Sur les 165 macaques de Java installés à la Pinède des Singes dans les Landes, seuls Junior et Miguel ont échappé à l'euthanasie. Une histoire rocambolesque que nous raconte Arnold Lhomme, responsable du service enquête à la Fondation 30 Millions d'Amis.
"Si Junior, 20 ans, et Miguel, 17 ans, sont encore en vie, ils le doivent à leur esprit rebelle, s'émeut Arnold Lhomme. Ce sont les deux seuls primates qui n'ont pas pu être capturés." Pourtant, au départ, la vie de ces deux intrépides, comme celle des 163 autres macaques, était en sursis. Tout commence en avril 2016, lorsque le parc animalier la Pinède des Singes à Labenne, dans les Landes, est mis en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Dax. "La préfecture des Landes nous a sollicités, avec la Fondation Brigitte Bardot, pour replacer les 165 primates. Nous avions trouvé des places pour 50 d'entre eux. Puis, comme deux repreneurs, dont le zoo de Labenne, s'étaient présentés, la préfecture n'a pas retenu nos propositions", explique Arnold Lhomme.
Des singes malades mais viables
Dans un premier temps, le sort de ces singes semblait réglé, puisque le zoo de Labenne, nouveau propriétaire, souhaitait rouvrir la Pinède. Comme il s'agissait d'un parc où les animaux étaient en liberté au milieu du public, la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) a demandé des tests sanitaires plus poussés. Malheureusement, les macaques étaient positifs au virus de l'herpès B, une maladie potentiellement mortelle pour l'homme. La réouverture du parc était donc impossible. Après des tests de confirmation, la DDPP a conseillé au repreneur d'euthanasier l'ensemble des primates. "Cette maladie ne se transmet que s'il y a morsure ou griffure. Dans un zoo classique, où le public et les animaliers ne sont jamais en contact avec les animaux, ces singes pouvaient poursuivre leur vie. Il n'y avait aucune raison de les euthanasier, explique le représentant de la Fondation 30 Millions d'Amis. Une issue positive pouvait être trouvée. Malheureusement, personne ne nous a mis au courant de l'évolution de la situation. Nous avons appris l'euthanasie des primates le jour même. Bien sûr nous n'aurions pas pu tous les préserver. Mais si nous avions pu en épargner 20 ou 100, c'était autant de vies de sauvées !".
Une nouvelle vie tranquille
"Après l'euthanasie de leurs congénères, les soigneurs du zoo de Labenne ont réussi à attraper Junior et Miguel. La Fondation 30 Millions d'Amis a proposé de les accueillir dans le sanctuaire du Refuge de l'Arche en Mayenne." Le préfet a fini par valider cette décision. Les animaux ont été transférés dans ce lieu et placés en quarantaine jusqu'à mi-novembre, "non pas parce qu'ils sont porteurs du virus de l'herpès B, mais parce que c'est obligatoire lors d'un échange d'animaux entre deux parcs", détaille le responsable du service enquête. Après ce confinement, Miguel et Junior rejoindront un enclos classique où le public pourra les apercevoir. "Ils pourront y vivre longtemps en toute tranquillité", conclut, finalement rassuré, Arnold Lhomme.
Elle aime Julien Clerc, Cabrel, Pagny et Julien Doré. Pour le reste…
Dans le livre "Moi je joue", BB évoque ses souvenirs de chanteuse. L’occasion pour nous d’interviewer l’icône qui, à 83 ans, n’a toujours pas mis sa langue dans sa poche.
Quel regard portez-vous sur la chanson française actuelle ? Vous auriez aimé travailler avec certains auteurs d’aujourd’hui ?
Je ne crois pas. Tout est tristounet, ça manque de rythme, de joie de vivre. Sauf Julien Clerc, qui exprime encore de la passion puissante dans ses chansons. J’aime bien aussi Francis Cabrel, Florent Pagny et Julien Doré.
Que pensez-vous des musiques plus urbaines, comme le rap ?
Certains rappeurs insultent la France et leurs chansons ne me plaisent pas du tout et me choquent profondément.
"Les Inrocks" qui font leur une sur Cantat, ça vous a choquée ?
Ce type-là, je l’ignore, il me dégoûte.
Chantez-vous encore lorsque vous êtes chez vous, juste pour le plaisir ?
Non, je ne chante plus, je n’ai plus envie…
De nombreux artistes évoqués dans le livre qui ont compté pour vous ont disparu. Quel regard portez-vous sur la mort ?
Elle m’effraye car je la côtoie chaque jour pour les animaux, mais on ne peut pas y échapper. Alors il faut s’y préparer avec courage et sérénité.
Vos apparitions publiques sont devenues exceptionnelles. A quoi ressemble votre vie loin des objectifs ?
C’est une vie de travail sans relâche pour la protection des animaux. Avec l’espoir d’arriver à améliorer leur sordide sort. Une vie quotidienne dure et difficile, où la chanson n’a plus sa place.
Retrouvez l’intégralité de l’interview dans le "Ciné-Télé-Revue" de cette semaine.
Les négatifs d’anciens numéros du magazine ont été développés en grand format pour le plus grand plaisir de nos mirettes.
Marilyn Monroe et l’éléphant du cirque Barnum, 30 mars 1955.
Dans notre Hexagone, une poignée de magazines perdure depuis des décennies et continue encore aujourd’hui d’enchaîner les publications dans nos kiosques de quartier. Parmi ces piliers de la presse écrite qui font de la résistance, on retrouve Paris Match, hebdomadaire axé sur l’actualité et la sphère people, et ce depuis 1949. Le journalisme et la photographie étant rarement dissociables, le magazine a dû faire appel à de multiples as de la photo au fil des années, aussi bien pour ses couvertures que pour l’illustration de dossiers.
Une fois n’est pas coutume, la galerie Argentic est allée déterrer les planches-contacts en négatif de plusieurs shootings iconiques du magazine français. Exposées en grands formats, ces images d’archives ont été sélectionnées par Paris Match et montrent qu’une bonne photo peut nécessiter plusieurs tentatives. Ainsi, les travaux de quelques photographes sont mis à l’honneur, à savoir Walter Carone, Maurice Jarnoux, François Pages, Jack Garofalo, Michou Simon et Patrice Habans.
Avec des photos argentiques en noir et blanc retraçant les 50’s et les 60’s, cette exposition est un pur voyage dans le temps qui permet de redécouvrir des personnalités emblématiques de l’époque sous un autre angle. On croise notamment Pablo Picasso, Jack Nicholson, Brigitte Bardot en justaucorps sur les toits de Paris ou encore Marilyn Monroe, rayonnante perchée sur le dos d’un éléphant. Une expo à zieuter d’urgence à la galerie Argentic dans le 5e arrondissement parisien, puisqu’elle s’achève le 18 novembre prochain.
Brigitte Bardot, "la petite fiancée de Paris Match", 1er mai 1952.
Sagan et sa Jaguar, 22 juin 1956.
Sylvette David et Pablo Picasso, juin 1954.
Arrivée des 24 Heures du Mans, 13 juin 1954.
Sylvette David et Pablo Picasso, juin 1954.
Arrivée des 24 Heures du Mans, 13 juin 1954.
Brigitte Bardot, "la petite fiancée de Paris Match", 1er mai 1952.
Sagan et sa Jaguar, 22 juin 1956.
Marilyn Monroe et l’éléphant du cirque Barnum, 30 mars 1955.
Paris Match Planches-Contacts", exposition jusqu’au 18 novembre 2017 à la galerie Argentic.
Bien que des mois se soient écoulés depuis la mort du chien de Steve Greig, ce dernier ne parvenait toujours pas à s’en remettre.
Après un mois ou deux, j’étais toujours déprimé en y repensant.”
“J’ai alors décidé que le seul moyen de m’en remettre serait de faire quelque chose de bien, une bonne action qui n’aurait probablement pas eu lieu s’il n’était pas mort.”
Dominique Marceau est jugée pour meurtre. Son amant, Gilbert, a été retrouvée mort, assassiné. Après une tentative de suicide ratée, la voilà devant juges, jurés et procureur, forcée de se remémorer une relation intense et tragique.
Une femme en colère.
Souvent célébrés pour leurs twists et leurs retournements de situation, on oublie parfois aux détours des conversations les plus pressées de s’attarder sur la dimension sociale des films de Clouzot. Les violences, les meurtres sont une belle occasion de passer au peigne fin la société de l’époque – l’espacement dans le temps de la filmographie du réalisateur permet, qui plus est, d’en contempler différentes profondeurs, toujours à remettre dans le contexte de leur époque. En 1960, fine augure de la décennie à venir, Clouzot semble deviner déjà les confrontations générationnelles et les bourgeonnements de libertés individuelles. Ces derniers viennent de pair avec une profonde défiance de la convention. Celle de toutes les institutions, de tous les passéismes, de tous les pouvoirs et de toutes les traditions.
Pour accéder à La Vérité, le jugement. Un jugement partial mais pas partiel, où les figures de puissance de la société, mâles et blanches, font ce qu’elles savent faire de mieux : réaffirmer leur(s) diktats. Le twist, dans La Vérité, on s’en passera bien : le meurtre est là, commis. Au tribunal, avocat de la défense compris (Charles Vanel, bonheur d’humanisme et lueur d’espoir quasi-littérale), personne ne le remet jamais en question. Le vrai sujet est autre. Le vrai sujet est de savoir si Dominique, sublime Brigitte Bardot, est prête à se reconnaître coupable du seul véritable crime qu’elle a commis : avoir osé, l’espace d’un instant, remettre en question le bien-fondé des éthiques arbitraires de la société.
Qu’on ne s’y trompe pas un instant : La Vérité est dévoué entièrement à la cause de Dominique. Le choix du cadrage durant les séquences du tribunal suffisent à convaincre, la caméra constamment placée derrière les épaules de la jeune femme, le spectateur subissant de plein fouet les regards inquisiteurs d’une salle entière muée en procureur – comme si le regard glacial du préposé officiel, le glaçant Paul Meurisse, ne faisait pas déjà merveilleusement son office. Si cela n’est pas assez, Clouzot colle à la peau de Bardot. Bien au delà de la raison. Bien au delà du synopsis de son scénario. Le vrai crime, s’il doit y en avoir un, réside dans la réduction de La Vérité au romantisme de son crime passionnel.
Étreinte tentaculaire
La justice arrache la biographie de Dominique comme on lui arrache le cœur. Voilà donc le portrait d’une jeune femme représentante de la jeunesse et d’un anti-conformisme naissant. La confrontation prend la forme d’une rencontre amoureuse. Alors qu’il semblait promis à Annie (Marie-José Nat), sœur de Dominique, Gilbert Tellier, jeune homme moyen, musicien moyen de classe moyenne dédié à un destin pas plus anormal que la médiane de ses qualificatifs tombe amoureux de cet interdit aux yeux de biche. Un homme qu’on présente comme innocent et “bien sous tous rapports”. En réalité, un homme médiocre, possessif, jaloux, infantile jusqu’à avoir des attitudes ridicules, passives, comme de celle du retour de la virée nocturne de Bardot, comme un gamin qui attend sa mère à la sortie de l’école. Le même gamin qui gribouille le nom de son amoureuse dans son cahier de texte, ici en l’occurrence, dans son agenda.
On pourrait écrire des lignes et des lignes sur le personnage et la performance de Sami Frey, évidemment excellent. D’autres l’ont fait, d’autres le font, d’autres le feront encore. Mais l’attrait, que dit-on, l’aimant Bardot et tout ce qu’elle représente est bien trop puissant pour faire de ce médiocre individu le centre d’une réflexion autour de La Vérité. On le répète, au delà du jugement pénal, le film transforme l’amour / haine impossible entre Dominique et Gilbert comme métaphore tragique entre la révolte de la jeunesse et le poids écrasant de la société. S’amusant d’abord des codes, cette jeunesse en reste malgré elle attachée, jusqu’à ce que le poids de la culpabilité et des promesses du confort viennent à rendre l’amour et la soumission. Frey, attaché par la moelle à son petit pouvoir, n’est rien d’autre qu’un musicien raté sans sa baguette de chef d’orchestre. Il n’aime jamais vraiment, se met plutôt au défi, ne confiant ses baisers qu’à la condition d’une révérence perverse qui doit lui être rendue, fuguant du lit charnel dès son affaire terminée, chuintant ses “je t’aime” sous le bruit porcin d’un orgasme nul et égoïste.
Durant un peu plus de deux heures, La Vérité est le témoin terrible de la pureté qui s’écroule. Le poids du destin, renforcé par le montage, pèse chaque seconde un peu plus, en même temps que les ramifications et les symbolismes se multiplient et étreignent Dominique. L’image de Clouzot se retrouve peut être le mieux dans le personnage de l’écrivain bohème. Celui qui propose, au détour d’une phrase anodine, qu’il faudrait que Dominique soit jugée par les jeunes pour être comprise. Celui qui insuffle, si doute il y avait, la vérité de sa morale. Celle rangée du côté de Bardot, celle de la vie et de la liberté, qui n’engendre que musique, danse et batifolages. Le cinéma nous apprend qu’il faut apparemment 12 hommes en colère pour remettre en cause la société. Clouzot nous prouve avec merveille, poésie et tragédie qu’il ne suffit que d’une seule femme pour faire de même.
La fiche
LA VÉRITÉ Réalisé par Henri-Georges Clouzot Avec Brigitte Bardot, Sami Frey, Charles Vanel France – Drame Sortie : 1960 Durée :124 min
Chien testant un masque à gaz, armée britannique, 1916.
Eux aussi sont morts pour la patrie, et on les a oubliés. Combattants à poil et à plume, ils ont sauvé des vies et donné la leur. Chiens messagers, chats espions, chevaux transporteurs, pigeons voyageurs... furent des soldats exemplaires. A l’heure des commémorations, Paris Match révèle le quotidien de ces modestes bataillons.
Son nom, il le portait bien. Vaillant. Matricule 787-15. Il fut le dernier, le 4 juin 1916, à quitter le fort de Vaux assiégé par les Allemands. Intoxiqué au gaz de combat, quasi mourant, il réussit à transmettre l’ultime SOS du commandant Raynal à Verdun. Seul rescapé libre du fort, il sera cité à l’ordre de l’armée, décoré de la Légion d’honneur, aura droit à son moment de gloire lors de l’apposition, en 1929, d’une plaque relatant ses mérites. Il s’éteindra en 1937. Sa dépouille est toujours exposée au musée militaire du mont Valérien. Empaillée. Vaillant était l’un des 60 000 pigeons voyageurs mobilisés par l’armée française durant la Première Guerre mondiale. Cette même année 1916, c’est un chien qui fut le seul recours de Français encerclés en Belgique, à Thiaumont. L’Etat-major lui confia un message les priant de tenir jusqu’à l’arrivée de troupes prévue le lendemain. Deux paniers de pigeons voyageurs faisaient aussi la route. Pigeons aussitôt renvoyés de Thiaumont avec de précieuses indications pour faciliter le passage des militaires et régler les bombardements. Malgré une balle reçue à la patte, notre soldat à poil prénommé Satan a rempli sa mission. La batterie allemande a pu être détruite. Satan était l’un des 100 000 chiens enrôlés durant la Grande Guerre.