A l'occasion de l'expo «Brigitte Bardot - Les années Insouciance» qui lui rend hommage à Saint-Tropez jusqu'au 31 octobre, la star à la crinière et au coeur rebelles a pris la plume pour répondre
aux questions du «Matin Dimanche». Pas de vague à l'âme, mais elle se révèle à la fois fragile et déterminée!
Sur la plage abandonnée... Immortelle sur la pellicule. Cheveux blonds en cascade, moue boudeuse, un brin mélancolique, et yeux cernés de khôl, Brigitte
Bardot est l'anti poupée Barbie. Une femme de chair et de sang dont le buste a même été reproduit pour incarner «Marianne» en 1969, l'ambassadrice de la France à l'étranger. «J'ai été la
première surprise et étonnée, mais quelle fierté!», confie Bardot. N'en déplaise aux faiseurs de mode et aux mannequins épaisses comme des cintres, ses courbes ultra féminines sont dans l'air
du temps et ne finissent pas d'inspirer les créateurs.
En 1960, la Bardot est une déesse française à la modernité coquine qui met le feu aux magazines. Elle incarne alors cette liberté sensuelle qui fait tant défaut aujourd'hui. Une exposition sur
800 m2, imaginée comme une vaste rétrospective de la vie de l'actrice à travers le regard de photographes dont elle fut la muse, dépeint cette époque insouciante où on se laissait porter au gré
de ses envies.
Après avoir été créée l'année dernière à Boulogne-Billancourt, la cité des studios de cinéma, l'expo Brigitte Bardot fait escale tout l'été à Saint-Tropez, lieu mythique qui a grandi avec elle.
«C'est un hommage unique que l'on me rend de mon vivant», nous confie Brigitte Bardot, 75 ans, qui ne s'est pas sentie la force d'aller voir l'expo, prétextant l'usage de ses béquilles. Elle
poursuit: «Ma vie, je la connais par coeur, et sûrement plus profondément que ne la montre l'exposition».
Moments-clés de sa vie
Immersive et interactive, l'exposition «Les années Insouciance» invite à un voyage non seulement dans la carrière de BB, mais aussi dans les diverses
modes qu'elle a lancées, tel le design de l'époque, les coiffures en choucroute, le vichy et ses petits carreaux, ainsi qu'un tas d'objets personnels comme sa Harley-Davidson et son livret de
famille. Même sa chambre de jeune fille est reconstituée, grâce à des photos prises par son père.
L'exposition se construit en une succession d'alcôves thématiques, tels l'adolescence de «cette sacrée gamine», le cinéma de Bardot, ses amours avec cette salle au titre évocateur «Si Don Juan
était une femme», ou BB et les animaux, galerie intitulée «L'ours et la poupée» comme le film qu'elle tourna en 1970 avec Michel Deville. Cette rétrospective se conçoit comme une promenade dans
la vie tumultueuse de BB, sa voix, si particulière, accompagnant le visiteur envoûté. Chansons et extraits d'interviews hantent les lieux.
«C'est difficile de parler de moi, confie aujourd'hui Brigitte Bardot, j'ai été portée par un courant que je n'ai pas maîtrisé, ma vie a basculé, bousculant tout qui fut mon enfance et mon
éducation». Née dans une famille bourgeoise, d'un père industriel respecté, elle choque ses parents quand elle veut faire du cinéma. Seul son grand-père la soutiendra. Elle lui sera
éternellement reconnaissante. «Et Dieu créa la femme», «En cas de malheur» ou «La vérité», son «meilleur film» selon elle, la consacre sex-symbol. Bardot fait sauter le corset engoncé de la
France austère de cette époque. «Devenue un mythe pour mes admirateurs et mes détracteurs, poursuit-elle, j'ai continué à puiser mes ressources en marchant et en dansant pieds nus dans le sable
ou dans l'herbe, au milieu des animaux qui furent toujours ceux vers qui j'allais retrouver ma vérité». Elle a fasciné nombre d'artistes et de photographes et fait d'innombrables unes de
magazines, toutes rassemblées ici.
Icône de Saint-Tropez
Bien sûr, le destin de BB est indissociable de celui de Saint-Tropez. La station varoise lui doit presque tout. D'où l'émotion encore plus vive quand
on visite cette exposition au coeur de sa ville d'adoption. Même si le petit port méditerranéen était déjà fréquenté par des peintres et des écrivains tels Picasso ou Colette, il a pris son
essor avec l'étoile montante Brigitte Bardot, qui s'est installée en 1958 à la fameuse Madrague, au fond de la baie des Canoubiers.
La star hantera Saint-Tropez de sa présence féline. Un exemple? La plage de la Ponche, est d'autant plus prisée qu'elle y tourna une scène torride avec Jean-Louis Trintignant pour «Et Dieu créa
la femme».
Aujourd'hui, Brigitte Bardot vit recluse dans sa tanière tropézienne et n'en sort jamais. «Mais sa voix s'entend!», affirme son mari Bernard d'Ormale, épousé en 1992, qui la soutient dans sa
croisade pour les animaux. Pourquoi n'a-t-elle pas voulu voir l'exposition? «Brigitte est flattée, mais il y a trop d'émotion autour de son passé, révèle-t-il. Beaucoup de ses amis ont disparu
et c'est trop éprouvant pour elle de se replonger dans cette époque. Elle regarde tout ça d'un oeil lointain. C'est une femme qui ne joue pas les stars».
L'icône des sixties a accepté cette exposition à la condition qu'une salle soit dédiée au combat qui l'anime et à sa Fondation. Y défilent des images très dures des mauvais traitements qu'on
inflige aux bêtes. «Sa bataille la stresse, mais elle est beaucoup plus courageuse que bien des hommes», conclut Bernard d'Ormale. Du reste quand «Le Matin Dimanche» lui a signalé le sort des
deux oursons de Berne, menacés d'euthanasie, son sang n'a fait qu'un tour: elle a immédiatement envoyé une lettre pour offrir ses services afin de les sauver. «Elle est comme ça, Brigitte, il
faut qu'elle agisse dans l'heure», nous a confié Brigitte Auloy, cheffe de projet à la Fondation Brigitte Bardot. «Tuer est une solution misérable et indigne d'un être dit humain, s'est
insurgée la pasionaria. Tant que je vivrai, je resterai une rebelle révoltée».
«Spécial Bardot», Arte, ce soir, 22h20, précédé par le film «Vie privée», de Louis Malle, avec Brigitte Bardot, 20 h 40
À VOIR
Exposition «Brigitte Bardot - les années Insouciance», du 23 juin au 31 octobre à Saint-Tropez, espace Rendez-Vous des Lices. Tous les jours de 11h à minuit
(juillet-août), puis de 11h à 20h (sept. - Oct.)
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