À Sergines, le bâtiment est agréé pour contenir 39 600 poulets, soit 22 poulets au mètre carré, sans accès extérieur. Les poulets étant abattus à six semaines (souches à croissance rapide, de véritables mutants), cela permet une rotation de plus de sept livraisons de poussins à l’année, soit près de 300 000 poulets cumulés produits en une seule année dans un seul bâtiment.
Une pétition rassemble 45 000 opposants au projet, mais que vaut la parole des femmes et hommes qui auront à subir les nuisances quotidiennes, préoccupés par les conditions d’élevage, face à l’industriel Duc qui veut produire toujours plus de poulets pour alimenter son abattoir de Saint-Bauzély dans le Gard ? (Au passage, les poulets qui sortiront de ce bâtiment auront un long trajet avant d’être déchargés à l’abattoir.)
Alors sommes-nous impuissants face à cette escalade, cette course folle au développement des élevages intensifs qui privilégient les marges aux conditions d’élevage des animaux ?
Pas tout à fait, déjà parce qu’une révision de la directive européenne sur le « bien-être » des animaux est attendue dans les prochains mois, révision qui pourrait remettre en cause la dérogation que s’accorde la France pour entasser un nombre maximum de poulets dans un bâtiment, mais surtout parce que chaque consommateur a le pouvoir d’agir. Le meilleur exemple est probablement celui des poules pondeuses avec une inversion du mode de production en moins de dix ans, passant de 36 % d’élevages en plein air il y a sept ans à 36 % d’élevages en cage aujourd’hui.