Du zèbre d’Afrique du Sud est vendu en France par les supermarchés Auchan, Carrefour, Intermarché, Houra et Cora... Ces plats préparés ont choqué les internautes qui ont fait part – en nombre – de leur réprobation sur les réseaux sociaux. A l’heure où la biodiversité s’effondre, la vente au rayon alimentation d’un produit issu d’une espèce menacée d’extinction laisse perplexe. L’enquête de 30millionsdamis.fr.
Du zèbre au menu ! Cet hiver, les clients des magasins Auchan, Houra, Intermarché et Cora ont trouvé dans leurs rayons et sur les sites de vente en ligne des « Pavés de zèbre marinés au miel », vendus sous la marque Saveurs Forestières. La gamme, qui contient principalement du gibier (cerf, sanglier, lièvre, biche et chevreuil), présente également des produits exotiques tels que le zèbre, le bison ou encore l’autruche. D'autres marques comme Damien de Jong et Maître Jacques en proposent également, tout comme des marques distributeurs.
Les populations de zèbres des plaines ont fondu de 25 % en un quart de siècle
Parmi les trois espèces de zèbres, deux sont particulièrement en péril : le zèbre de Grévy et le zèbre des montagnes, respectivement « en danger » et « vulnérable » selon la liste rouge de l’Union internationale pour la protection de la nature (UICN). Le zèbre des plaines (Equus quagga), lui, est certes plus répandu mais tout de même classé « quasi-menacé ». Ses populations sont en déclin dans 10 pays sur 17, avec un nombre d’individus (un demi-million) qui a fondu d’un quart entre 1992 et 2016 et de 35 % rien qu’au Kenya.
Dans certains pays, les zèbres des plaines ne subsistent plus que dans les réserves protégées. Les principales menaces qui pèsent sur ces équidés sont l’exploitation des terres pour l’élevage, la chasse et le braconnage, et enfin les sécheresses accentuées avec les changements climatiques. Si leur peau est très recherchée pour son aspect décoratif, ce n’était auparavant pas le cas de leur viande, jugée peu goûteuse.
Un très mauvais signal envoyé aux consommateurs
Si elle choque aujourd’hui – dans un contexte où les Français sont de plus en plus sensibles au sort des animaux – la présence de viande de zèbre en supermarché ne date pas d’hier : en 2009, leparisien.fr documentait déjà l’arrivée des viandes de zèbre et de gnou aux côtés du kangourou, de l’autruche et du bison déjà disponibles. Selon capital.fr, la viande exotique ne représenterait en France qu’un repas par an et moins de 300 grammes par personne, contre 86 kg de viandes « classiques ». Les échanges de produits issus du zèbre ne font l’objet d’aucune réglementation particulière au niveau international.
Contacté par 30millionsdamis.fr, le groupe agroalimentaire français LDC (Saveurs Forestières, mais aussi Le Gaulois, Poulets de Loué ou encore Maître Coq et Marie) a confirmé que sa viande de zèbre provenait d’élevages sud-africains. Dans ce pays, où les populations sauvages de zèbre sont stables, l’élevage d’une race particulière (le zèbre de Burchell, NDLR) à des fins de consommation est autorisé. Mais sa vente dans nos supermarchés est un très mauvais signal envoyé aux consommateurs, donnant l’impression – éminemment fausse – que les populations de zèbres se portent bien dans leur milieu naturel.