Histoires extraordinaires...
Histoires extraordinaires est un film fantastique franco-italien inspiré de trois nouvelles d'Edgar Allan Poe et sorti en 1968 au cinéma.
Il est coréalisé par :
- Roger Vadim — 1er sketch : Metzengerstein
- Louis Malle — 2e sketch : William Wilson
- Federico Fellini — 3e sketch : Toby Dammit ou Il ne faut jamais parier sa tête avec le diable.
Synopsis
Les étranges rapports d'amour que la comtesse Frederica, débauchée notoire, mais cavalière émérite, entretient avec un superbe étalon noir en qui elle voit la réincarnation de son vertueux cousin Wilhelm qui l'a dédaignée et dont elle se culpabilise de la disparition dans l'incendie de son écurie qu'elle a commandité par vengeance…
William Wilson, un officier autrichien despotique, hanté par son double qui vient s'interposer chaque fois qu'il s'apprête à passer aux extrêmes, entame une partie de cartes avec la belle Giuseppina, partie qui dévoile aux yeux de tous son sadisme et sa malhonnêteté…
L'acteur britannique Toby Dammit vient à Rome pour un projet de film, le « premier western catholique ». Une soirée médiatique est organisée pour fêter cet évènement. L'attention de Toby, déjà passablement altérée par la drogue et l'alcool, plus que par la bizarre cérémonie romaine où défilent prêtre, acteurs et journalistes, est surtout attirée par la belle Ferrari qu'on lui fait miroiter pour le séduire et aussi par une étrange fillette qui joue avec une sorte de balle blanche, incarnation, selon ses déclarations à la télévision, du Diable en lequel il croit et qu'il décrit comme sympathique, joyeux
et prenant les traits d'une petite fille
. Hallucination ou réalité ?
Fiche technique
- Titre original : Histoires extraordinaires
- Titre italien : Tre Passi nel delirio
- Adaptations de trois nouvelles d'Edgar Allan Poe
- Pays d'origine :
France,
Italie
- Langues de tournage : anglais, français, italien
- Directeurs de production : Ludmilla Goulian, André Gillet, Tomaso Sagone
- Sociétés de production : Les Films Marceau (France), PEA (Italie)
- Sociétés de distribution : Cocinor (distributeur d'origine), Les Acacias (France), Tamasa Distribution (France)
- Format : couleur par Eastmancolor — 35 mm — 1.85:1 — son monophonique (Westrex Recording System)
- Genre : fantastique
- Durée : 121 minutes
- Dates de sortie :
au Festival de Cannes 1968, sortie dans les salles
- (fr) Classifications et visa CNC : tous publics, Art et Essai, visa d'exploitation no 33724 délivré le
- Réalisation : Roger Vadim
- Assistants réalisation : Michel Clément, Jean-Michel Lacor, Serge Vallin
- Scénario : Roger Vadim, Pascal Cousin, d'après la nouvelle éponyme
- Musique : Jean Prodomidès
- Décors : Jean André
- Costumes : Jacques Fonteray
- Coiffure : Carita pour Jane Fonda
- Photographie : Claude Renoir
- Montage : Hélène Plamiannikov
- Réalisation : Louis Malle
- Assistant réalisation : Michel Clément
- Scénario : Louis Malle et Daniel Boulanger, d'après la nouvelle éponyme
- Dialogues : Daniel Boulanger
- Musique : Diego Masson
- Décors : Ghislain Uhry
- Photographie : Tonino Delli Colli
- Montage : Franco Arcalli, Suzanne Baron
- Effets spéciaux : Joseph Natanson
- Réalisation : Federico Fellini
- Assistants réalisation : Eschilo Tarquini, Francesco Aluigi, Liliana Betti
- Scénario : Federico Fellini et Bernardino Zapponi d'après la nouvelle Toby Dammit ou Il ne faut jamais parier sa tête avec le diable (Never Bet the Devil Your Head — A Tale with a Morale)
- Musique : Nino Rota
- Chanson : Ruby, paroles de Mitchell Parish (en) et musique de Heinz Roemheld, interprétée par Ray Charles
- Direction artistique : Piero Tosi
- Décors : Piero Gherardi
- Costumes : Piero Tosi
- Photographie : Giuseppe Rotunno
- Montage : Ruggiero Mastroianni
Distribution
- Jane Fonda : la comtesse Frederica
- James Robertson Justice : le conseiller de la comtesse
- Françoise Prévost : une amie de la comtesse
- Peter Fonda : le baron Wilhelm
- Philippe Lemaire : Philippe
- Serge Marquand : Serge
- Carla Marlier : Claude
- Anny Duperey : la 1re invitée
- Maurice Ronet (voix off VF) : le narrateur
- Alain Delon : William Wilson
- Brigitte Bardot : Giuseppina
- Katia Christine : la jeune fille blonde
- Umberto D'Orsi : Hans
- Daniele Vargas : le professeur
- Renzo Palmer : le prêtre
- Terence Stamp : Toby Dammit
- Salvo Randone : le prêtre
- Milena Vukotic : l'intervieweuse TV
- Polidor : le vieil acteur
- Marina Yaru : la fillette/le diable
- Anne Tonietti : la chroniqueuse TV
- Antonia Pietrosi : l'actrice
- Fabrizio Angeli : le premier directeur
- Federico Boido : un invité
- Ernesto Colli : le deuxième directeur
- Paul Cooper : le deuxième interviewer
- Irina Maleeva : la gitane
- Mimmo Poli : un invité
- Marisa Traversi : une invitée
- Aleardo Ward : le premier interviewer
Bande originale de Toby Dammit
Accueil
- :
Le sketch d'ouverture est marqué par sa représentation franche de la sexualité, ainsi que par la photographie luxuriante de Claude Renoir (remarquez l'incroyable photo de Jane chevauchant les falaises au-dessus d'un océan tumultueux) et la fantastique conception des costumes de Jacques Fonteray — qui ont fait tous deux le même impressionnant travail pour Barbarella. Jane Fonda dit elle-même son texte en français dans ce sketch.
