Flashback : La rencontre explosive entre Brigitte Bardot et le Général de Gaulle...
Ils étaient à l’époque les deux Français les plus connus dans le monde. Un soir à l’Élysée, en 1967, l’actrice et le président se rencontrent enfin. Aucun témoin de cette scène n’a pu l’oublier.
« Mais Charles, vous n’y pensez pas ! » À la veille d’une nouvelle réception des artistes à l’Élysée, Yvonne de Gaulle supplie son mari : la Première dame ne veut pas que la sulfureuse Brigitte Bardot – cette femme « qui se promène toute nue » – mette les pieds dans le palais de la République. Mais le Général n’en fait qu’à sa tête. Cela fait des années qu’il rêve de rencontrer l’actrice de Et Dieu créa la femme. Cette soirée en est donc l’occasion.
Chaque année, le chef de l’État attend avec impatience ce dîner des Arts et des Lettres où il réunit les grands noms de la scène, du cinéma et de la télévision. Pour l’édition 1967, étaient conviés, entre autres, Raymond Devos, Annie Girardot, Jean-Paul Belmondo… et donc Brigitte Bardot.
Si le chef de la France Libre est tant fasciné par l’actrice, c’est qu’il l’a adorée dans Babette s’en va-t-en guerre de Christian-Jaque, sorti en 1959. Pour cause, elle y incarne une héroïne de la Résistance, qui se retrouve à Londres. On y cite d’ailleurs à plusieurs reprises le nom du Général. Le président avait donc particulièrement apprécié ce film – dont il était l’un des personnages malgré lui – quand il avait été projeté lors d’une séance privée à l’Élysée.
Ce soir-là au palais, Brigitte Bardot n’arrive pas « toute nue », contrairement à ce que craignait Yvonne De Gaulle. Mais en « pyjama à brandebourgs », selon l’expression du ministre André Malraux. BB est en effet vêtue d’un pantalon noir – alors que la robe de cocktail est normalement de rigueur – et d’une longue tunique à galons. Elle fait une entrée fracassante dans le palais. Cette tenue très remarquée lui aurait été conseillée par Georges Pompidou en personne, qu’elle compte alors parmi ses amis. La veille, Bardot dînait chez le Premier ministre, et ce dernier lui aurait suggéré de porter un uniforme, charmant et rebelle clin d’œil au Général.
« Ah, c’est vous ! De loin, je vous avais prise pour un militaire », s’amuse alors De Gaulle en l’accueillant. D’autres témoins de la scène rapportent que le Général lui aurait plutôt dit : « Madame, je suis militaire et je suis en civil. Et vous qui êtes civile, vous êtes en militaire ! » Passé cet amusement, le Général lui parle de cinéma, et notamment de Viva Maria de Louis Malle, sorti en 1965, dans laquelle Brigitte Bardot partage l’affiche avec Jeanne Moreau.
« À cet instant se trouvent face à face les deux Français vivants les plus connus au monde », écrivent Patrice Duhamel et Jacques Santamaria dans L’Élysée, histoire, secrets, mystères. Mais après cette soirée, leurs routes ne se recroiseront pas. Brigitte Bardot confiera regretter de ne pas avoir plus connu le grand Général.