La Confédération paysanne s'est d'abord invitée illégalement sur le chantier, le 12 septembre 2013, puis le 28 mai 2014, pour démonter la machine de traite. Le 13 septembre suivant, la première traite de 150 vaches a lieu. Mais alors que la SCEA Côte de la Justice n'a l'autorisation de n'accueillir que 500 bêtes, en juin 2015, un ancien salarié dénonce de mauvaises conditions de vie des animaux et leur nombre, beaucoup plus important. Un contrôle suit : près de 800 vaches sont recensées.
Le début d'une bataille judiciaire qui ira jusqu'au Conseil d'Etat. « A ce jour, aucun jugement définitif n'est prononcé, nous considérions que nous étions dans notre droit de réaliser des regroupements, explique Véronique Rétaux, porte-parole de la SCEA. Mais nous avons décidé d'arrêter, car cela fait six ans que nous sommes dans le flou artistique quant aux autorisations sur nos capacités. A 1000 vaches, nous étions rentables. Là, nous perdions de l'argent. Par ailleurs, la laiterie belge Milcobel, la seule qui acceptait de ramasser notre lait, nous avait annoncé qu'elle recentrait ses activités sur son pays. »
Mais elle ne regrette rien : « Nous sommes tristes d'arrêter un tel modèle et fiers d'avoir ouvert cette voie-là. De nombreuses personnes sont venues visiter. Chacun a pu voir que les vaches étaient bien soignées. D'ailleurs, aucune autre ferme en France n'a dû être contrôlée comme la nôtre ! » Le site Internet Web-agri a lancé un sondage : 59,1 % des lecteurs estiment qu'il s'agit là d'un véritable gâchis. « C'est dommage, commente Guillaume Clop, président des Jeunes agriculteurs de la Somme. Il n'y avait aucun doute quant au bien être animal, car le lait était de bonne qualité. Le fait d'avoir sur le dos des associations contre soi, ça doit être pesant au quotidien. »
La Fondation Bardot veut récupérer les vaches
De son côté, Franchis Chastagner, président de l'association locale Novissen, ne cache pas sa satisfaction : « Cela fait dix ans que nous nous battons contre cette ferme. C'est juste de l'agrobusiness à une période où nous sommes en surproduction laitière. Cela prouve que ce n'était pas le modèle d'élevage à retenir. Leur méthaniseur n'a jamais fonctionné. Tout cela, c'est de la délinquance économique. Nous souhaitons maintenant garder un œil sur l'avenir des 1700 vaches et génisses. » La Confédération paysanne, de son côté, évoque une « victoire majeure ».
Une petite partie du cheptel devrait être revendue à des éleveurs. Les autres prendront la direction de l'abattoir. La fondation Brigitte-Bardot a proposé de les récupérer pour les placer en pension. Mathieu Ramery, fils du fondateur décédé, a refusé : « On trouve ça dramatique, invraisemblable. Elles ne méritent pas ça », commente Christophe Marie, porte-parole de la fondation. La SCEA Côte de la Justice poursuivra son exploitation agricole de 1000 hectares. Elle emploie aujourd'hui 25 salariés. Certains seront reclassés. Quant aux bâtiments, ils pourraient être reconvertis dans l'élevage d'animaux à viande voire en plates-formes de logistique.
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