L'abattage rituel est aujourd'hui interdit en Autriche, Suisse, Norvège, Slovénie, Islande, Danemark, et en Belgique
Illustration : Viande casher abattue en Pologne et portant le symbole du rabbinat de Varsovie (Crédit : JTA)
L’étourdissement des animaux immédiatement après la jugulation lors de l’abattage rituel est une alternative proposée par les associations de protection animale et des experts scientifiques, mais elle reste rejetée en France par les cultes musulman et juif.
Les législations française et européenne actuellement en vigueur prévoient un étourdissement de l’animal préalable à sa mise à mort. Cependant des dérogations sont prévues pour les abattages rituels.
Les méthodes d’étourdissement dites « conventionnelles » se font à l’aide d’un pistolet avec une tige perforant la boîte crânienne pour les bovins, une décharge électrique pour les ovins et les volailles et le gazage pour les porcs.
Christophe Marie, porte-parole de la Fondation Brigitte Bardot, défend une « obligation de soulagement » de l’animal par un étourdissement juste après la jugulation. « Le fait de soulager l’animal tout de suite après la saignée, c’est hors religieux et l’animal ne souffre qu’une ou deux secondes avant de perdre conscience », affirme-t-il.
« Le principe fixé par les religieux c’est de dire que l’animal doit être conscient lors de la saignée ». Or « avec le soulagement immédiat, l’acte de l’abattage est passé », argumente-t-il. Sans quoi « l’agonie des bêtes peut durer plus de 15 minutes dans les cas extrêmes pour les bovins ».
Mais la position des cultes musulman et juif est sans appel : une bête tuée alors qu’elle est déjà inconsciente est impure.
« Tout nouveau processus où il y a étourdissement à quelque stade que ce soit est totalement rejeté par la religion musulmane », tranche Anouar Kbibech, président du Rassemblement des musulmans de France.
Pour le rabbin Bruno Fiszon « le soulagement ne change rien et n’est pas envisageable ». « Ce qui est important c’est de diminuer le temps de perte de conscience, qui peut être amélioré », suggère-t-il.
« Souffrance persistante »
Une position contestée par des scientifiques lors d’une rencontre organisée fin janvier à Paris par l’Oeuvre d’assistance des bêtes d’abattoirs (Oaba).
« Avec l’étourdissement, quelle que soit la méthode de mise à mort, l’animal perd conscience et ne souffre pas », a affirmé Claudia Terlouw, chercheur à l’Inra.
Jean-Pierre Kieffer, président de l’Oaba, a jugé lui « l’obligation de soulagement indispensable et urgente ». « L’abattage sans étourdissement dans l’espèce bovine va de pair avec la souffrance persistante », a-t-il dit.
Laurent Perrin, président du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral a estimé que « l’abattage sans étourdissement retarde la perte de conscience jusqu’à parfois plusieurs minutes et que durant cette période consciente, l’animal peut être exposé à la douleur due à des plaies ouvertes, la possible aspiration de sang, et notamment dans le cas des ruminants, de contenu de rumination ».
Quant à Brigitte Bardot, elle a écrit récemment à Emmanuel Macron pour que « la France rejoigne les pays qui imposent l’étourdissement des bêtes en toute circonstance lors de leur abattage », en abrogeant la dérogation dont bénéficient les abattages rituels.
Son courrier, fait suite à des images inédites tournées à l’abattoir de Rodez et dévoilée par la Fondation qui ne « dénonce pas d’infractions particulières, juste l’horreur quotidienne et la souffrance des bêtes égorgées en pleine conscience ».
L’abattage rituel représente un marché important pour la filière. Il concerne 15 % des bovins et 27 % des ovins abattus dans 218 abattoirs sur les 259 que compte la France.
Quant au label de production biologique européen, il ne peut pas être appliqué à des viandes issues de l’abattage rituel sans étourdissement préalable, au motif que cette méthode ne respecte pas les « normes les plus élevées de bien-être animal », a estimé récemment La justice européenne rappelant que « des études scientifiques ont établi que l’étourdissement constitue la technique qui porte le moins atteinte au bien-être animal au moment de l’abattage ».
L’abattage rituel est aujourd’hui interdit en Autriche, Suisse, Norvège, Slovénie, Islande, Danemark, et en Belgique.
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