Fourrures interdites au spectacle de Raphaël Mezrahi !
Raphaël Mezrahi, humoriste, veut interdire aux porteurs de fourrures l’accès à son spectacle parisien ce lundi aux Folies-Bergère dont les recettes seront reversées à des associations de protection des animaux. Il est attaqué par les professionnels du secteur.
La Nuit de la déprime 2018, spectacle de l'humoriste Raphaël Mezrahi, va-t-elle dégénérer ce lundi en soirée de la rage? Programmé par le théâtre parisien des Folies-Bergère, ce rendez-vous choral réunit Marc Lavoine, Jean-Luc Lahaye, Olivia Ruiz, Romane Serda, Liane Foly et autres, autour de leurs chansons les plus… tristes. Seul bémol, les porteurs de vraie fourrure se verront interdire – sans rire – l'accès à la salle. Cette mise en garde a été réitérée à plusieurs reprises dans les médias par l'artiste – "Fuck la fourrure!" (Le Figaro du 4 janvier) – et sur les affiches promotionnelles de son spectacle visibles sur plus de 250 quais de métro. Adversaire de la chasse et végétarien depuis des années, Raphaël Mezrahi reversera l'intégralité des recettes de son show à des associations de protection des animaux. Le comique de 53 ans habite dans une ferme près de Troyes où il recueille les animaux blessés, et dit consacrer 80% de ses tweets à la cause animale.
Colère de la Fédération française des métiers de la fourrure
Cette campagne a, toutefois, suscité la colère de la Fédération française des métiers de la fourrure (FFMF). Celle-ci a adressé vendredi une mise en demeure à l'artiste, son agent, la société d'exploitation des Folies-Bergère et la régie publicitaire Metrobus. "Nous ne sommes pas ici dans de l'humour au second degré. La mention et la menace de refouler les éventuels spectateurs qui arriveraient en portant de la fourrure constitue une atteinte aux libertés publiques et un délit de discrimination", argumente Me Emmanuel Pierrat, conseil de la FFMF. La Fédération promet de saisir la justice si les organisateurs du spectacle ne retirent pas la mention et persistent à vouloir bloquer l'accès aux porteurs de vraie fourrure. Pour son président, Philippe Beaulieu, la campagne de Raphaël Mezrahi jette l'opprobre sur les 2.500 personnes qui travaillent pour la filière en France, éleveurs de visons et lapins Orylag, fourreurs et professionnels de la mode. "Cela fait trente ans que l'on nous traîne dans la boue à coups de mensonges sur nos méthodes d'élevage. En outre, il est intolérable que l'on interdise aux gens de s'habiller comme ils le veulent. C'est de l'intégrisme vestimentaire", réagit Philippe Beaulieu.
On n'interdit rien à personne. Il y aura des spectateurs avec de vraies fourrures qui seront - hélas - les bienvenus
Raphaël Mezrahi insiste sur le caractère caritatif de sa soirée. "J'ai toujours défendu la cause animale et ma seule et unique religion est le respect de la vie. Lundi, c'est un spectacle au profit des animaux comme il est écrit également sur l'affiche. Mais on n'interdit rien à personne. Il y aura des spectateurs avec de vraies fourrures qui seront - hélas - les bienvenus et leur contribution servira pour la bonne cause", réagit-il. "Je vais aussi décevoir les fans de Julien Doré car je ne lui ai jamais envoyé de fax comme indiqué sur l'affiche", ajoute-t-il.
Le "cas" Mezrahi est loin d'être isolé. Le combat en faveur des animaux mobilise aussi parmi les hommes politiques. Le 8 février, Nicolas Dupont-Aignan ouvrait un front en déposant une proposition de loi interdisant la production de fourrure en France. Le parlementaire non inscrit invoque la "pression" exercée par "des associations de protection animale" et leurs "reportages vidéo tournés dans certains abattoirs et fermes d'exploitation". "L'opinion publique a considérablement évolué et admet de plus en plus difficilement que l'animal soit considéré comme un objet destiné au seul plaisir de l'homme, sans tenir compte de sa souffrance", écrit-il. Son initiative fait suite à celle d'un collectif de députés de tous bords (La France insoumise, LREM, LR, PC et MoDem) pour en finir avec la "pratique barbare" de la chasse à courre.