En août, deux faits divers ont défrayé la chronique animalière. Dans la Loire, Étienne un taurillon s’est échappé d’un abattoir avant d’être anesthésié par les sapeurs-pompiers, ce qui a rendu sa viande inconsommable pendant trois semaines. Une mobilisation populaire, menée par l’élue stéphanoise Véronique Falzone, a alors permis de le sauver. Racheté pour 1000 euros grâce à une cagnotte participative, le jeune bovin a été rapidement transporté dans la « pension » de Patrick Dufour, près de Dieppe, en Seine-Maritime.
coup de coeur
Et Dieu créa la femme... et le mythe Bardot
Le 28 novembre 1956, le film de Roger Vadim, Et Dieu... créa la femme, sort au cinéma, donnant naissance au mythe Bardot.
Il y a soixante-cinq ans sortait en France le film Et Dieu... créa la femme. Roger Vadim, jeune cinéaste, propulse Brigitte Bardot comme star internationale. L’actrice devient alors l’icône de la libération des mœurs.
Il a suffi d’un film au parfum de scandale pour faire d’elle une superstar, un sex-symbol, l’incarnation même de la libération des mœurs... Le 28 novembre 1956, Et Dieu... créa la femme, signé Roger Vadim, débarque dans les salles obscures du pays. Deux lettres, deux initiales, vont tout changer : BB.
Brigitte Bardot, 22 ans, incarne Juliette, jolie et sensuelle jeune femme qui fait chavirer les cœurs à Saint-Tropez. Face à elle, les comédiens Jean- Louis Trintignant, Christian Marquand et Curd Jürgens jouent les amoureux transis. Mais Vadim, outre le fait de chambouler le cinéma en tournant en extérieur – chose rare à l’époque – fait aussi de sa muse un personnage sulfureux exprimant son désir, sa sexualité et sa liberté, comme les hommes.
Les bien-pensants crient au scandale. Les ligues de vertu aussi. Mais pour le public, il y a déclic. Dans le film, les hommes font ce qu’ils veulent sans être jugés ; alors pourquoi une femme ne pourrait-elle pas en faire de même ? Le désir féminin est exprimé à l’égal du désir masculin : c’est une révolution dans le cinéma français, mais aussi pour cette société dans laquelle les femmes n’ont, en ce temps, le droit de vote que depuis à peine neuf ans.
« Brigitte Bardot est une jeune femme de 22 ans faisant irruption dans un monde de vieux. C’est une irruption qui choque, car elle est brusque, radicale. La société française ne s’y attendait pas », écrit Antoine de Baecque dans La Nouvelle Vague : portrait d’une jeunesse (éditions Flammarion). L’image d’une jeune femme sexuellement émancipée, aussi libre que les hommes, fait plonger dans la modernité une société réactionnaire. Celle-là même qui, comme l’indiquait le plaidoyer Pour Brigitte en 1962 dans Positif, « n’entend pas qu’on lui révèle son conformisme douillet en portant atteinte à ses préjugés vitaux ».
Féminité rime avec liberté
Brigitte Bardot bouscule alors les tabous moraux de l’époque. Féminité rime avec liberté. Elle devient un modèle pour les jeunes filles, pour les femmes. Des scènes de nu jusqu’à la séquence mythique de la danse mambo endiablée, l’actrice (du moins son personnage ingénu et provocateur) redéfinit les contours de la famille, de l’amour, des relations, du couple. « Si Dieu créa la femme, c’est BB qui l’a libérée », écrivit Yves Bigot, dans Brigitte Bardot : la femme la plus belle et la plus scandaleuse du monde (éditions Don Quichotte).
Malgré la censure qui frappe le film, Brigitte Bardot devient la plus parfaite incarnation de la femme libre et indépendante, écrasant du talon des années de patriarcat judéo-chrétien. Dotée d’une aura érotique aberrante pour l’époque, BB vient de donner un coup de pied dans la fourmilière, provoquant l’hystérie médiatique. Ouvrant, aussi, un débat sur la moralité, la place des jeunes dans la société et leur sexualité... Surtout celle des femmes !
Un long-métrage "satanique" outre-Atlantique
Même outre-Atlantique, le film de Vadim crée des vagues, provoque des remous et fait trembler l’Amérique quand il sort. Le long-métrage y est décrit comme « satanique » (!) et les Églises catholiques et protestantes fustigent cette œuvre « qui incite à la débauche » ; elles incitent au boycott. Un archevêque va même jusqu’à acheter tous les billets du cinéma Palace Theater, à Lake Placid, pour que personne ne puisse voir le film.
Mais là encore, le bouche-à-oreille au parfum de doux scandale ramène fi nalement les foules dans les salles. Et c’est un succès au box-office... Le mythe BB est désormais international. Son personnage est devenu symbole d’une époque, celui de femme affranchie de tout sentiment de culpabilité, envoyant valser les tabous imposés par la société. Fin des années 1950, Et Dieu... créa la femme a changé le cinéma et les mœurs.
