Polémique sur le halal : et la souffrance animale dans tout ça ?
Le 16 février 2012, "Envoyé Spécial" sur France 2 a créé l’évènement en diffusant une enquête sur la viande et les conditions d’abattage des animaux de boucherie.
Le reportage de "Envoyé spécial" diffusé le 16 février 2012.
Plus de 3.500.000 téléspectateurs étaient devant leur écran, ils ont été nombreux à être scandalisés d’apprendre que l’égorgement à vif des bêtes s’était généralisé en France au point d’être majoritaire. Ainsi, 100% des abattoirs en Ile-de-France (excepté un abattoir de porcs) ne font plus que de l’abattage rituel [cela a été remis en question par les professionnels du secteur - NDLR].
Cet électrochoc rappelle, par son ampleur, celui d’il y a tout juste 50 ans lorsque Brigitte Bardot était intervenue sur le plateau de "5 colonnes à la Une" pour dénoncer les conditions de mise à mort des animaux dans les abattoirs. Cinquante ans après, et alors que les réglementations européennes et nationales imposent désormais l’étourdissement des bêtes avant leur saignée, la situation semble être redevenue aussi dramatique pour les animaux.
100% des animaux abattus en Ile-de-France sont égorgés conscients
Le 21 février, alors que la polémique prend de l’ampleur, la Chambre d’Agriculture confirme que 100% de la viande abattue en Ile-de-France l'est selon les traditions musulmane et juive. Dans son communiqué, la Chambre d’agriculture précise que les opérateurs ont privilégié un procédé unique d’abattage rituel pour des raisons de simplification des process et poussés par la réduction des coûts… avec le "consentement coupable des services de l’Etat".
51% des animaux égorgés à vif en France
Dans un rapport de novembre 2011, le Conseil général de l’Alimentation, de l’Agriculture et des Espaces ruraux précise que 51% des abattages pratiqués en France sont des abattages rituels… En outre, 44% des bêtes sont égorgées à vif en totale infraction avec la réglementation, puisqu’aucune nécessité cultuelle ne peut être invoquée (les viandes se retrouvant dans le circuit classique sans aucune indication pour le consommateur).
Jusqu’à 14 minutes d’agonie
Dans son rapport d’expertise scientifique sur les douleurs animales de décembre 2009, l’INRA (Institut national de recherche agronomique) indique que les bovins, après avoir eu la gorge tranchée, peuvent mettre jusqu’à 14 minutes avant de perdre conscience…14 minutes d’agonie et de souffrance extrême !
Pour la Fédération des vétérinaires d’Europe, "l’abattage des animaux sans étourdissement préalable est inacceptable en toute circonstance", avis que les défenseurs des animaux partagent bien évidemment.
Mais ce qui est d’autant plus incompréhensible, choquant, dans cette souffrance, c’est qu’elle n’est pas imposée par la religion musulmane, comme l’a confirmé, en février 2006 dans "Filières Avicoles", le Dr Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris et alors président du Conseil français du culte musulman : "J’ai personnellement assuré à Brigitte Bardot, lorsque je l’ai rencontrée, que l’islam n’est pas hostile à l’étourdissement mais à condition qu’il ne soit pas irréversible."
La réversibilité de l’étourdissement des animaux d’abattoir a été établie, en décembre 2006, par l’Académie vétérinaire de France, qui a remis un rapport au ministère de l’Agriculture, dans lequel on peut lire : "L’étourdissement électrique des animaux de boucherie, et notamment des ovins, est réversible s’il est correctement appliqué ; l’animal soumis à cette forme d’étourdissement reste vivant, mais dans un état d’inconscience et d’insensibilité à la douleur."
Abattoir à Ruffec le 28 février 2012 (NOSSANT/SIPA).
Discrimination
Aujourd’hui, les consommateurs n’ont pas le même droit à l’information. Il est en effet impossible de connaître le mode d’abattage des animaux vendus en boucherie, en grandes surfaces, dans les restaurants, les cantines, etc. Pourquoi ce refus de transparence, cette volonté de maintenir le consommateur lambda dans l’ignorance ?
Le combat mené par la Fondation Brigitte Bardot, depuis plus de 20 ans, contre l’égorgement des bêtes vient de trouver une nouvelle dimension après la polémique soulevée par "Envoyé Spécial". La levée de l’omerta qui entourait jusqu’à présent les conditions d’abattage et la distribution des viandes pourrait entraîner des réformes, du moins si le soufflet ne retombe pas aussi vite qu’il est monté… Quoi qu’il en soit, pour éviter d’inutiles souffrances aux animaux, le meilleur moyen et le plus facile aussi est encore de ne plus en consommer !
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