Aïd el-Kebir : l’abattage clandestin ne doit plus être toléré !
Chaque année en France, au moment de l’Aïd el-Kebir -ou Aïd al-Adha-, 200 000 moutons sont égorgés dans des circuits contrôlés (abattoirs pérennes ou temporaires)… mais combien sont sacrifiés illégalement par des particuliers qui s’improvisent « sacrificateurs » ?
Comme en 2014, la Fondation Brigitte Bardot a concentré ses efforts sur les sites clandestins pour saisir les animaux avant leur égorgement (action prioritaire) et poursuivre en justice les contrevenants.
Cette année, les actions principales de la FBB ont été menées à Marseille pour assister la DDPP (services vétérinaires) dans des opérations « coup de poing », validées par le Préfet de Police et menées avec l’ensemble des forces de l’ordre. Objectif : rappeler le cadre réglementaire de l’abattage et ne plus laisser impunies des pratiques illicites.
Approvisionnement
Pour organiser un abattage clandestin, il faut d’abord s’approvisionner en moutons. Ce n’est pas trop difficile car les éleveurs, qui « aiment » tant leurs bêtes lorsqu’il s’agit d’exiger l’éradication des loups, sont bien moins regardants lorsqu’il s’agit de vendre à bon prix un mouton voué au sacrifice.
Des abattoirs sont complices aussi, à Marseille l’un d’eux ayant été pris à vendre des moutons à des particuliers, les services vétérinaires ont mis en demeure le responsable d’arrêter ce trafic pour ne pas s’exposer à la fermeture de son établissement. Pour veiller à stopper l’approvisionnement de sites clandestins, les forces de l’ordre ont mis en place, dans la nuit du 22 au 23 septembre, plusieurs barrages filtrants pour intercepter les véhicules circulant à proximité de l’abattoir… La Fondation Brigitte Bardot était présente, aux côtés des forces de l’ordre, pour saisir les moutons si besoin.
La dissuasion a été efficace puisqu’en dépit de nombreux contrôles effectués durant la nuit, aucun animal n’a été découvert dans les véhicules. L’action de la DDPP a toutefois permis d’annuler la livraison de 500 agneaux destinés à alimenter les marchés parallèles, l’abattoir qui se livrait à ce petit trafic ayant même dû ouvrir un bureau de remboursement pour tenter de calmer la colère des « sacrificateurs » privés de moutons à égorger…
Le mouton dans la baignoire n’est pas un mythe !
Dans les Bouches-du-Rhône, pas moins de 12 lieux d’abattage ont été mis en place pour l’Aïd (2 abattoirs pérennes et 10 abattoirs temporaires), aucun autre département français ne dispose d’un tel dispositif. Pourtant, les abattages clandestins sont encore extrêmement répandus, il est vrai qu’ils ont été bien trop longtemps tolérés par laxisme ou par lâcheté.
Jeudi 24 septembre, premier jour de l’Aïd, plus question de laxisme face aux abattages clandestins, la loi doit être respectée par tous, y compris dans la cité Bassens (quartiers Nord de Marseille) réputée comme zone de non droit…
Le dispositif est impressionnant, les forces de l’ordre sont mobilisées, nous les accompagnons pour libérer les animaux. Un premier groupe de 11 moutons rassemblés dans un enclos, près d’un site d’abattage disposant de « tables » d’abattage et crochets de suspension. Tous les animaux sont chargés dans la bétaillère affrétée par la Fondation.
Les autres moutons ne sont pas visibles mais détenus dans les appartements de la cité, les choses se compliquent… Les forces de l’ordre s’introduisent dans un logement (avec autorisation du procureur) mais face à la violence du « sacrificateur » et de son clan, il est impossible d’accéder au mouton qui, de l’aveu même d’une jeune fille, se trouve dans la baignoire… pour lui, il est malheureusement déjà trop tard.
L’action se poursuit, l’objectif est d’intervenir en priorité pour libérer les animaux en attente du sacrifice. Trois moutons saisis sur un balcon, deux autres récupérés dans les mêmes circonstances, nous en sommes à 16 moutons dans la bétaillère placée sous haute surveillance.
Alors que nous sommes toujours en intervention, une rigole de sang attire notre attention jusqu’au deuxième étage d’un immeuble où le sacrifice bat son plein. Regards et gestes provocateurs des « sacrificateurs » qui semblent se croire au-dessus des lois. Il n’en faut pas plus pour déclencher une intervention immédiate des forces de l’ordre (l’abattage clandestin est un délit) qui, une fois dans l’appartement, détruisent les carcasses à l’eau de javel et lancent la procédure pénale.
Zone de non droit
Deuxième site d’intervention, la Gavotte Peyret à Septèmes-les-Vallons (Nord de Marseille)… Le climat est ici encore plus explosif, nous ne pouvons que constater l’organisation d’un lieu de sacrifice, saisir les moutons est malheureusement impossible, les autorités ne peuvent que négocier leur transport vers l’abattoir pour mettre fin à l’abattage clandestin.
Nos rescapés sont désormais en sécurité…
Comme toujours, intervenir dans ces lieux de mort est une horreur, mais sortir des animaux de cet enfer un réconfort, puis voir ces animaux libérés dans un environnement protecteur est une victoire contre la barbarie.
La Fondation Brigitte Bardot négocie maintenant l’accueil des différents moutons saisis en Ile-de-France durant ces jours de sacrifice, elle fera comme toujours le maximum pour prendre en charge les rescapés du massacre.
Christophe Marie
Directeur Pôle Protection Animale
Fondation Brigitte Bardot
Photos : FBB/Loan Ego