En Seine-Maritime, un éleveur de « L’Amour est dans le pré » devant le tribunal pour abandon d’animaux
Laurent Levacher parlait avec passion de sa profession dans l’émission «L’Amour est dans le pré» - Photo Fondation Brigitte Bardot
L’histoire d’amour entre Laurent Levacher, l’agriculteur normand, et sa compagne avait fait craquer les fans de l’émission de M6, L’Amour est dans le pré, en 2019. Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les points et c’est pour un dossier nettement moins glamour que l’éleveur de Vatteville-la-Rue suscite à nouveau l’intérêt des médias. Le 8 septembre 2023, il doit comparaître devant la justice, en correctionnelle, pour répondre d’abandon d’animaux.
Son avocat, Me Romain Degoutte, du barreau de Rouen, insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas de maltraitance sur animaux mais d’abandon. La différence est importante car elle écarte l’idée de mauvais traitements volontaires. Elle pose aussi la question de la compétence ou de la perte de contrôle.
Depuis 2020, l’administration a régulièrement mis en demeure l’éleveur de mieux s’occuper des 400 bovins allaitants (donc destinés à la filière viande) qu’il avait sur son exploitation. Le 7 mars 2023, des contrôles sanitaires, sous pilotage de la direction vétérinaire départementale, ont mis en évidence des manquements sérieux aux règles de la protection animale, comme des défauts d’abreuvement ou le manque caractérisé d’alimentation de qualité.
Le 10 mars suivant, une opération de retrait des bovins a été lancée, sous l’autorité du procureur de la République de Rouen, mobilisant notamment le Groupement défense sanitaire de Seine-Maritime (GDMA 76). La Fondation Brigitte Barbot était également présente, prenant en charge les animaux dans des structures adaptées, baptisés « fermes refuge » par l’association.
C’est donc de cet abandon, constaté par les services de l’État, que Laurent Levacher doit répondre devant la justice. L’éleveur sollicité par Paris Normandie n’a pas souhaité s’exprimer. En revanche, son conseil, Maître Degoutte, précise : « Laurent Levacher conteste avoir abandonné ses animaux qu’il aime plus que tout. Il n’a jamais cessé de s’en occuper. Je réserve mes explications pour l’audience. »
L’hypothèse d’un éleveur s’occupant seul de son cheptel et dépassé par la situation pourrait être défendue. Selon son avocat, depuis l’intervention de mars 2023, Laurent Levacher est sous le coup d’une interdiction temporaire d’exercer la profession d’éleveur. La fondation Brigitte Barbot confirme qu’elle sera présente à l’audience du 8 septembre et qu’elle sera partie civile.
Le cas Étienne
Que vont devenir les 400 bovins qui ont été retirés de cet élevage ? La justice devra statuer, la fondation Brigitte Bardot réclamant sans doute qu’ils lui soient confiés définitivement.
Cette affaire rappelle l’histoire d’Étienne, le taurillon. En juillet 2021, Étienne faisait partie d’un lot de bovins conduit à l’abattoir de Fleurs dans la Loire. Par miracle, il réussit à s’échapper. Nouveau coup de chance, ce sont les pompiers qui interviennent et non les gendarmes. Les secours décident de lui envoyer une fléchette hypodermique pour l’endormir. Du coup, il est jugé impropre à la consommation. Après une mobilisation de la population, Étienne est acheté par un groupe de particuliers et donné à la fondation Brigitte Bardot (FBB). Cette dernière le confie à la pension de Patrick Dufour à Saint-Victor-l’Abbaye, en Seine-Maritime. C’est d’ailleurs là qu’il avait reçu la visite de sa très médiatique marraine, Jeanne Mas. La chanteuse finance en effet la majeure partie de son hébergement.