Elections Européennes 2019 Message aux votants

Publié le par Ricard Bruno

Elections Européennes 2019, Message aux votants 
Pourquoi voter pour une liste de défense des animaux aux élections européennes de ce jour n'est pas aussi absurde qu'on le pense ?

 

Tout d'abord, je dois préciser que je suis habituellement contre tout parti sectoriel quelqu'il soit puisqu'il est toujours problématique de réduire la politique à un seul sujet.

 

Le propre de la politique est de chercher à rassembler et à faire dialoguer des positions contraires afin d'éviter la chute dans le vide (et la violence) des lieux sans vision politique.

 

...Mais plaçons nous dans notre nécessaire rapport à l'actualité: Nous sommes en 2019, après notamment que les Français aient dit Non à l'Europe ( du moins à celle, toute administrative, de Bruxelles) par référendum en 2005 et qu'ils furent néanmoins considérés par Sarkozy comme "ayant mal voté".

 

D'ailleurs, Sarkozy a imposé (comme beaucoup d'autres présidents, de droite et de gauche, n'auraient pas hésité à le faire) cette Europe administrative aux Français par le traité de Lisbonne en 2007 ( en clair, quand le peuple n'est pas d'accord, il faut le traiter comme un enfant récalcitrant et lui enfoncer de force le suppositoire qui le rendra politiquement correct pour qu'il n'ait plus qu'à aller 'au dodo').

 

Cette Europe n'écoute pas les peuples qu'elle est censée rassembler et représenter ...mais non pas annuler.

 

Cette Europe, qui sort de temps à autres quelques bonnes réglementations, en propose une multitude d'autres néfastes et laisse se renouveler, par exemple, les actions du lobby de Bayer/Monsanto dont il n'est plus à prouver que ses produits sont dangereux pour la nature et l'humain (condamnation par la justice US dans l'affaire Dewayne Johnson, un jardinier américain atteint d’un cancer attribué au glyphosate), en plus de rendre les agriculteurs financièrement et à jamais dépendants.

 

Toujours à cause des réglementations européennes, qui subventionnent les uns (pas nécessairement les plus méritants) et ruinent les autres, un fermier du Morbihan est obligé de vendre son veau a moins de 5 eur. sous la contrainte des "lois du marché" telles qu’ imposées par l'UE (au point d'absurdité où l'on en est, on devrait proposer le rachat de ces animaux par des associations les défendant et les faisant ainsi échapper autant à la mort qu'à la sur-exploitations pour les faire adopter comme animaux de compagnie par des particuliers ayant un assez grand jardin pour les accueillir: expression poétique d'un sauvetage purement gratuit).

 

L'Europe est aussi le lieu où se nouent des pactes douteux avec des pays loin d'être démocratiques ou ayant des visées d'hégémonie politique ou théologico-politique sur le continent, sans que les citoyens en soient informés (humains livrés à une future boucherie?).

 

L'Europe, c'est encore ces "forces spéciales" aux costumes bizarrement gris-noir qui sont intervenus au moment le plus risqué pour le pouvoir Macron face aux gilets jaunes, mouvement aux revendications sociales de base parfaitement légitimes, même s'il leur reste par ailleurs à se choisir des représentant dignes de ce nom et à faire le ménage concernant certaines franges anti-républicaines /anti-démocratiques qui se sont glissées parmi eux.

 

L'Europe, et la Philosophie en parle depuis la Première Guerre Mondiale, est en vérité en pleine crise: Crise d'identité et pas seulement économique.

 

Ce refus d'assumer ses racines les plus anciennes mène l'Europe et plusieurs de ses pays comme la France à accepter tout et n'importe quoi, et il semble même qu'il y ait une sorte d' "atteinte mentale de type masochiste" avec une jouissance particulière à inverser ses propres valeurs.

 

Ainsi, un couple de japonais qui s'était installé en France pour se lancer dans la production de vins locaux et qui commençait à avoir du succès est menacé d'expulsion

 

https://www.ouest-france.fr/région-occitanie/pyrenees-orientales/malg ré-un-vin-d-exception-des-vignerons-japonais-menaces-d-expulsion-586 0999

...Mais concernant le retour des djihadistes de Syrie en Europe, la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, n'a pas eu le courage de refuser par principe tout retour de ces gens extrêmement dangereux où que ce soit en Europe et s'est contentée d'abandonner cette responsabilité aux États dont elle ne sait que pomper l'argent, disant simplement qu' «il n'y aura pas de décision au niveau de l’Union européenne. Elle relève de la compétence de chaque gouvernement ».  
 
J'arrête ici la liste des irrationalités de l'Europe administrative pour laquelle le citoyen est obligé de voter. 
 
Voter reste cependant important pour ne pas laisser des irresponsables pareils continuer à détruire des vies sans en rien s'en rendre compte puisque dans leur univers, tout n'est que dossiers sous lesquels étouffent les visages et leurs vies réelles. 
 
