec engage au plus vite un attaché de presse sachant écrire. Heureusement Marcel Plamondon, également du Parti Vert, s’est excusé par la suite, écrivant à
Mme Tulasne que cela ne correspondait pas à la ligne de pensée de son parti.
LES CHASSEURS DES BONS GARS…
On tente présentement, par tous les moyens, de faire croire au public et aux médias, que les opposant(es) à la chasse commerciale du phoque sont tous, sans exception, des « militants
végétariens extrémistes et violents » dont le travail est de salir l’image des chasseurs. Les chasseurs n’ont pas besoin de personne pour salir leur image, les faits parlent d’eux-mêmes.
En avril 2006, afin de documenter et de filmer la chasse au phoque, une quinzaine d’observateurs et la Fondation Franz Weber accompagnent Carl Schlyte, membre de la commission chargée des
questions d’environnement au Parlement européen ainsi qu’un groupe de journalistes internationaux. Alors qu’ils tentaient de quitter leur hôtel de Blanc Sablon pour rejoindre leur hélicoptère, le
groupe d’observateurs a été assiégé par une soixante de chasseurs qui n’hésitèrent pas à leur proférer des menaces de mort. Les observateurs purent finalement sortir mais le
véhicule de la fondation Franz Weber fut heurté en pleine course par le camion d’un chasseur, provoquant une collision et une sortie de route. Vera Weber a ressenti cette situation
comme menaçante pour sa vie : «Des foules déchaînées ont fait usage de moyens violents pour nous empêcher de partir vers les lieux des massacres. La police locale n’a rien fait pour nous
protéger ou nous aider. Il est navrant d’être témoin de première main de la connivence entre le gouvernement canadien et cette industrie corrompue. J’ai honte pour le Canada.»
Dès son retour en Europe le député Carl Schlyte a œuvré, avec d’autres parlementaires européens, en faveur d’un boycott des produits dérivés du phoque. Il a témoigné devant le parlement
européen : « Je suis allé suivre au printemps dernier avec un groupe de journalistes européens la chasse aux phoques. Nous sommes parvenus à assister à cette chasse cruelle de bébés
phoques abandonnés à leur souffrance sur la glace. Les changements climatiques et le recul de la calotte glacière menacent leur survie, car leur bien-être nécessite la présence de
glace…Ma présente demande représente une extension de l’interdiction et elle permettra enfin à l’éco-tourisme de remplacer les carnages.»
Le sénateur canadien Mac Harb n’est pas un activiste pour les droits des animaux, ni même un végétarien. Comme plusieurs, il milite contre la chasse commerciale du phoque suite à des
voyages d’observation. Il a reçu, en guise d’appui, plus de 800 000 courriels, téléphones ou lettres pour l’encourager à poursuivre ses campagnes d’information sur la face cachée des tueries
de phoque : « J’ai vu de mes propres yeux les conditions dangereuses et la brutalité révoltante de la chasse. Malgré tous ses efforts, le gouvernement canadien ne peut tout
simplement pas réglementer une activité commerciale exercée dans des conditions aussi dangereuses et dans un laps de temps aussi court. »
Source : http://www.centpapiers.com/chasse-commerciale-du-phoque-diffamation-et-propagande-haineuse/57029