Le sketch central, William Wilson, est réalisé par Louis Malle. L'histoire tourne autour d'un mauvais jeune homme (Alain Delon) qui se retrouve continuellement pris en flagrant délit de sadisme par son double rédempteur du même nom. Ce sketch est le plus imagé des trois (la quasi-dissection en direct par Delon d'une femme nue étant le point culminant) et est rempli d'un constant sentiment d'effroi. Delon joue parfaitement et trouve un excellent adversaire en Brigitte Bardot dont la faiblesse pour les jeux de cartes se traduit en une séquence d'atroce flagellation.
Toby Dammit, la dernière histoire, nous est contée par Federico Fellini avec son style surréaliste habituel à la fois amusant et dérangeant, et allant souvent de pair. Terence Stamp est excellent en star de cinéma alcoolique dont la vie débauchée est hantée par le diable — qui lui apparaît sous la forme d'une petite fille. Son interprétation frénétique est un sommet dans ce conte étrange et magnifiquement réalisé, rempli d'images fantastiques et surréalistes qui ont marqué le travail de Fellini. - Il cineocchio.it :
Le premier sketch, intitulé Metzengerstein, peut être assez facilement oublié : c'est une mélancolie gothique déclinée luxueusement où Jane Fonda et une jument noire font bonne figure.
Il y a plus de substance dans le sketch suivant, William Wilson, avec Alain Delon et une brune Brigitte Bardot, où, évitant gratuité et ennui, l'élégance du cadre historique, celle d'une ville padouane pendant les guerres du Risorgimento, n'enlève rien à l'histoire de cet officier autrichien, personnification du Mal, aux prises avec son double rédempteur.
Reste donc l'offrande finale qu'est Toby Dammit, et elle est vraiment généreuse. Ne pariez pas votre tête avec le diable (titre officieux) n'ajoute pas beaucoup de feuilles de laurier à la brillante couronne du réalisateur de Rimini à l'époque de Juliette des esprits (1965), mais appartient à son meilleur cinéma avec lequel il renoue dans un élan enthousiaste et imaginatif, aiguisant sa satire du cinéma romain (un thème habituel de Federico Fellini) : le portrait tragique d'une star étrangère (Terence Stamp) chevelue, abattue et toxicomane. […] Toby est attiré par les apparitions intermittentes d'une fillette aux mouvements candides (Marina Yaru), mais aux apparences vicieuses et démoniaques (moments inoubliables avec le ballon blanc) qui le mène à sa perte. […] Du texte littéraire d'origine il n'y a ici que le point de départ. Mais c'est presque un recueil des obsessions personnelles de Federico Fellini qui rend ainsi à Edgar Allan Poe un hommage moins servile et beaucoup plus authentique. […] Ce qui se déroule n'est cependant pas tant la peur métaphysique du diable, mais la peur concrète, lancinante et pressante de la mort. Des images, des symboles, des allégories de putréfaction, de délabrement, d'absurdité remplissent l'écran. Le regard du réalisateur n'avait jamais été aussi angoissé auparavant, même si une sorte d'ironie sombre soutient la fermeté du style. D'un point de vue figuratif, les séquences sont splendides, avec cette teinte dominante de rouge « alla Scipione » (orchestrée par le directeur de la photographie Giuseppe Rotunno, désormais collaborateur fixe de Federico Fellini), qui marque les visions du crépuscule de Rome, anticipant l'épilogue sanglant du sketch.
Autour du film
- Tourné au château de Kerouzéré de Sibiril (Finistère, France), au château de Kerjean pour les intérieurs, au château de Kergournadéac'h pour certains plans extérieurs ainsi qu'au Château de La Roche Goyon.
- Vincent Price (voix off version anglaise) : le narrateur
- Tourné à Bergame (Lombardie, Italie)
- La fillette fantôme hante William Malone : on voit apparaître un clone de la fillette à la balle blanche dans le film du réalisateur américain William Malone, Terreur.point.com (2002).
Malone, spécialiste du film horrifique (La Maison de l'horreur, 1999) et touche-à-tout de génie, a perdu la tête comme Toby Dammit avec son film qui se perd également dans ce patchwork d'histoires de fantômes sévissant sur Internet et ailleurs. Sans doute fasciné par l'œuvre fellinienne, il va même jusqu'à donner à l'un de ses personnages incarné par Udo Kier, le nom de « Polidori », en italianisant celui de l'acteur Polidor qui jouait chez Fellini.
Vidéographie
- 2001 : Histoires extraordinaires (Spirits of the Dead) de Roger Vadim, Louis Malle et Federico Fellini, durée 123 min, 1 DVD Zone 1, Éditions HVe
Bibliographie
- Edgar Allan Poe, Ne pariez jamais votre tête au diable et autres contes non traduits par Charles Baudelaire, Éditions Gallimard/Collection Folio, Paris, 1989 (ISBN 2070381943).
- Edgar Allan Poe, Histoires extraordinaires, traduites par Charles Baudelaire, Éditions Gallimard/Collection Folio, Paris, 2001 (ISBN 2070413594).