Voyage : notre tour de France en dix films...
Pour beaucoup de Français, les vacances d'été se dérouleront cette année dans l'Hexagone. Nous avons sélectionné dix oeuvres cinématographiques qui mettent particulièrement bien en valeur nos régions. Mer, océan, montagne, campagne, il y en a pour tous les goûts.
Réalisateur : Roger Vadim
Année : 1956
Région : Provence-Alpes-Côte d'Azur
Vadim était un formidable séducteur mais pas un très grand réalisateur. Avec Et Dieu… créa la femme, le premier décupla les talents du second : désireux de célébrer l'extraordinaire beauté de sa jeune femme, Brigitte Bardot, qu'il avait épousée quatre ans auparavant, il écrit un scénario sulfureux pour l'époque , où l'héroïne laisse parler ses sens et se comporte dans les relations amoureuses avec une liberté qui semblait réservée aux hommes. Tourné entre mai et juillet 1956, à Saint-Tropez, sur le port et la plage de la Ponche, mais aussi à Gassin, La Croix-Valmer et Ramatuelle, le film fait naître deux mythes à la fois : celui de BB et celui de « Saint-Trop. ». Dans les hôtels de La Ponche et de L'Aïoli où loge l'équipe du tournage, une autre histoire d'amour se noue : BB tombe dans les bras de Jean-Louis Trintignant, qui la rejoint le soir, délaissant son épouse Stéphane Audran. À la clé, un an plus tard, un double divorce et l'achat de la Madrague par Brigitte
Réalisateur : Bruno Dumont
Année : 2016
Région : Hauts-de-France
Si certains Ch'tis reprochent à Bruno Dumont son regard souvent peu flatteur sur leur région, Ma Loute, une fable cannibale sélectionnée à Cannes en 2016, donne une image de carte postale de la Côte d'Opale, avec son ciel toujours bleu et les magnifiques dunes naturelles de la baie de la Slack. Pour leurs vacances loin de Lille, les riches héros Van Peteghem ont élu domicile au Typhonium, une drôle de construction égyptienne utilisée pour les plans extérieurs, et au château d'Hardelot pour les scènes intérieures. Tess de Roman Polanski avait déjà été tournée dans cette bâtisse néo-Tudor qui abrita les amours de Charles Dickens et de l'actrice Ellen Ternan. I. L.
Réalisateur : Martin Provost
Année : 2020
Région : Grand Est
Dans la France encore très tradi des années 1960, à l'écart des yéyés, Paulette Van der Beck (Juliette Binoche) doit se rendre à l'évidence, lorsque son mari meurt brutalement : leur école ménagère croule sous les dettes. L'histoire de son sauvetage financier permet au réalisateur de très bien rendre les splendeurs des Vosges. Dans leur rigueur hivernale comme sous leurs dehors printaniers. Où l'on découvre que la nature verdoyante qui domine la plaine d'Alsace est propice aux ébats dans une auberge secrète. Le banquier de l'école (Edouard Baer) a le bon goût d'avoir son bureau à Strasbourg, la magnifique capitale régionale, dont la flèche de la cathédrale est définitivement une des plus belles de la chrétienté, à l'égale de celle du Münster de Fribourg, de l'autre côté du Rhin.
Réalisateur : Cédric Klapisch
Année : 2017
Région : Bourgogne-Franche-Comté
À la mort de leur père viticulteur, ses trois enfants se retrouvent sur sa propriété en Bourgogne, le long de la côte de Beaune, entre Chassagne-Montrachet et Meursault. Le film raconte les retrouvailles difficiles entre Jean (Pio Marmaï), parti plusieurs années à l'étranger, Juliette (Ana Girardot), le « nez » de la famille, ravie de son retour, et Jérémie (François Civil), désireux de reprendre l'exploitation. Mais au fil des saisons, Cédric Klapisch raconte avec délicatesse comment les liens entre ces trois jeunes adultes vont se retisser et mûrir en même temps que le vin qu'ils fabriquent. C'est la passion de la vigne qui les unit. Un amour que le réalisateur partage lui aussi et qui lui a été transmis par son père…
Réalisateurs : Arnaud et Jean-Marie Larrieu
Année : 2005
Région : Auvergne-Rhône-Alpes
Tous les sens sont en éveil dans ce film libre et délicat des frères Larrieu, qui décrit la renaissance du désir chez un couple de quinquas en préretraite (Sabine Azéma et Daniel Auteuil), grâce à leurs voisins échangistes (Sergi Lopez et Amira Casar). Pourtant originaires des Pyrénées, les réalisateurs ont planté cette fois leur caméra dans le cadre naturel magnifique des Alpes et l'un des personnages, peintre à ses heures, son chevalet devant une vieille maison perdue dans les collines du Vercors. Film sensuel et utopiste, Peindre ou faire l'amour esquisse la possibilité d'un bonheur et la fragilité de l'instant, en même temps qu'une nature à la beauté changeante comme le temps qui fait et qui passe.