Et c'est ici précisément, maintenant que l'aporie est mise à nue et la limite du non-sens atteinte, que se pose la question: Voter pour un parti d'alternative radicale, qui ne prétend pas non plus changer le monde du jour au lendemain, mais qui peut assez choquer les élites administratives pour prétendre qu'une vie animale peut valoir plus et mieux que leurs débats incapables d'accoucher d'une décision rationnelle et fidèle à un minimum de bon sens pour la Res Publica (la Chose publique), ...voter pour ce parti, ne serait-il pas enfin le moyen d'envoyer cet électrochoc à ces cravatés autant désensibilisés envers les vies humaines qu'envers les vies animales? 
 
D'ailleurs, il est intéressant de noter qu'historiquement parlant, l'évolution des violences envers le monde animal est un signe précurseur de la manière dont les humains finissent par être traités. 
L'Écrivain Dantec disait que les nazis ont perdu la guerre ..mais qu'ils ont gagné le monde.ll y a quelque chose de vrai en cela dans l'universalisation des méthodes de production à la chaîne (qui existent certes dans l'économie civile depuis 1900 mais ont trouvé leur modèles de "rentabilité optimum" dans les camp de concentration nazis en 39-45) où chaque millimètre de barrière et système de contrainte physique est étudié pour rentabiliser au maximum l'exploitation, dans une négation parfaite du sensible et du vivant...  
 
 
Certes, les chaînes de production animale  ne sont pas pour autant une Shoah comme le voudrait des communicants en mal d'amalgames et de scandales faciles. Les industriels ne sont pas des génocidaires. Leur volonté de puissance et leur obsession du profit fonctionnent simplement en flux tendu, comme le drogué a toujours besoin d'une dose de plus. Mais les premiers appartiennent majoritairement à "l'univers des respectables" et les seconds, plutôt  aux crevards des escaliers d'HLM.  
 
L'idée d'aller voter pour une liste pro-animale permettrait donc,  à défaut de prétendre véritablement résoudre les problèmes politiques de l'Europe, de reposer la question du socle des valeurs européennes - et notamment l'humanisme, y compris sa sensibilité portée jusqu'au respect de la condition animale. 
 
 ...Valeurs sur lesquelles ensuite et ensuite seulement, l'on peut fonder une politique.  
 
Pour en donner un exemple  concret, cela passerait, si nous prenons la question de l'éducation,  par l'idée de réhabiliter  une expérience éducative comme il en existait au Moyen-Âge ( qui n'est pas un âge purement obscurantiste mais une époque en laquelle  se préparait déjà la Renaissance à la manière d'une fécondation),... à savoir que l'on confiait à l'adolescent le soin de plantes ( ce qui le valorisait en tant qu'il voyait des transformations du vivant évoluer sous ses propres mains et lui permettait de se construire une personnalité capable d'amortir et de compenser les traumatismes à venir de l'âge adulte) puis le soin des animaux (ce qui lui permettait une première expérience quant â valoriser la vie d'autrui et s'en sentir responsable, conditions essentielles à la fois à l'éthique et au politique). 


Voter pour une liste pro-animale à l'époque des politiques absurdes, c'est donc redonner droit au regard innocent non seulement des animaux, mais aussi à celui volontairement ignoré qui nous habite et dont nous  ne percevons plus la lueur qu'en le regard interpellant de l'animal qui nous fait encore confiance, jusqu'en la dernière caresse avant de le glisser aux mains de l'abattoir. 
 
Et c'est seulement dans l'étonnement que provoque ce choix émotionnel que politicards et administratifs comprendront - peut-être - qu'ils ont raté leur mission ...et reliraient alors les grands textes fondateurs du

Politique qui furent nombreux à évoquer le Leader d'un peuple comme étant d'abord et avant tout "Le Bon Berger" (image aussi usitée chez Platon, Moïse et Jésus ainsi qu'en d'autres figures universelles et moins connues).

Le Bon Berger sait aussi faire évoluer les hommes du stade de troupeau à celui de peuple, dans le respect qui lie la vie singulière de chacun au projet d'une communauté de sens (et ce n'est sans doute pas pour rien que bien des bergers n'arrivent plus à livrer leurs animaux eux-mêmes aux camions qui viennent les chercher et qu'ils chargent une autre personne de s'en occuper : Quelque chose de l'humain, à mi-chemin entre" l'animal du troupeau" et le "devenir-frère" de l'animal réceptif à l'émotion humaine, grandissant en émotion vers une personnalité qu'il acquiert grâce aux soins attentionnés du berger, ....s'est produit en le coeur de chacun, l'agneau et son berger).

À défaut de pouvoir trouver une telle figure de 'Bon Berger", voter pour la liste pro-animale, c'est au moins poser la question :" Y-a-t-il vraiment parmi vous tous, candidats si rapides a prétendre sauver l'Europe, quelqu'un qui soit, d'abord et avant tout, capable d'écouter le silence d'un regard"?

Une fois seulement posée cette question, le Politique peut prétendre exister.

 

Daniel Frédéric Gandus

Knowledge-Manager

Former MBA CCIP Member

Philosophe du Politique et de la Religion

Former Researcher-Lecturer at la Sorbonne, Oxford and Cambridge Universities

Zanea &Cobilevicci Award

Philosophical Review's Award

Writing Today Prize

DS/ND prize

 

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