Festival de Cannes 2025 : averses, vent, sièges trempés… Brigitte Bardot plus forte que la pluie
Quand les premières gouttes ont commencé à tomber, alors que la projection n’avait pas encore commencé, le producteur du documentaire « Bardot », Nicolas Bary, qui présentait l’équipe au public, l’a avoué dépité : « Je dois vous dire qu’on a eu tellement d’emmerdes sur ce film, alors qu’il y ait la pluie, ça devait finir comme ça ». Des emmerdes ? Ce projet du réalisateur Alain Berliner, annoncé il y a longtemps, a d’abord été prévu pour la télévision, puis le cinéma, après plusieurs péripéties de production.
Chaque soir, le Cinéma de la Plage, sur la Croisette, c’est l’instant détente du Festival de Cannes, avec ses transats au bord de l’eau et la nuit qui tombe sur la Méditerranée. Le duo Madame Monsieur, qui a participé à la bande originale du film, vient de jouer deux reprises de B.B. sur la scène devant l’écran géant. La « salle » en plein air affiche complet.
Paul Watson, ami de la star, dans le public
Les producteurs ont eu accès à l’icône de « Et Dieu créa la femme ». Elle a accepté d’être filmée chez elle, n’apparaissant que brièvement de dos, mais c’est bien sa voix d’aujourd’hui qui ponctue en off la plupart des séquences du film. Sa vie défile, sans scoops mais dans une ambiance propice, sur la Croisette, à la sirène de Saint-Tropez. Le militant écologiste Paul Watson, ami de B.B., n’a pas voulu monter sur scène mais apparaît dans le documentaire et s’est assis parmi le public. A l’écran défilent d’autres témoins, comme Hugo Clément, lui aussi engagé pour l’environnement et la cause animale, ou la styliste Stella McCartney, pour qui « elle est carrément cool », cette star qui s’habillait comme elle voulait, a été féministe et animaliste quand des humoristes cathodiques ricanaient de ses premiers combats.
Sauf que les gouttes crépitent, de plus en plus. Les rangs s’éclaircissent. Certains trouvent refuge sous une tente latérale où sont rangés des transats. Et la soirée s’organise, à l’abri, pour cette quinzaine de malins. Au bout d’une heure, la sécurité déboule : « C’est un local technique, il y a des transats cassés, vous ne pouvez pas rester là, en plus il ne pleut pas. Allez vous rasseoir sur les transats devant l’écran », lance un agent. « Vous êtes gentil mais je ne bougerai pas. On ne gêne personne. Et les transats sont trempés », rétorque une dame d’un ton tranquille et sans réplique.
N’empêche, il faudra bien partir. À défaut de s’asseoir sur des tissus gorgés d’eau jusqu’à former de petites flaques, certains restent debout sur le sable. Interdit aussi. « Vous devez vous asseoir ou sortir de l’autre côté des barrières », assène un autre agent. Bizarre car on ne gêne vraiment personne dans l’espace quasi déserté, par grappes, à chaque rincée. La soirée prend l’eau. La règle est la règle et des spectateurs qui avaient anticipé tiennent le camp sous leurs parapluies.
À l’écran, les gros plans de l’actrice dans sa jeunesse resplendissante déchirent la nuit et domptent la pluie, qui finit par cesser. Maintenant, c’est le vent qui se lève. La toile de l’écran ondule. À l’écran, la voix de Bardot reconnaît qu’elle y va un peu fort quand elle se met en colère et termine au tribunal, pour des propos racistes. « Je finis toujours par m’excuser », lâche-t-elle dans le film à propos de ses coups de sang auxquels elle ne pourrait rien. À 23h15, le générique de fin défile et des applaudissements crépitent. Tiens, dans la nuit se cachaient pas mal de résilients de la pluie, finalement. La soirée Bardot ne s’est pas finie en eau de boudin. Ah non, elle est végétarienne. Sortie en septembre.