Philippe Bouvard...Brigitte Bardot...
"Portrait pour la galerie" - par Philippe Bouvard.
Pendant un demi-siècle - et c'est long quand on est un journaliste chargé de confesser des stars -, j'ai cru que je ne parviendrais jamais à la rencontrer.

Jeune chroniqueur du Figaro et alors qu'elle bénéficiait déjà d'une renommée quasi planétaire, j'en avais fait ma tête de Turc, déduisant d'une élocution simplette et chantonnante qu'elle devait avoir un pois chiche en guise de cervelle.
Elle m'en avait voulu. Et j'avais fini par lui en vouloir aussi de m'avoir involontairement forcé à dire du mal de quelqu'un que, d'en mon for intérieur, j'appréciais énormément.
D'autant que ses interviews, ses croisades et ses interventions révélaient une grande sensibilité, doublée d'une solide intelligence.
Il lui en avait fallu de la finesse et du caractère pour affronter sa célébrité, défendre son droit aux amours avant de prendre en pleine gloire, une retraite très précoce.
Quand on m'interrogeait sur nos relations, je croyais m'en tirer par de méchantes pirouettes. Et puis un jour, je dis la vérité :
"J'éprouve beaucoup d'admiration à l'égard de Brigitte Bardot. Et pas seulement pour sa carrière mais parce que, depuis ses débuts, elle a réussi à m'éviter".
La boutade la fit rire. Je l'appris par un ami commun. Du coup, j'osais l'inconcevable. Je l'invitais aux "Grosses têtes". Et, plus inattendu encore, elle accepta mon invitation.
J'avais tort d'appréhender cette rencontre entre deux personnes qui ne s'étaient jamais vues car, d'emblée, elle me tomba dans les bras.

Marchant difficilement et refusant de se faire opérer de la hanche, elle se montra d'une grande vivacité durant notre entretien, faisant preuve d'une belle franchise, me taclant à propos de questions un peu maladroites, défendant la cause de ses chers animaux...
Elle repartit comme elle était venue, ainsi qu'un mirage...
Elle ne sait sans doute pas, qu'elle m'a causé ma plus grande émotion professionnelle...
(Ph. Bouvard).
Source : http://bienvenuschezmoi.blog50.com/archive/2010/06/12/brigitte-bardot.html#comments