Ursula von der Leyen prête à relancer le massacre des phoques ?
Depuis un règlement de 2009 relatif au commerce des produits dérivés du phoque, il n’est plus possible d’importer sur le territoire européen des biens obtenus par le massacre de ces animaux polaires. Mais discrètement, la Commission européenne a lancé en mai un audit de cette restriction à la demande de pays scandinaves. Brigitte Bardot et l’eurodéputée Marion Maréchal craignent que le sang des bébés phoques coule à nouveau sur la banquise.
C’est au terme de longues années de bataille, depuis son coup d’éclat provoqué par l’arrêt brutal de sa carrière au cinéma en se faisant photographier auprès des blanchons (bébés phoques) de la banquise canadienne en 1977, que Brigitte Bardot a enfin obtenu sa « plus grande victoire » en 2009, avec l’arrêt de la commercialisation et de l’importation des produits dérivés de phoques sur le sol européen.
Un règlement qui a sauvé des milliers de phoques
Plus connu sous le nom de Règlement sur le commerce des produits dérivés du phoque, le Règlement 1007/2009 avait pour objectif d’harmoniser les règles commerciales dans l’ensemble du territoire et, de là, sauver chaque année plusieurs centaines de milliers de phoques d’une mort brutale et douloureuse selon les mots de la chanteuse de La Madrague : « Chaque année plusieurs centaines de milliers de phoques sont tués à coups de gourdins qui leur fracassent le crâne avant d’être dépiautés, vivants, pour alimenter le marché de la fourrure… ».
Le Règlement en question permettait également de répondre aux préoccupations grandissantes des citoyens européens sur le bien-être animal. « Des individus tirent sur ces êtres sensibles ou leur fracassent le crâne (…) ils agonisent fréquemment sur la banquise, dans la douleur », affirme l’association de protection des animaux, PETA, sur son site, et rappelle que leur peau ou leur fourrure est ensuite utilisée pour des vêtements ou des sacs par exemple.
Encore des accords commerciaux douteux sur le dos des animaux
Dans un récent dossier publié sur Frontières au sujet de l’affaire Paul Watson, il était question d’étranges rapports de force et accords commerciaux douteux entre le Danemark et le Japon autour de l’éolien, au cœur des potentiels motifs de l’arrestation invraisemblable du défenseur des baleines qui entravait la chasse nippone des cétacés, pourtant illégale. Sur le bureau de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, ce serait cette fois des revendications de certains États membres de l’Union Européenne bordant la mer Baltique, à savoir l’Estonie, la Finlande, la Lettonie et la Suède, qui auraient poussé la cheffe de la CE à remettre en doute les avancées obtenues sur la protection des phoques depuis 2009.
Parmi ces revendications, la problématique d’une « population grandissante de phoques causant des dommages aux stocks de poissons et aux engins de pêche ». Y voyant un risque pour la situation socio-économique de ces territoires, von der Leyen a immédiatement donné raison aux lobbies et acteurs commerciaux en leur promettant un audit complet dudit règlement. Mais selon l’ONG IFAW, ce règlement devrait être « célébré » et « non évalué », craignant qu’il ne soit assoupli. De fait, c’est la première fois que la Commission Européenne se prête à un tel exercice pour l’ensemble du règlement sur le commerce des produits dérivés du phoque.
Brigitte Bardot et Marion Maréchal montent au créneau
« Madame la Présidente, je ne demande pas de cadeau pour mes 90 ans mais j’aimerais qu’on ne piétine pas les trop rares avancées obtenues durant ces décennies de combats ! ». Ces mots sont adressés à la Ursula von der Leyen sous la plume de Brigitte Bardot qui fêtait récemment ses 90 ans. L’icône du bien-être animal craint en effet une marche arrière sur ces avancées difficilement acquises. Plus étonnant, car d’habitude discrète sur ces questions, c’est la fraichement élue députée européenne Marion Maréchal qui se saisit du sujet en adressant ce lundi 07 octobre une question écrite au Parlement européen, dans laquelle elle interroge : « Pourquoi la Commission a-t-elle estimé nécessaire d’entreprendre un bilan de la règlementation européenne concernant le commerce des produits dérivés du phoque alors que celle-ci comporte déjà des dérogations strictes qui semblent correctement remplir leurs objectifs ? ». On savait Marine Le Pen et Brigitte Bardot main dans la main sur les questions animales, désormais Marion Maréchal semble vouloir elle aussi mener la bataille pour les phoques. Un problème toutefois : à ce stade, aucune réponse de la Commission Européenne quant au résultat de cet audit. À suivre, donc.