Braconnage des éléphants...
Brigitte Bardot écrit à François Hollande pour demander l’aide des forces françaises.
Monsieur le Président,
Lors de la dernière CITES*, un appel a été lancé à l’ensemble des Etats pour renforcer la lutte contre le braconnage des éléphants, des rhinocéros et autres espèces en danger.
Il s’agit de combattre des groupes armés qui massacrent des troupeaux entiers d’éléphants, tuent les gardes nationaux chargés de protéger la faune. Cette guerre de l’ivoire finance désormais des réseaux terroristes, c’est dramatique et devant cette escalade de la violence nos organisations se trouvent démunies.
Le Groupe de travail d’INTERPOL sur la criminalité liée aux espèces sauvages a tiré la sonnette d’alarme, cette organisation internationale doit être entendue et les moyens doivent être donnés pour lutter à armes égales contre les trafiquants.
Monsieur le Président, dès sa création ma Fondation a soutenu la lutte anti-braconnage en équipant des gardes du Sénégal, du Mali ou encore du Tchad. Pour certains de ces pays nous nous étions d’ailleurs rapprochés, via le ministère de la Défense, des forces françaises présentes sur le terrain afin d’obtenir du matériel réformé.
Des appareils de transmission, des tentes et autres équipements militaires avaient été offerts par l’armée française, ma Fondation finançant de son côté l’achat de plusieurs véhicules d’intervention.
Face à l’explosion du braconnage, aux victimes humaines et animales, mais aussi au financement de réseaux terroristes, la France doit réagir et soutenir les pays victimes de ces groupes armés qui répandent la mort et le désespoir.
Le Gabon est actuellement au cœur d’attaques violentes contre ses populations d’éléphants, le Tchad également avec un groupe de 86 éléphants (dont 33 femelles gestantes) qui vient d’être décimé à la frontière du Cameroun.
Tous les adultes ont été abattus, leurs défenses arrachées à la hache, des éléphanteaux ont été retrouvés prostrés contre le cadavre de leur mère… C’est l’horreur absolue, la honte !
Ma Fondation finance un projet d’orphelinat pour éléphanteaux au Tchad afin de soigner ces jeunes victimes, elle soutient également la création d’espaces protégés et de corridors pour limiter les conflits homme/animal, mais tous nos efforts sont réduits à néant si le monde ne prend pas la mesure des combats qui ensanglantent actuellement l’Afrique.
Monsieur le Président, les forces françaises sont présentes dans plusieurs pays où le braconnage finance des réseaux terroristes. La coopération de notre armée est indispensable, elle peut passer par des dons en matériel ou une participation active des troupes, l’important est d’agir aux côtés des brigades qui luttent contre le braconnage.
Jusqu’à présent vous avez pris en compte mes interventions auprès de vous, je vous en suis reconnaissante, cette fois ma démarche est délicate car il s’agit d’une guerre, véritable, avec ses victimes humaines et animales, j’en suis consciente.
Mais c’est justement parce que la France dispose d’une forte présence militaire en Afrique qu’elle doit apporter son aide et son soutien aux brigades qui luttent, avec peu de moyens, contre la criminalité liée aux espèces sauvages.
Actuellement, au Tchad, le Président Idriss Déby tente de faire reculer le braconnage et de protéger les populations d’éléphants en mobilisant son armée. Cet effort de guerre n’est pas suffisant et il serait bon que la France s’engage à ses côtés afin d’assurer la protection des derniers éléphants, il y a urgence…
Je compte infiniment sur votre aide, mes collaborateurs sont à la disposition de vos conseillers afin d’apporter toute information complémentaire pour mettre en place une action globale contre le braconnage des espèces menacées. Nos précédents échanges et entretiens avec votre conseillère, Mme Marie-Hélène Aubert, nous laissent penser qu’une coopération est envisageable.
Ma Fondation s’est rapprochée des équipes qui luttent contre le braconnage afin d’identifier et lister leurs besoins, éléments que nous pouvons vous transmettre afin d’organiser au mieux l’aide qui pourrait être apportée par les forces françaises présentes en Afrique.
Dans l’attente d’une action commune avec vos services, je vous transmets, Monsieur le Président, mes sentiments confiants.
Brigitte Bardot
Présidente
* Convention sur le commerce international des espèces sauvages menacées d’extinction
Source : Cliquez ici