Et Dieu... créa la femme et BB quitta Vadim...

Publié le par Ricard Bruno

On raconte souvent que BB a découvert Saint-Tropez en venant y tourner Et Dieu Créa la femme. « Faux ! », vous répondra immanquablement l’intéressée. L’histoire remonte à son enfance. Ses parents possédaient une maison de vacances et la petite Bardot y venait avec sa sœur Mijanou. Et pourtant, le sentiment que Bardot est née à Saint-Tropez avec le film de Vadim demeurera à jamais pour le public du monde entier.
La genèse de ce classique n’a pourtant rien d’épique. Un beau matin de l’été 1955, Jean et Geneviève de Colmont, insouciants propriétaires d’un lopin de terre en bordure de plage où ils avaient construit un cabanon, voient débarquer Roger Vadim en repérage. Arrivé en Jeep, le cinéaste trouve la famille à table. Persuadé qu’il s’agit d’un restaurant, il s’assoit avec son équipe et commande à manger : « Il a dû trouver la cuisine et l’ambiance à son goût parce qu’après le repas, il est venu voir mon père et lui a dit qu’il reviendrait bientôt tourner avec 80 personnes qu’il allait falloir faire manger et boire », raconte Patrice de Colmont. Le fameux Club 55 était né.

Bonjour gaieté

En ville aussi le tournage essaime. A l’heure des pauses, le déjeuner se termine immanquablement par le dessert d’un pâtissier polonais, Micka. « Tu devrais lui donner un nom, à ton dessert, lui conseille un jour Brigitte Bardot. Pourquoi ne l’appellerais-tu pas “ Tarte de Saint-Tropez ” ? ». Elle deviendra la fameuse « Tarte tropézienne ».
L’équipe de 80 personnes s’intègre rapidement dans le paysage et colonise pacifiquement le village. Les prises avec BB et Jean-Louis Trintignant se succèdent dans une demeure qui surplombe les pavés de la place Henri-Person. Le parfum de Françoise Sagan est encore quasi perceptible. Au printemps 55, quelques semaines plus tôt, la sensation littéraire du moment posait son dévolu sur cette grosse maison de trois étages qui domine La Ponche pour savourer le succès de Bonjour Tristesse.
Le tournage, lui, sera plutôt « Bonjour Gaieté », emmené par une BB rayonnante qui prolonge les soirées dans un tourbillon festif. « Les plages nous appartenaient. Les restaurants nous attendaient. L’Esquinade, le seul night-club à l’époque, existait de nos folies. Le conte de fées se levait au soleil du matin et ne se couchait pas », écrivait Vadim dans ses Mémoires du Diable.

BB à sa place
Le joyeux tournage s’achève le 5 juillet, sur le port, et laisse pourtant le réalisateur en miettes. Son interprète principale de femme lui a échappé. L’idylle de cinéma est devenue histoire d’amour avec Jean-Louis Trintignant. Au-delà des torrides danses de tam-tam mambo, du scandale des nus, du succès américain qui fait dès 1956 de Saint-Tropez la capitale des plaisirs illicites, Et Dieu créa la femme est souvenir de bonheur pour BB, généralement peu tendre avec sa filmographie... « Un des rares films que j’ai tournés et en lesquels je me suis véritablement sentie à ma place », reconnaît-elle aujourd’hui encore.
Son ancrage définitif sous le soleil tropézien remonte, lui, à 1958. Durant le tournage de La Femme et le Pantin, sa mère lui parle d’une maison à vendre sur la côte. Un ancien hangar à bateaux situé au creux de la baie des Canoubiers. BB profite d’un week-end pour quitter le tournage en Espagne et s’y rendre. Murs blancs, lauriers roses et eucalyptus, le coup de foudre sera total. Canisses et bambous viendront s’y ajouter « pour (se) cacher des baigneurs ». Et BB créa la Madrague...

Source : http://www.nicematin.com/article/loisirs/et-dieu-crea-la-femme-et-bb-quitta-vadim

Publié dans le web en parle

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