Abattage rituel : La commission Européenne interpellée...
Source :
Paris, le 25 février 2010
Monsieur John Dalli
Santé et Politique des Consommateurs
Commission européenne
Rue de la Loi, 200
B – 1049 Bruxelles
Monsieur le Commissaire,
Sous la précédente Commission, nous avons pu apprécier quelques avancées significatives en matière de défense et respect des animaux, que ce soit grâce au courage de Stavros Dimas qui a
proposé et obtenu que l’Europe ne soit plus complice du massacre des phoques, ou à votre prédécesseur, Markos Kyprianou, qui a pris l’initiative d’un ambitieux plan d’action pour la
protection et le bien-être des animaux.
Aujourd’hui, la Fondation Brigitte Bardot et l’association GAIA (Groupe d’Action dans l’Intérêt des Animaux) tiennent à vous alerter des dérives constatées, en France et en Belgique, dans la
pratique de l’abattage rituel (musulman et juif).
Depuis plusieurs années déjà, nos deux organisations dénoncent, preuves à l’appui, la cruauté de l’égorgement des animaux en toute conscience dans les abattoirs, sans étourdissement
préalable, qui condamne les bêtes à une longue et douloureuse agonie.
Nos interventions répétées auprès des autorités françaises et belges n’ont abouti à aucune amélioration, bien au contraire, puisque les abattoirs généralisent désormais la saignée des animaux
à vif, faisant de « l’exception » prévue dans les textes une règle générale, ce qui constitue une infraction manifeste à la réglementation européenne.
Un sondage réalisé par l’IFOP*, en décembre 2009, montre que les Français sont seulement 24 % à accepter de consommer de la viande issue d’un animal abattu sans étourdissement préalable alors
que, d’après le rapport du COPERCI (comité permanent de coordination des inspections) « Enquête sur le champ du Halal », 80 % des ovins seraient égorgés en France sans étourdissement
préalable. C’est aussi le cas, selon le secteur des abattoirs, de 92 % des ovins abattus en Belgique.
Même si le ministère français de l’Agriculture tente de minimiser ces chiffres en les ramenant à 48 %, il n’en demeure pas moins vrai que la généralisation de l’abattage rituel et sa
distribution dans le circuit classique, sans aucune indication, est inacceptable et constitue une tromperie pour le consommateur mais aussi un détournement de la
législation.
En effet, dans les rites musulmans et juifs, une grande partie de l’animal ne peut être consommée car elle n’est ni « halal » ni « casher ». Après inspection par les sacrificateurs, des
carcasses entières sont refusées et tous ces produits issus de l’abattage rituel se retrouvent dans le circuit classique. Dès lors, l’exception prévue (à l’obligation d’étourdissement
préalable) dans le cadre de l’abattage rituel ne peut être justifiée puisque la viande n’est pas étiquetée halal ou casher.
Les contacts pris auprès des différents acteurs de la filière démontrent que la plus forte opposition n’émane pas des représentants des cultes mais de l’industrie et du commerce des viandes,
en particulier des abattoirs... C’est inacceptable !
Les distributeurs généralisent et banalisent, eux aussi, les produits issus d’abattages rituels comme nous pouvons le constater aujourd’hui avec la chaîne de « restaurants » Quick qui
propose, dans certains de ses établissements en France, de la viande bovine provenant exclusivement de bêtes saignées à vif profitant ainsi de l’ignorance des consommateurs.
En Belgique, l’association GAIA a pu mener, fin 2009, une investigation dans 11 abattoirs belges pratiquant l’abattage rituel. Le constat est toujours le même, les animaux sont égorgés puis
laissés à l’agonie durant de longues minutes, les bêtes sont placées les unes à côté des autres et assistent à la mise à mort de leurs congénères avant d’être saignées à leur tour, en
contradiction également avec les préceptes religieux
…/…
En France, la Fondation Brigitte Bardot a pu dresser le même constat. Comme il ne nous revient pas de porter une appréciation théologique, nous nous baserons sur le cahier des charges « halal
» de la grande Mosquée d’Evry-Courcouronnes qui fixe comme principe, notamment, de ne pas montrer le couteau à l’animal sacrifié ni de l’égorger devant un autre… Ces comportements « haram »
ont pourtant été systématiquement observés par la Fondation Brigitte Bardot sur les différents sites d’abattage contrôlés.
Il n’y a aucune raison que l’abattage rituel déroge à l’obligation d’étourdissement préalable des animaux, le cahier des charges « halal » précisant même : « Le calme, des
sujets à égorger, provoqué par l’électronarcose est toléré, du moment que ce procédé ne provoque pas la mort. »
Cette position rejoint celle du Dr Dalil Boubakeur, Recteur de l’Institut musulman de la Grande Mosquée de Paris, et de nombreuses autres personnalités musulmanes qui affirment, elles aussi
preuves à l’appui, que l’Islam n’est pas hostile à l’étourdissement dès lors que ce dernier est réversible.
Cette réversibilité a été démontrée par l’Académie vétérinaire de France qui, dans son rapport « sur le degré de réversibilité de l’étourdissement des animaux d’abattoir tel qu’il est
pratiqué en France » indique que : « l’étourdissement électrique des animaux de boucherie, et notamment des ovins, est réversible s’il est correctement appliqué ».
Toujours selon le sondage IFOP réalisé en décembre dernier, les Français désapprouvent à 72 % la dérogation de ne pas étourdir les animaux avant leur abattage.
Les instances scientifiques sont aujourd’hui nombreuses à dénoncer la cruauté de l’abattage rituel. D’après la Fédération des vétérinaires d’Europe : « l’abattage des animaux sans
étourdissement préalable est inacceptable en toute circonstance ».
En décembre 2009, l’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique) a présenté son premier rapport d’expertise sur la douleur animale. Dans le domaine de l’abattage rituel, il ressort
une grande variabilité pour la perte de conscience des bovins, après la saignée, pouvant aller jusqu’à 14 minutes lors de la formation de faux anévrismes qui concerneraient, toujours d’après
le rapport d’expertise de l’INRA : « 17 à 18 % des animaux lors d’abattages musulman (halal) et juif (shechita) ».
Monsieur le Commissaire, nous ne pouvons pas tolérer de voir se généraliser l’égorgement des animaux en toute conscience et dans la souffrance, c’est pourquoi nous sollicitons votre
intervention.
La Commission européenne se doit d’agir et de sanctionner la France qui généralise l’abattage sans étourdissement préalable, faisant de « l’exception » la règle générale. Elle doit
également sanctionner la Belgique si aucune suite n’est donnée aux investigations menées par l’association GAIA dans les abattoirs du pays.
Notre démarche ne vise nullement à stigmatiser telle ou telle pratique religieuse, telle ou telle communauté, notre devoir est seulement de dénoncer la cruauté et la barbarie qui s’exercent
aujourd’hui encore à l’encontre des animaux.
Dans l’attente de votre réaction et l’espoir de pouvoir vous rencontrer, soyez assuré, Monsieur le Commissaire, de toute notre considération.
Présidente
Fondation Brigitte Bardot
Président
GAIA
* Les Français et l’étourdissement des animaux avant leur abattage – Sondage IFOP réalisé du 8 au 10 décembre 2009 sur un échantillon de 1015 personnes, représentatif de la population
française âgée de 18 ans et plus, pour le compte de la Fondation Brigitte Bardot, de l’Œuvre d’Assistance aux Bêtes d’Abattoirs, la Société Nationale pour la Défense des Animaux et
l’association Stéphane Lamart.
Source : http://www.fondationbrigittebardot.fr/site/actu.php?id=40237