Les cambrioleurs du refuge de Tomi Tomek condamnés
Fournie par une équipe de télévision, la chienne Vicky est chargée de protéger 97 pensionnaires de SOS Chats. DR
Deux malfrats bien informés avaient fauché 80 000 francs au refuge «SOS Chats» de Noiraigue. Ils ont été arrêtés.
Non, la rumeur qui a circulé dans le Val-de-Travers est infondée: Tomi Tomek n’a pas simulé un cambriolage dans son refuge pour susciter des dons: deux individus ont bel et bien cambriolé son refuge le 11 août 2018, en emportant un butin de 60 000 francs en liquide, une montre et des bijoux valant 20 000 francs.
Le refuge détenait alors 107 chats. Non seulement les voleurs avaient emporté le contenu des coffres qui devait servir à payer les salaires et les installateurs d’un nouveau chauffage, mais 52 chats s’étaient enfuis par l’ouverture cisaillée dans deux grillages extérieurs, tandis qu’une fenêtre était fracturée.
Le plus dur, pour Tomi Tomek, a consisté à récupérer jusqu’au sommet des arbres les pensionnaires échappés. Équipées de filets et de cinq cages. elle et ses assistantes avaient mis 36 heures pour récupérer tous les fugitifs.
Les chats qui s’étaient échappés par les deux grillages cisaillés sont redevenus des fauves le temps d’une escapade. Dommage causé 3600 francs. DR
Quatre coffres vides ont été retrouvés par un chien policier en contrebas du refuge, sur la route menant à la gare de Noiraigue, en bordure de la réserve naturelle du Creux-du-Van. Dans leur précipitation, les voleurs avaient laissé une enveloppe contenant 1500 euros.
Les 60 000 francs dérobés correspondaient à six mois de fonctionnement en salaires, en nourriture et en soins. «SOS Chats», ce sont chaque jour 50 boîtes de 400 grammes de viande, cinq kilos de croquettes, sept sacs de sable à 20 litres, mais surtout, de coûteux médicaments.
Au refuge, chaque arrivée coûte 500 francs: il faut tester, soigner, vacciner et castrer ou stériliser chaque nouvel arrivant. «Le refuge n’était financé qu’avec des dons et des parrainages», souligne Tomi Tomek.
Le cambriolage avait ému jusqu’à Michel Drucker, d’autant que les voleurs avaient aussi pris ses 1000 francs de rente AVS: l’animateur français et sa femme Dany Saval ont envoyé à Tomi Tomek un chèque de 300 euros.
Miss Suisse 2005 devenue actrice, Lauriane Gilliéron s’était impliquée pour remplir une cagnotte. Brigitte Bardot lui a envoyé des photos dédicacées pour leur mise en vente et la peintre et styliste Laura Chaplin – petite-fille de Charlie Chaplin – en a fait de même avec un portrait de sa grand-mère. «On a récupéré mon AVS et les salaires, et de quoi nourrir les chats», confie Tomi Tomek.
L’assurance n’a remboursé que la réparation de la fenêtre fracturée. Mais une équipe munichoise de l’émission «Hund-Katze-Maus» télévision allemande VOX n’a pas seulement réalisé une reconstitution du cambriolage, rediffusé samedi dernier, elle a aussi fourni à SOS Chats le chien Vicky, avec pour mission de défendre le refuge.
Vicky était une chienne retrouvée sur un parking italien, dans un carton, pleine de puces et affamée. Elle est désormais la gardienne du temple de Tomi Tomek: «Personne ne peut approcher sans qu’elle aboie», rapporte la pasionaria des chats.
Pour Tomi Tomek, le soulagement est venu le 23 juillet dernier, par l’entremise d’une ordonnance pénale qui condamne un carreleur kosovar de 29 ans, détenu à la prison genevoise de Champ-Dollon. C’est lui, Hasan B. qui a cambriolé le refuge en taillant à la hache un chemin pour son complice Shaban K. Salaire obtenu pour ce casse: 780 euros et 3200 francs.
Commentaire de Tomi Tomek: «Les voleurs se sont dirigés sur l’armoire murale contenant les coffres, à trois mètres de la fenêtre. Quelqu’un a vendu la mèche, qui m’a peut-être vue entrer ou sortir de la banque. Ces deux brigands ont reçu des informations de bénévoles kosovars engagés au refuge».
Hasan B. a été condamné par le procureur Marc Rémy à une peine de six mois de prison, dont deux mois ferme et quatre mois avec sursis pendant trois ans. Une sanction qui s’ajoute une peine de 30 mois dont douze fermes, infligée par le Tribunal correctionnel du canton de Genève pour vol en bande et par métier, dommages à la propriété, violation de domicile et recel «en raison d’une multitude de vols par effraction» commis dans le canton de Genève.
«L’arrestation des deux cambrioleurs ne me ramènera pas notre argent, mais c’est bon pour le moral: nous sommes rassurées», soupire Tomi Tomek, désormais protégée par Vicky. Depuis le cambriolage, il n’y a plus d’argent au refuge: «On passe par la banque pour faire nos commissions», glisse Tomi Tomek, qui maintient ses contacts et ses engagements au sein de la communauté kosovare.