Un chasseur à courre de l’Oise condamné pour l’agression d’un promeneur en forêt de Chantilly
L’altercation a eu lieu lors d’une chasse, en 2019. Jean-Baptiste A. a été condamné jeudi pour s’en être pris physiquement à un homme qu’il avait dans un premier temps désigné comme son agresseur.
Les faits remontent à 2019. Les chasseurs avaient dans un premier temps désigné l'homme comme l'agresseur. L'enquête lui a finalement reconnu le statut de victime.
L’audience n’a pas encore véritablement commencé que la présidente du tribunal correctionnel de Senlis prévient l’assemblée. « J’entends que les débats se déroulent dans le calme, ce n’est pas le procès de la chasse à courre qui va se dérouler aujourd’hui. » C’est dans un contexte forcément explosif que s’est tenu, ce jeudi, le jugement d’un ancien membre d’un équipage de vénerie accusé d’avoir violenté un promeneur en 2019.
Il s’agit de l’un des nombreux épisodes de tensions qui ont animé le département ces dernières années, entre partisans de la chasse et leurs détracteurs. Des membres de l’association Abolissons la Vénerie (AVA) était d’ailleurs présents à l’audience, qui s’est déroulée dans le calme. Le prévenu, Jean-Baptiste A., un homme d’une quarantaine d’années habitant le Sud Oise, a été condamné à verser 1000 euros à sa victime.
Roué de coups ou simplement maintenu au sol ?
Ce mardi 10 décembre 2019, Adrien* se promène dans la forêt de Chantilly quand il entend arriver un équipage de chasse à courre. Selon lui, il se met alors au milieu du chemin, bras écarté, avec le bâton qu’il tenait en main jusque-là, pour qu’ils s’arrêtent. Son bâton heurte alors plusieurs chevaux, dont l’un qui s’emballe, projetant violemment son cavalier au sol avant de sauver. Il est retrouvé plus tard, à Lamorlaye.
Alors qu’il regagne sa voiture, Adrien est rattrapé par Jean-Baptiste A. et de là, deux versions s’opposent. Pour le premier, il est plaqué au sol et roué de coups. Il lui sera d’ailleurs diagnostiqué de multiples ecchymoses ainsi qu’une côte fêlée. Le second, qui nie les violences, assure avoir simplement voulu le retenir, sur ordre d’un membre de l’équipage Rallye Trois Forêts, avant l’arrivée des gendarmes.
Car pour les veneurs, Adrien s’est bel et bien acharné sur les chevaux. Lui qui travaille dans le monde hippique l’assure, il n’avait aucune intention de faire du mal aux animaux. Néanmoins, lorsque la gendarmerie arrive, il est menotté et placé en garde à vue. Mais durant l’enquête, les militaires sont intrigués.
« Qui êtes-vous pour vous permettre d’immobiliser quelqu’un de la sorte ? »
« Devant l’absence d’éléments à charge dans la procédure, le mis en cause ressortait d’avantage comme une victime, a assuré la procureure, qui n’a pas manqué de sermonner le prévenu. Qui êtes-vous pour vous permettre d’immobiliser quelqu’un de la sorte ? N’aviez-vous pas d’autres solutions ? » La question se posait en constatant l’allure frêle de la victime face aux 95 kg de son agresseur.
Pour l’avocat qui intervenait en défense de Jean-Baptiste A., il y a deux poids, deux mesures. « Le cavalier qui a chuté a eu 45 jours d’ITT mais ce n’est pas cette affaire qu’a décidé de juger le parquet de Senlis, s’est-il époumoné. Les anti-chasses multiplient les agressions, les signalements sont nombreux et pourtant, ils ne donnent jamais rien. »
Forcément, le point de vue d’Ava n’est pas le même. « La justice reconnaît enfin au promeneur le statut de victime, d’une agression mais aussi d’une machination éhontée de la part des chasseurs à courre dont aucune des accusations mensongères n’ont finalement été retenues par l’enquête », se réjouit le collectif, dans un communiqué.