La fondation Brigitte Bardot tente d'aider au dialogue...

Publié le par Ricard Bruno

Un groupe de militants de l'association Fondation Brigitte Bardot a passé trois jours à Mayotte pour tenter de trouver une solution au problème posé par la surpopulation de makis sur l'ilot Mbouzi. La première étape consistait à renouer le dialogue entre les différents acteurs. Sauf les agriculteurs.

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20120227-maki_mbouzi.jpgChristophe Marie repart "confiant mais vigilant"
© FBB

 

Les makis de l'ilot Mbouzi sont au cœur d'une  polémique qui dure maintenant depuis près de dix ans, opposant  l'association Terre d'Asile qui a créé le lieu en 1987 et les  Naturalistes de Mayotte, chargés de la gestion de ce qui est devenu  entre temps une réserve naturelle nationale administrée par le  conseil général de Mayotte qui en a la responsabilité.

La délégation de la Fondation Brigitte Bardot  (FBB) est donc arrivée jeudi après-midi pour « voir ce  qu'il est possible de faire » dans une situation qui  « n'est pas simple ». Christophe Marie, directeur  du bureau protection animale de la fondation, reconnaît un  « sureffectif indéniable» de makis sur l'ilot Mbouzi.  Reste à trouver des solutions acceptables, la pire étant  l'euthanasie des lémuriens « qui enverrait un signal très  négatif » vers une population qu'on tente de convaincre de  l'intérêt qu'il y a à préserver différentes espèces propres à  Mayotte et vers qui les autorités communiquent depuis de nombreuses  années. On a dû mettre fin à Mayotte, depuis une dizaine d'années,  à plusieurs pratiques ancestrales de consommation alimentaire, comme  la tortue marine, par exemple.

Il semblerait donc qu'« il n'y aura pas de  solution globale » et que l'on s'achemine vers un ensemble  de mesures, mais qui mettront du temps à être mises en place. Or,  le centre national de protection de la nature (CNPN), qui dépend du  ministère de l'environnement, a fixé un délai d'un an pour  « mettre un terme définitif à la présence de lémuriens  sur la réserve naturelle nationale de l'ilot Mbouzi ».  Intenable pour mettre en pratique les différentes solutions et même  « fantaisiste » pour Christophe Marie qui affirme  qu'« il faudrait trois ans ».

Sur les 800 lémuriens qui peuplent l'ilot « 200  sont âgés et vont mourir dans les deux à trois ans à venir »  mais pour ceux qui restent, « il n'est pas envisageable  d'amener des centaines de lémuriens en Grande Terre ». Ce  qui, de toutes façons soulèverait un tollé de la part des  agriculteurs. Une des solutions consiste donc à mener rapidement des  « actions de contraception » qui ne pourront pas  non plus toucher l'ensemble d'une population qui augmente de 10% par  an, selon le CNPN. La FBB apporterait une aide financière à ces  actions au « coût très lourd ».

 

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Sur l'ilot Mbouzi, une trop grande promiscuité...

Une autre piste consiste à envoyer un certain  nombre de makis dans des zoos de métropole. « Ils sont déjà  captifs » nous dit  Christophe Marie et c'est d'ailleurs là  que réside une partie du problème. Les makis de l'ilot Mbouzi ne  sont plus vraiment des animaux sauvages. Ils y sont nourris et ont  des rapports étroits avec les humains. Tous ne pourront donc pas  reprendre une vie sauvage. Le Refuge de l'Arche, en Mayenne, est prêt  à en « accueillir une centaine », mais d'autres  parcs zoologiques métropolitains pourraient les suivre, dans une  moindre mesure.

Le directeur du bureau protection animale de la FBB  a montré une certaine satisfaction à avoir participé à ce que le  dialogue se renoue entre les acteurs, notamment entre les deux  associations Terre d'Asile et les Naturalistes de Mayotte. On  « entendait des invectives » mais il n'y « avait  pas de dialogue ». Reste à faire entrer dans les  négociations les agriculteurs qui souffrent déjà des ravages  provoqués en Grande Terre par les makis, mais également par les  roussettes qui prélèvent une quantité non négligeable sur les  cultures, de l'ordre de 30 à 40%. Or, de ce côté là, on n'a pas  avancé puisque les associations de préservation de la nature n'ont  pas inclus les agriculteurs dans leurs discussions. Ce qui n'aura pas  manqué de les faire réagir et dès ce matin, la FDSEAM (Fédération  départementale des Syndicats d’exploitants agricoles de Mayotte)  envoyait un communiqué rappelant que si les makis sont importants  pour Mayotte, les agriculteurs aussi. (Lire « Makis  et ours des Pyrénées même combat ? »

Après avoir rencontré le préfet vendredi  après-midi, Christophe Marie a noté « une volonté de  réunir les gens » et de ne pas agir « dans la  précipitation » de la part des services de l'état. Quant  au Conseil Général, qui porte pourtant la responsabilité de la  gestion de la réserve naturelle nationale de l'ilot Mbouzi, « il  n'y a pas eu de contact possible ».

Les représentants de la fondation Brigitte Bardot  sont repartis dimanche matin « confiants mais vigilants ».

 

Source :  http://www.malango-actualite.fr/article/la_fondation_brigitte_bardot_tente_d_aider_au_dialogue-8355.htm

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