Inédit : les anti-corridas auront leur bodega à la Feria de Béziers
Lien de l'article : http://www.midilibre.fr/2013/07/19/les-anti-corridas-auront-leur-bodega-a-la-feria,736198.php
En bas de l'article il faut voter OUI !

C'est une première pour les anti qui feront de la "pédagogie". L'aficion, elle, y voit de la "provocation".
C’est, annonce la fédération des luttes pour l’abolition des corridas (Flac), "une première". Les anti-tauromachie vont ouvrir une bodega pendant la Feria de Béziers, du 14 au 18 août.
"C’est inédit en Europe. Jamais, cela n’a été fait dans une place taurine importante. Or, Béziers est tout de même la deuxième de France après Nîmes", appuie Thierry Hély, porte-parole de la Flac.
C’est rue Solférino, dans le cadre du magnifique petit théâtre du Minotaure à quelques hectomètres des arènes et du cœur de la fête, que les “anti” ont l’intention de "faire passer un message". Réfutant toute provocation dans leur action. "Ce ne sera pas une bodega anti-corrida, plutôt un lieu dédié à la pédagogie", anticipe Thierry Hély.
Baptisée La Begune de Fadjen, la bodega sera en fait centrée sur Fadjen, un taureau espagnol adopté à l’âge de cinq semaines et que son propriétaire, Christophe Thomas, a rendu “docile”. "C’est, pour nous, un symbole fort. La preuve du caractère affectueux du taureau dit de combat quand on ne le martyrise pas où quand on ne le torture pas", avance Thierry Hély.
Il prévoit de projeter, en boucle et sur écran géant, un reportage que France 3 avait consacré à Fadjen. Christophe Thomas sera présent quatre jours durant pour témoigner. "Plusieurs peintures et photos étant exposées, en plus du bar qui sera ouvert de 18 h à minuit pour le côté festif, un vernissage sera organisé le premier jour. Ce qui devrait attirer de nombreux médias", espère-t-il.
Il y aura très certainement aussi un nombre important d’aficionados devant le Minotaure. Sitôt annoncée sur internet cette première bodega des “anti”, hier, le site Lo Taure Roge a réagi. Parlant même de "trouble à l’ordre public".
Son fondateur, Hugues Bousquet, voix de l’aficion biterroise sur la toile, se justifie : "Si le droit de se rassembler dans un lieu privé est une liberté fondamentale, le faire au cœur d’une ville tauromachique durant une Feria sent la provocation. N’oublions pas que certains membres de ces associations avaient tenté l’an dernier, de pénétrer dans les arènes de Béziers et bloquer son entrée principale durant une bonne vingtaine de minutes." Ce qui avait conduit à quelques frictions (lire aussi ci-dessous).
Toujours selon Hugues Bousquet, ce symbole du taureau domestiqué ne tient pas. "Il a été élevé au biberon. La même chose pourrait être obtenue dans les mêmes conditions avec un félin".
D'autres problématiques à évoquer
Le débat, qui pourrait s’avérer intéressant, est ouvert. Thierry Hély n’hésitera pas à inviter les personnalités du monde taurin, dont Robert Margé, l’empresa des arènes de Béziers et éleveur de toros. "Le but étant de partir de Fadjen pour évoquer d’autres problématiques : la présence d’enfants aux arènes, les sévices infligés aux animaux. Voire la pétition demandant l’interdiction de la corrida signée par 23 000 personnes qui vivent dans le Biterrois."
Il serait étonnant que les deux parties profitent de cette Feria et du cadre feutré du Minotaure pour discuter de tous ces sujets. Surtout si l’on en juge par l’appel lancé par Hugues Bousquet : "Face à cette provocation, les associations taurines ne peuvent rester indifférentes. Et s’il appartient aux autorités locales de prendre toutes dispositions pour que soit respecté l’ordre public, l’aficion se doit d’être vigilante, calmement mais fermement, face à ceux qui veulent interdire la corrida."
Cette Feria 2013 s’annonce animée.
La municipalité de Béziers n’était pas, jeudi, informée du projet de bodega de la Flac. Et pour cause, celle-ci n’était pas obligée d’adresser une demande officielle en mairie.
"Le théâtre du Minotaure est un lieu privé, qui reçoit du public à l’année et possède donc toutes les autorisations nécessaires. Les propriétaires peuvent donc organiser toute manifestation, sans que la Ville n’ait à délivrer son autorisation", explique-t-on en mairie.
On sait toutefois que les rencontres entre anti et pro-corridas se déroulent souvent dans un climat tendu.
L’an passé, la manifestation organisée par le Colbac devant les arènes avait engendré quelques noms d’oiseaux. Quelques-uns avaient mêmes failli en venir aux mains.
Qu’en sera-t-il cette année, avec une bodega qui restera ouverte pendant cinq jours ? Thierry Hély se veut rassurant : "Notre but n’est vraiment pas de provoquer. Nous n’aurons pas de photo sanglante, de tee-shirt “corrida basta”. Là, nous voulons seulement ouvrir le débat avec toutes les personnes qui viendront à nous."
Le lieu, c’est aussi ce qui rassure en mairie. "Ce n’est pas non plus au cœur de la fête ou à côté d’une bodega taurine, ça devrait bien se passer."
Dès hier, pourtant, des courriers électroniques ont été adressés au théâtre du Minotaure. Sur un ton courtois mais ferme. "Nous en appellerons au député Aboud en cas de pression. Mais cela devrait bien se passer", estime Thierry Hély. Fier d’organiser "un événement inédit".