DES CONDITIONS ATROCES QUI PROFITENT À L’INDUSTRIALISATION
Ce commerce d’animaux d’élevage avait rapporté jusqu’à 118 millions d’euros à la France en 2018. La branche de l’industrialisation semble donc avant tout vouloir faire le maximum de bénéfices, au détriment du bien-être animal et en faisant subir à ces animaux des conditions de vie atroces. Exporter les animaux vivants plutôt que des carcasses a un intérêt purement économique.
« Leur objectif est de conserver des emplois et de la valeur ajoutée locale, en faisant travailler les engraisseurs, les abatteurs. Si on fait venir de la viande prête à consommer, elle va directement du port au supermarché. » Une manière pour la France d’exporter davantage d’animaux. Malheureusement, après les avoir vendus, les éleveurs sont bien souvent inconscients des conditions atroces qu’ils subissent. « Ces images choquantes illustrent les dérives de l’industrialisation, qui chosifie les animaux, et en font une matière première sur laquelle on spécule », réalise Guillaume Betton, éleveur dans la Creuse.
UN MANQUE CRUCIAL DE CONTRÔLES
Lors des exportations, divers contrôles sont réalisés de manière imprévue, et ce avant les départs des camions et aux abords des frontières européennes. Néanmoins, les contrôles restent insuffisants, majoritairement peu pertinents et parfois inexistants une fois les frontières franchies, explique Francesca Porta, membre de l’association Eurogroup for Animals, alors que « la Cour de justice européenne a statué en 2015 que les normes de l’UE relatives au transport d’animaux doivent s’appliquer pendant toute la durée du trajet, y compris à l’extérieur de l’Union européenne ».
« Les autorités européennes peuvent effectuer des inspections dans les abattoirs des pays tiers, seulement si la viande est destinée au marché européen », explique également Francesca Porta au sujet des abattoirs de destination tout en précisant que l’Union européenne n’a aucun mandat afin des les contrôler.
« FAVORISER, LORSQUE CELA EST POSSIBLE, UNE TRANSITION VERS LE TRANSPORT DE VIANDE OU DE CARCASSES, PLUTÔT QUE D’ANIMAUX VIVANTS » ?
« Outre l’état de l’animal et la feuille de route de transport, le vétérinaire doit s’assurer que l’animal ne sera pas soumis à des souffrances inutiles dans son pays de destination. S’il est avéré qu’un pays enfreint les règles élémentaires de protection animale, le vétérinaire se doit de refuser de signer l’autorisation de sortie. Autrement il se rend complice de mauvais traitement », explique Alexander Rabitsch, vétérinaire autrichien en Carinthie ayant réalisé diverses inspections de transports d’animaux vers des pays tiers. Ce manque de considération envers le bien-être animal a donc mené, au mois de février 2019, à l’annulation d’exportations de bêtes depuis l’Allemagne vers l’Ouzbékistan. Par ailleurs, au mois de mars 2019, en Bavière, ce sont des exportations vers 17 pays qui ont été suspendues.
Au mois de février 2019, le Parlement européen a constaté que les animaux subissaient « des souffrances aiguës et prolongées » au sein des abattoirs. Des ONG et le Parlement ont donc fait appel à la Commission européenne en lui demandant de « favoriser, lorsque cela est possible, une transition vers le transport de viande ou de carcasses, plutôt que d’animaux vivants ». « Une réflexion approfondie entre acteurs publics et privés » est nécessaire selon le ministère de l’Agriculture français. Une problématique qui pose, selon lui, la question « des équilibres économiques, en premier lieu pour les éleveurs ». « La France s’est impliquée pour qu’un observatoire des normes internationales, y compris sur le bien-être animal, placé au sein de l’OIE, puisse être créé. »
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