Les anticorrida sont venus nombreux pour soutenir la militante.
La militante qui avait filmé une famille et ses enfants à Mugron a été relaxée lundi par le tribunal A mbiance électrique ce lundi au tribunal correctionnel de Dax. Une quinzaine de militants anticorrida avaient fait le déplacement dans la cité thermale pour soutenir l'un des deux prévenus, une militante du Tarn-et-Garonne. Ils n'ont pas été déçus du voyage. À la surprise de la partie civile, la relaxe a été prononcée à l'égard de l'activiste.
Elle était jugée pour avoir publié sur son compte Facebook une vidéo d'une famille qui se rendait à une corrida le 21 avril 2014 pour les Pâques taurines de Mugron. Sur cette vidéo, la famille est prise à partie par des militants anticorrida, en particulier les enfants en bas âge des plaignants. « Le taureau saigne de la bouche et il a les poumons perforés », peut-on entendre sur la vidéo, toujours visible sur YouTube. À ce moment, la petite fille échappe aux bras de son père et se dirige vers l'extérieur des barrières de sécurité. Les militants ont interprété son comportement comme un refus d'assister au spectacle taurin parce qu'« elle était en mesure de comprendre la violence » des images qu'elle allait voir. Pour la mère, c'est l'atmosphère ambiante agressive et les vociférations qui ont provoqué de la panique chez sa fille.
« Défendre les mineurs »
Si ces militants étaient présents ce jour-là, c'était pour s'assurer qu'aucun mineur n'allait toréer. Plus généralement, ils sont pour l'interdiction des corridas aux mineurs. Devant le refus des gendarmes de répondre à leur interrogation, la militante décide alors de filmer. Peu de temps après, la famille d'aficionados entre dans le champ de la caméra. « Ils sont passés devant. Rien n'était préparé. C'était une vidéo spontanée », raconte son auteur. Si elle avait été reconnue coupable d'avoir publié « un montage non apparent avec les paroles ou images d'une personne non consentante », elle aurait pu écoper d'une peine maximale d'un an d'emprisonnement et d'une amende pouvant aller jusqu'à 45 000 euros. « Ma cliente a publié sa vidéo tout de suite après l'avoir filmée. Aucun montage n'a été effectué et la scène se passait dans un espace public », a plaidé son avocate.
400 euros d'amende
Le second prévenu, un militant antitaurin domicilié en Haute-Savoie, qui ne s'est pas présenté hier à l'audience à Dax, a été condamné à 400 euros d'amende. Il devra également verser 250 euros à la fillette et une somme équivalente à sa mère au titre des dommages et intérêts. Les deux prévenus prétendent ne pas se connaître. Le Haut-Savoyard a utilisé les images de la militante tarn-et-garonnaise sur Internet à des fins de propagande antitaurine. Il avait réalisé un montage photo, agrémenté d'un texte : « La fille refuse d'aller voir la corrida. La mère l'oblige. » Une « instrumentalisation honteuse des images de la petite fille », estime la partie civile. « La juxtaposition des images est grossière. Ce n'est pas un document réalisé par un grand professionnel et ça se voit », argumente son avocate afin d'obtenir la mansuétude des magistrats. « Le comité des droits de l'homme a exhorté la France à interdire l'accès aux mineurs dans une corrida », a lancé l'avocate dans une plaidoirie aux accents militants. Quand le jugement a été rendu sur ce dossier, la moitié de la salle s'est levée. Preuve que la corrida reste un sujet sensible qui anime localement les passions