La fondation Brigitte Bardot tente d'aider au dialogue...
Un groupe de militants de l'association Fondation Brigitte Bardot a passé trois jours à Mayotte pour tenter de trouver une solution au problème posé par la surpopulation de makis sur l'ilot Mbouzi. La première étape consistait à renouer le dialogue entre les différents acteurs. Sauf les agriculteurs.
Christophe Marie repart "confiant mais
vigilant"
© FBB
Les makis de l'ilot Mbouzi sont au cœur d'une polémique qui dure maintenant depuis près de dix ans, opposant l'association Terre d'Asile qui a créé le lieu en 1987 et les Naturalistes de Mayotte, chargés de la gestion de ce qui est devenu entre temps une réserve naturelle nationale administrée par le conseil général de Mayotte qui en a la responsabilité.
La délégation de la Fondation Brigitte Bardot (FBB) est donc arrivée jeudi après-midi pour « voir ce qu'il est possible de faire » dans une situation qui « n'est pas simple ». Christophe Marie, directeur du bureau protection animale de la fondation, reconnaît un « sureffectif indéniable» de makis sur l'ilot Mbouzi. Reste à trouver des solutions acceptables, la pire étant l'euthanasie des lémuriens « qui enverrait un signal très négatif » vers une population qu'on tente de convaincre de l'intérêt qu'il y a à préserver différentes espèces propres à Mayotte et vers qui les autorités communiquent depuis de nombreuses années. On a dû mettre fin à Mayotte, depuis une dizaine d'années, à plusieurs pratiques ancestrales de consommation alimentaire, comme la tortue marine, par exemple.
Il semblerait donc qu'« il n'y aura pas de solution globale » et que l'on s'achemine vers un ensemble de mesures, mais qui mettront du temps à être mises en place. Or, le centre national de protection de la nature (CNPN), qui dépend du ministère de l'environnement, a fixé un délai d'un an pour « mettre un terme définitif à la présence de lémuriens sur la réserve naturelle nationale de l'ilot Mbouzi ». Intenable pour mettre en pratique les différentes solutions et même « fantaisiste » pour Christophe Marie qui affirme qu'« il faudrait trois ans ».
Sur les 800 lémuriens qui peuplent l'ilot « 200 sont âgés et vont mourir dans les deux à trois ans à venir » mais pour ceux qui restent, « il n'est pas envisageable d'amener des centaines de lémuriens en Grande Terre ». Ce qui, de toutes façons soulèverait un tollé de la part des agriculteurs. Une des solutions consiste donc à mener rapidement des « actions de contraception » qui ne pourront pas non plus toucher l'ensemble d'une population qui augmente de 10% par an, selon le CNPN. La FBB apporterait une aide financière à ces actions au « coût très lourd ».
Sur l'ilot Mbouzi, une trop grande promiscuité...
Une autre piste consiste à envoyer un certain nombre de makis dans des zoos de métropole. « Ils sont déjà captifs » nous dit Christophe Marie et c'est d'ailleurs là que réside une partie du problème. Les makis de l'ilot Mbouzi ne sont plus vraiment des animaux sauvages. Ils y sont nourris et ont des rapports étroits avec les humains. Tous ne pourront donc pas reprendre une vie sauvage. Le Refuge de l'Arche, en Mayenne, est prêt à en « accueillir une centaine », mais d'autres parcs zoologiques métropolitains pourraient les suivre, dans une moindre mesure.
Le directeur du bureau protection animale de la FBB a montré une certaine satisfaction à avoir participé à ce que le dialogue se renoue entre les acteurs, notamment entre les deux associations Terre d'Asile et les Naturalistes de Mayotte. On « entendait des invectives » mais il n'y « avait pas de dialogue ». Reste à faire entrer dans les négociations les agriculteurs qui souffrent déjà des ravages provoqués en Grande Terre par les makis, mais également par les roussettes qui prélèvent une quantité non négligeable sur les cultures, de l'ordre de 30 à 40%. Or, de ce côté là, on n'a pas avancé puisque les associations de préservation de la nature n'ont pas inclus les agriculteurs dans leurs discussions. Ce qui n'aura pas manqué de les faire réagir et dès ce matin, la FDSEAM (Fédération départementale des Syndicats d’exploitants agricoles de Mayotte) envoyait un communiqué rappelant que si les makis sont importants pour Mayotte, les agriculteurs aussi. (Lire « Makis et ours des Pyrénées même combat ? »
Après avoir rencontré le préfet vendredi après-midi, Christophe Marie a noté « une volonté de réunir les gens » et de ne pas agir « dans la précipitation » de la part des services de l'état. Quant au Conseil Général, qui porte pourtant la responsabilité de la gestion de la réserve naturelle nationale de l'ilot Mbouzi, « il n'y a pas eu de contact possible ».
Les représentants de la fondation Brigitte Bardot sont repartis dimanche matin « confiants mais vigilants ».