Le maître du chien martyr évite les bracelets

Publié le par Ricard Bruno

Faits-Divers

"Le maître du chien martyr évite les bracelets"



Les faits

En septembre 2005, une lettre anonyme atterrit sur le bureau de la Société protectrice des animaux. Un chien serait victime de mauvais traitements à Sainte-Rose. Le 26, une plainte est déposée auprès des gendarmes. Les hommes en bleu se rendent alors à l’adresse indiquée. Ils pénètrent dans l’arrière-cour et découvrent un effroyable spectacle. Devant eux, une minuscule cage où se tient difficilement debout un animal. Extrêmement amaigrie, la créature ne ressemble même plus à un beauceron. Mais le pire est à venir. En s’approchant, ils aperçoivent avec horreur une plaie béante dans le cou de l’animal. Une chaîne cadenassée remplace son collier. Les mailles de celle-ci sont tellement serrées qu’elles pénètrent dans les chairs de l’animal. Le chien souffre. Cette vision d’horreur est insoutenable. