Bourvil aurait eu 100 ans le 27 juillet 2017...

Publié le par Ricard Bruno

Bourvil aurait eu 100 ans le 27 juillet 2017...
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Quelques jours après la mort de Bourvil, le 23 septembre 1970, Paris Match rendait hommage à celui qui incarna le peintre en bâtiment Augustin Bouvet dans «La Grande Vadrouille» en 1966. Portrait d’époque.

Paris Match, le 30 octobre 1970. Par Yves Salgues

Il avait dit un jour :«Le personnage exceptionnel, c’est celui qui est capable d’être tout le monde.» Dans une industrie cinématographique marquée par la dictature des monstres sacrés aux cachets pharaoniques, il avait imposé une sorte d’artisanat rural.

A l’annonce de sa mort, jamais chagrin n’a été également ressenti dans toutes les classes de la société. Soudain, mercredi 23 septembre, en cette fin d’après-midi printanier, les dactylos se sont arrêtées, l’index levé sur une lettre. (…)

Le naturel des comiques de fêtes de villages

Avec son visage sculpté à coup d’instruments sommaires – on pense à ceux d’un sabotier – avec son air de sortir de la caserne à reculons pour faire semblant d’y rentrer, il avait – autant qu’un Raimu – le naturel des comiques de fêtes de villages. Paillasse, oui ! Mais qui atteignaient le rire en ligne directe, par des moyens ni élaborés ni sournois : le rire de l’innocence. Paillasse avec une grâce musicale d’une précision inouïe, avec l’efficacité des clowns et leur capital bonté. Mais un clown surgi d’une toile de Rouault plutôt que de Dufy et qui – pour atteindre au pathétique – savait «tordre son coeur comme du linge mouillé».

La force de Bourvil provenait pour une large part d’une lacune, déclarait Marcel Aymé. Il n’avait pas appris à tricher.

Fils de cultivateurs normands

1945. Au bas de l’affiche, chez Carrère, le cabaret snob de la rue Pierre-Charron, un garçon de 29 ans qui chante «les Cartes postales». Sa carte de visite : André Raimbourg, fils de cultivateurs, né à Prétot-Vicquemare, non loin de Bourville, dans le pays de Caux. A abandonné l’école primaire supérieure de Doudeville (il se destinait à la carrière d’instituteur) pour l’étude du cornet à piston. Ses débuts sur les planches : un numéro d’estaminet, à une époque (juste avant la guerre) où on pratique la quête à la mouche. Les artistes sont rémunérés au bon cœur du client. Dans une main, Raimbourg tient une soucoupe où le spectateur dépose une pièce. Dans l’autre, fermée, une mouche vivante est prisonnière. Quand Raimbourg remet la soucoupe à son directeur, celui-ci exige qu’il libère l’insecte. L’astuce du procédé : impossible de subtiliser le moindre centime.

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Il faut qu’il soit génial pour faire croire au public qu’il est bête

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Chez Carrère, Raimbourg – devenu Bourvil – fait rire. (…) Sa chance : Ray Ventura (…) a besoin d’un amuseur pour sa tournée française. Bruno Coquatrix lui indique Bourvil. (…)

1952. « La Route fleurie », opérette de Francis Lopez, commence à l’ABC une carrière qui se poursuivra pendant sept années. Le jeune premier, Georges Guétary, perçoit 100 000 francs par représentation. Bourvil, le comique, 15 000. Guétary attire la foule, mais Bourvil fait le triomphe. Guétary s’exclame, ahuri : «Il faut qu’il soit génial pour faire croire au public qu’il est bête». Désormais, la carrière de Bourvil est une escalade continuelle. Son atout : la loyauté et cette modestie des gens qui, dit-il, «font appel au dictionnaire chaque fois qu’un auteur lui lance un mot compliqué».

C’est l’astuce paysanne mise en avant comme une défense, une pudeur avouée. Célèbre, Bourvil découvre l’élégance : les complets sombres et clairs, les cravates de cachemire, les mocassins en chevreau. (…)

Avec Gérard Oury – «Le Corniaud», «La Grande Vadrouille», «Le Cerveau» - la carrière de Bourvil prend une véritable dimension internationale. Mais, plus ses cachets montent (100 millions de francs par film), plus il s’attire des sympathies par sa simplicité. (…)

Il citait souvent la phrase favorite de l’humoriste normand : «Je préfère aller à la poste hériter qu’à la postérité». (…) 

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Bourvil a le cancer de la moelle épinière.

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(NDLR : en 1968, un médecin diagnostique à Bourvil un cancer du sang et la maladie de Kahler).

Dans la profession, un bruit court : «Bourvil a le cancer de la moelle épinière». (…) Le mal, il veut le vaincre encore. Il accepte le rôle principal du «Cercle Rouge», sous la direction de Jean-Pierre Melville. Il a subi 92 bombardements au cobalt, mais ne se plaint pas. En revanche, il peste contre les assureurs qui refusent de renouveler leurs  contrats respectifs. Puis, lorsque Melville l’oblige à tirer sur des gangsters avec un révolver – il tient une arme à feu entre ses mains pour la première fois – il est pris de panique et éclate en sanglots. Tuer son prochain l’impressionne au plus haut point.

Un riche acteur paysan

Avec sa ferme au du Moulin, à l’extrémité de Bourville (cinq corps de bâtiments, 135 hectares, 200 têtes de bétail), avec sa propriété de Bolbec et ses divers terrains dans le pays de Caux, Bourvil était un riche acteur paysan.

Mort dans un fauteuil, comme Molière – dans une clinique dont le nom reste secret -, André Raimbourg a néanmoins choisi d’être enterré à Montainville : un village de 300 habitants, à l’écart de la route Paris-Deauville, où un parc d’un hectare s’éploie autour de sa maison de week-end.

La grille du cimetière, clos d’un mur de pierres grises, est peinte en bleu-vert. Bourvil avait découvert Montainville il y a treize ans, en présente de Jeannette, sa femme, et de ses deux enfants : Dominique et Philippe. «J’y reviendrai», avait-il dit. Puis, se ravisant : «Non, j’y reste».

Il y est, il y reste, Bourvil, qui proclamait : «Je vis comme M. Dupont». Bourvil qui n’était pas seulement un humain avec le sens du comique, mais et aussi et surtout un comique avec le sens de l’humain.

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