EXPERIMENTATION ANIMALE
Pour mémoire, le règlement REACH (publié au journal officiel de l’Union européenne le 30/12/2006) contraint l’industrie chimique à démontrer que les produits mis sur le marché avant 1981, et toujours commercialisés à raison de plus d’une tonne par an, ne présentent pas de risque pour la santé publique ou l’environnement. Plusieurs dispositions dans ce règlement prévoient de limiter le recours à l’animal et même de favoriser l’emploi de méthodes alternatives.
L’industrie a tout intérêt à maintenir le « modèle » animal
Pourtant, alors que les tests cellulaires, la toxicogénomique ou la bio-informatique sont des procédés plus rapides, moins coûteux et beaucoup plus fiables pour l’homme, certains industriels semblent défendre le « modèle » animal pour la simple est bonne raison que les résultats obtenus, imprécis, n’empêchent pas la diffusion de substances chimiques qui, si elles devaient faire l’objet d’études basées sur des tests fiables et plus pointus (ne recourant donc pas à l’animal), seraient jugées dangereuses pour l’homme et perdraient vraisemblablement leur autorisation de mise sur le marché.
Toujours plus d’animaux expérimentés
La nouvelle estimation, publiée dans la revue scientifique Nature, du nombre d’animaux sacrifiés pour les seules procédures liées à REACH a été revue à la hausse pour atteindre désormais 54 millions d’animaux expérimentés sur dix ans.
Ces chiffres viennent s’ajouter aux plus de 12 millions de bêtes sacrifiées chaque année au sein de l’Union européenne pour des expérimentations contestées car fortement contestables (aucune espèce animale ne pouvant servir de modèle biologique à une autre, les résultats obtenus sont aléatoires et ne peuvent être raisonnablement transposés à l’homme).
Jean-Louis Borloo alerté
En France, l’autorité compétente pour la mise en œuvre du règlement européen REACH est le ministère de l’Ecologie. C’est pourquoi la Fondation Brigitte Bardot est intervenue auprès du ministre pour lui demander de soutenir les chercheurs qui travaillent sur des méthodes fiables et éthiques ne recourant pas au « modèle » animal.
Extrait de la lettre adressée par la Fondation Brigitte Bardot :
« Les nouvelles estimations rendues publiques sont d’autant plus aberrantes que le règlement REACH ne rend pas les tests sur animaux obligatoires. En effet, avant toute demande d’autorisation d’essai sur l’animal, il doit être démontré qu’il n’existe pas d’information déjà disponible sur la nocivité des substances à étudier. La création de l’agence européenne des produits chimiques (ECHA) poursuit le même but : en centralisant les données, elle évite la répétition de tests déjà effectués et la duplication d’un même test dans plusieurs laboratoires.
Le règlement européen prévoit également, dans son Annexe XI, de recourir à des méthodes d’essai nouvellement mises au point, même si elles n’ont pas encore été validées, dès lors que ces méthodes peuvent fournir des éléments de preuve suffisants pour permettre de conclure qu'une substance possède ou non une propriété dangereuse particulière. Dans ce cas, il y a lieu de « renoncer à des essais supplémentaires sur des animaux vertébrés ».
La Fondation Brigitte Bardot a participé au financement du test cellulaire de toxicité VALITOX® (réalisé sur cellules humaines) alternatif aux essais sur animaux, coordonné par le comité Pro Anima sous l’expertise scientifique du Professeur Jean-François Narbonne. La dernière phase de développement du test VALITOX®, réalisée entre janvier et mai 2009, consistait à caler le test sur un format « haut débit » compatible avec ses utilisations futures, en particulier dans le cadre du règlement REACH, et à résoudre le problème dit des « faux négatifs ». Cette dernière phase a montré que, dans sa configuration actuelle, le test VALITOX® prédit 82% des effets observés chez l’humain, un résultat inédit à ce jour pour ce type d’approche alternative (contre 65 % lorsque la souris est prise pour « modèle » et 61 % lorsqu’il s’agit du rat).
Monsieur le Ministre, ce test a été soumis à l’ECVAM pour entrer dans un processus de pré validation, mais face aux enjeux du règlement REACH, et aux victimes animales qui s’annoncent, il y a urgence.
Comparés aux tests sur animaux, les tests cellulaires, comme celui que nous venons de cofinancer, sont plus rapides, bien moins chers et beaucoup plus fiables pour l’homme. Ces tests, mais aussi la toxicogénomique ou la bio-informatique, ont rendu l’expérimentation animale archaïque et inadaptée face aux connaissances et outils de recherche dont nous disposons aujourd’hui.
C’est pourquoi, nous vous demandons, Monsieur le Ministre, de veiller à exclure explicitement le recours à l'expérimentation animale pour l'évaluation de la toxicité humaine, à la fois pour respecter la réglementation européenne (qui interdit le recours à l’expérimentation animale dès lors qu’une méthode substitutive permet d’obtenir le résultat recherché) et faire bénéficier REACH d'une méthode scientifique d'évaluation fiable. »
Interrogée par le journal « la Dépêche » sur la pertinence des tests pratiqués sur les animaux pour l’élaboration de médicaments, Brigitte Bardot répond : « Aucune expérimentation animale ne peut-être justifiée. D’un point de vue éthique, l’homme n’a pas le droit moral d’exploiter et de considérer les autres espèces animales, l’ensemble des êtres sensibles, comme de simples outils de recherche ou bien de consommation […] il est totalement fantaisiste, ridicule, d’expérimenter une substance sur une souris, un chat ou même un singe dans l’espoir de pouvoir en tirer un quelconque enseignement pour l’homme puisque chaque espèce réagit différemment. Lorsqu’il était ministre de la Santé, Bernard Kouchner déclarait que les effets secondaires des médicaments, tous longuement testés sur les animaux, entraînaient près de 20 000 morts chaque année en France et 1 300 000 hospitalisations. Il faut donc arrêter de faire croire que l’expérimentation animale est un mal nécessaire car ce n’est pas le cas. »
Objection de conscience
Voilà pourquoi la Fondation Brigitte Bardot est contre toute forme d’expérimentation animale et pourquoi elle milite en faveur d’un droit d’objection de
conscience pour tous ceux qui refusent d’être complices. Une proposition de loi, enregistrée à l’Assemblée nationale, a été rédigée dans ce sens et une pétition appuyant cette proposition de loi
est mise en ligne sur le site de la Fondation (lien direct vers la pétition) : http://www.fondationbrigittebardot.fr/site/petition.php?Id=351
Source : http://www.fondationbrigittebardot.fr/site/actu.php?id=40203