Brigitte Bardot confiera, plus tard, n’avoir qu’un seul mauvais souvenir : « Quand le fi lm s’est arrêté et que le rêve prenait fi n, avec ma séparation d’avec Vadim... »
Harcourt Chanson française Coffret....Brigitte Bardot en chanson....
Ed Harcourt (Interprète) (Vinyle album). 3 volumes Paru le 8 octobre 2021
Prix : 29,99 euros
En Seine-Maritime, les vaches passent leur retraite dans les pensions de la Fondation Brigitte Bardot
Très implantée dans ce département, la fondation recherche de nouveaux éleveurs susceptibles d’accueillir des animaux de ferme en souffrance ou rescapés des abattoirs. Reportage près de Dieppe chez l’un d’eux, Patrick Dufour.
L'éleveur Patrick Dufour, près de Dieppe (Seine-Maritime), a décidé de transformer son exploitation en pension pour bovins maltraités ou en fin de vie. LP/ Frédéric Durand
Quelques semaines plus tard, Sahara, un petit veau, était trouvé errant à la frontière Suisse. Il avait réussi son évasion d’un abattoir clandestin. Là encore, la petite femelle a rejoint, après un biberonnage, Étienne en Normandie. Les deux bêtes occupent aujourd’hui le même enclos en toute sécurité et à l’abri de toute agression. Ces sauvetages, les deux bovins les doivent à la Fondation Brigitte Bardot et aux pensions fondées en 2009 pour sauver des animaux maltraités afin qu’ils vivent jusqu’au bout, tranquillement.
B+B=BB au Kibélé...il reste des places ! les 21 et 22 novembre 2021 !
B+B=BB, Béate et Benoît s'amusent à mettre en scène les années Bardot. Un piano, un saxo, une guitare, un ukulélé et quelques coquillages et crustacés. Cécile Beaudoux et Tristan Garnier, en duo de choc amoureux et drôle, vous invitent avec délectation à revisiter le mythe BB.
Rdv au 12 rue de l'Echiquier, 75010 Paris le dimanche 21 novembre et Lundi 22 novembre 2021 à
Brigitte Bardot sans « plus aucun revenu » : sa solution pour résister et se relever
Lorsque Brigitte Bardot a souhaité créer sa fondation, la star n’avait plus un sou en poche. La défenseuse des animaux a expliqué comment elle était parvenue à rassembler la somme nécessaire lors d'une interview avec la journaliste Caroline Pigozzi de "Paris Match" retranscrite dans le livre "Pourquoi eux"
Brigitte Bardot ressemble plus à la cigale qu’à la fourmi dans les fables de Jean de la Fontaine. Lorsque la star a souhaité créer sa fondation, elle n’avait plus aucune économie. “J’ai commencé très modestement en 1986 à ‘La Madrague’, avec un avocat tropézien et une amie”, s’est-elle souvenue lors d’une interview avec la journaliste Caroline Pigozzi de Paris Match sur laquelle la reporter est revenue dans son livre intitulé Pourquoi eux : ils ont fait notre époque, à paraître aux éditions Plon, le 18 novembre prochain.
Pour obtenir le statut de fondation, Brigitte Bardot devait payer 3 millions de francs. “Or, j’étais incapable de réunir une telle somme, avait confié la mère de Nicolas-Jacques Charrier, peu attachée à l’argent, ayant dilapidé la majorité de mes gains de star, je n’avais plus aucun revenu.” L’ex-actrice, qui aurait pu interpréter une James Bond girl, s’est alors démenée pour récolter des sous : “Je me suis installée pendant deux mois sur le marché de Saint-Tropez pour vendre mes souvenirs, des bracelets, des colliers, rapportés du Brésil, du Mexique, des photos que je dédicaçais, mes jupons, mes chapeaux…” Brigitte Bardot s’est aussi séparée d’objets de grande valeur, “dans la foulée, j’ai mis aux enchères à Paris, tout ce que je possédais de valeur : les bijoux précieux que m’avait offerts mon mari Gunther Sachs, ma robe de mariage avec Vadim, de l’argenterie, des meubles et même ma guitare”.
Brigitte Bardot a cédé tout ce qu’elle possédait à sa fondation
C’est lors de cette vente que celle qui a été condamnée pour injures raciales a prononcé cette phrase : “J’ai donné ma jeunesse et ma beauté aux hommes, maintenant je donne ma sagesse et mon expérience aux animaux.” La Fondation Brigitte Bardot a ainsi pu voir le jour. Une fondation à laquelle la star internationale a tout cédé de sa maison de campagne de Bazoches, en passant par La Madrague dont elle n’a gardé que l’usufruit, ou encore les droits d’auteur de ses livres.