Faits-Divers
Un retraité de 72 ans était face à la justice, hier, à Saint-Denis. Cet homme est le bourreau de Chips, un chiot malinois, martyrisé en mars dernier.
LES FAITS
Lundi 19 mars, à Saint-Marie. Le retraité de 72 ans entend des aboiements provenant de son jardin. Par curiosité, le vieil homme sort jeter un œil. Deux chiens s’agitent dans le poulailler du vieillard. Pour les chasser, l’homme saisit un sabre à canne se trouvant à portée de main. Un des chiens s’enfuit mais le second, Chips, un malinois d’à peine quatre mois, campe sur ses positions. Il aboie, remue. Pour calmer sa fougue, par vigilance, par cruauté, on ne sait, le vieillard use de son arme tranchante et lacère le museau du jeune chiot. La sauvagerie ne s’arrête pas là. L’homme empale de nouveau le malheureux Chips et le traîne en dehors de sa propriété, avant de l’abandonner près d’un transformateur électrique de la commune Duparc. Cet homme a laissé éclater toute sa monstruosité pour la mort de quatre de ses poulets. Mais, malgré ses lourdes blessures, le chiot parvient à rentrer chez lui, à quelque 50 mètres de là. À 18 h 45, les jeunes maîtres entendent des gémissements devant leur portail. Chips agonise, en sang. Désemparés, ils le recueillent et le portent chez le vétérinaire. Décontenancé, le docteur Calligé constate : “Il a reçu un coup de sabre en plein dans le museau, lui ouvrant les babines jusqu’aux sinus. Il a la mâchoire cassée. Il a pris un autre coup de sabre dans les reins. On voit la colonne vertébrale. Il a une énorme plaie juste derrière la tête, qui a dû être faite par une pioche ou un instrument à quatre dents.” Pour mettre un terme à ses souffrances, le petit Chips a été euthanasié. Une plainte est déposée par les jeunes maîtres.
L’AUDIENCE
En plaider coupable, hier, au tribunal correctionnel de Saint-Denis, Émilien M’Doihoma, reconnaît, bien évidemment, les faits mais émet quelques réserves sur leur déroulement. Selon le prévenu, Chips était agressif et montrait les crocs. Il a agi pour se protéger. Mais les différentes parties civiles présentes sont loin d’être de cet avis. Me Catherine Moissonnier, représentant les jeunes maîtres, dénonce “l’acharnement sur cet animal sans défense”. Elle refuse de croire les dires du prévenu. L’avocate demande le remboursement des frais de vétérinaire s’élevant à 138 euros, 1 500 euros de dommages et intérêts et 400 euros d’amende. Me Patrick Arnaud est également présent. Il défend les intérêts de la Société de protection des animaux (SPA) de La Réunion, substitue aussi la SPA de Paris et la Fondation Brigitte Bardot. L’avocat est scandalisé : “C’est épouvantable ce degré de sauvagerie. Les photos sont éloquentes et stupéfiantes !” Il demande 1 000 euros de dommages et intérêts au nom de la SPA de La Réunion, 1 500 euros de dommages et intérêts et 750 euros d’amende aux noms de la SPA de Paris et de la Fondation Brigitte Bardot. La défense, incarnée par Me Sylvie Moutoucomorapoullé, constate : “Le malinois n’est pas un yorkshire. Il a la réputation d’être agressif.” Selon l’avocate, le prévenu s’est défendu de peur que le chiot le morde au visage. Elle s’efforce de minimiser les faits : “La réponse a été quelque peu excessive” avant de se pencher sur le quotidien de son client, qui est un retraité de 72 ans, qui souffre d’une infection cardiaque et qui gagne une pension de 800 euros par mois. En conséquence, elle demande de ramener à de plus justes proportions les montants demandés.
JUGEMENT
Émilien M’Doihoma. Deux mois d’emprisonnement assortis du sursis + 138 euros de frais de vétérinaire, 700 euros de dommages et intérêts et 300 euros d’amende à payer aux maîtres de Chips + 700 euros de dommages et intérêts et 300 euros d’amende à la SPA de Paris et à la Fondation Brigitte Bardot + 400 euros de dommages et intérêts à la SPA de La Réunion.
Florent Corda
Source : http://www.clicanoo.com/article.php3?id_article=157536