Réalisateur : Jacques Demy
Année : 1970
Région : Centre-Val de Loire
Grand amateur de décors naturels Jacques Demy n'a eu que l'embarras du choix en pays de Loire pour choisir les châteaux idoines de sa version pop du célèbre conte de Perrault. Entouré de douves, le Plessis-Bourré à côté d'Angers renforçait le côté étouffant du huis clos de Catherine Deneuve, alias Peau d'âne, avec son père Jean Marais dans les premières scènes. Pour les retrouvailles du happy end de ce blockbuster de Demy à Chambord , rien de tel que l'arrivée en hélicoptère de Delphine Seyrig, la marraine, pour rendre hommage à la silhouette panoramique du plus grand château de la Loire, sans parler de son escalier à double révolution où se presse la procession ininterrompue de jeunes prétendantes à l'anneau princier. Un patrimoine savamment entretenu depuis.
Réalisateur : Jean-Luc Godard
Année : 1965
Région : Provence-Alpes-Côte d'Azur
Jean-Luc Godard a le chic pour les couples cultes sur les îles fétiches. Deux ans après le tournage du Mépris à Capri avec le couple mythique Bardot-Piccoli, le cinéaste prenait ses quartiers sur le joyau des îles d'Hyères pour y tourner Pierrot le Fou. Interdit aux moins de 18 ans pour « anarchisme intellectuel et moral » à sa sortie, le film est devenu un totem de la nouvelle vague. Aujourd'hui encore, les fantômes de Jean-Paul Belmondo et d'une Anna Karina, martelant « Qu'est-ce que je peux faire, j'sais pas quoi faire ! » hantent la plage Notre-Dame, la plus grande de l'île classée parc national sous l'impulsion de Georges Pompidou. Pour esquiver les foules estivales, on optera pour le Mas du Langoustier, véritable institution à la pointe ouest de l'île.
Réalisateur : Guillaume Canet
Année : 2010
Région : Nouvelle Aquitaine
Il n'avait pas besoin de ça pour attirer les visiteurs. Mais depuis la sortie du film Les Petits Mouchoirs, l'image du Cap-Ferret a gagné en éclat, désormais irrémédiablement attachée aux vicissitudes de la bande de potes réunis par Guillaume Cannet dans la superbe maison en bois de Max (François Cluzet), inspirée des cabanes ostréicoles, sur la conche du Mimbeau. Sorties en bateau dans le Bassin d'Arcachon, balades sur la plage, repas chez Jean-Louis (Joël Dupuch), l'ostréiculteur-restaurateur qui joue son propre rôle. Tout y est pour tomber sous le charme. D'autant que l'an dernier, l'acteur-réalisateur a replanté son décor au même endroit pour la suite de ce film réflexion sur l'amitié : Nous finirons ensemble.
Réalisateur : Eric Rohmer
Année : 1996
Région : Bretagne
Présenté à Cannes dans la section Un Certain Regard, ce volet estival des Contes des quatre saisons retrace les errances amoureuses du tout jeune Melvil Poupaud sur la Côte d'Emeraude, entre plages et bocage. Le coeur de Gaspard, étudiant rennais en vacances, balance entre trois prétendantes et trois lieux magiques : Margot et Dinard, Solène et Saint-Malo, Léna et Saint-Lunaire. Près d'un quart de siècle plus tard, on continue de prendre le bus de mer entre les deux premières villes, de se baigner plage de l'Ecluse et de draguer en boîte à La Chaumière. Seules les tournures de phrase ont (joliment) vieilli !
Réalisateur : Pascal Thomas
Année : 1989
Région : Nouvelle Aquitaine
Quand ce long métrage a été tourné, le pont qui relie désormais Ré au continent n'avait pas été construit. Le scénario est assez lâche, fidèle à la manière de Pascal Thomas : pendant l'été, les hommes sont partis en vacances avec les enfants et leurs épouses ou amantes sont restées à Paris. Des deux côtés, de petits drames amoureux surviennent, ou des prises de conscience existentielles s'accélèrent. Durant près de deux heures, les uns et les autres sillonnent à bicyclette les chemins de l'île, pas encore envahie par les touristes, sous une météo changeante comme il se doit, mangent et boivent beaucoup, le tout dans une bonne humeur parfois factice. Un petit air de comédie italienne sur les bords de l'Atlantique renforcé par la présence obsédante du Via Con Me de Paolo Conte, que le film transforme en tube hexagonal.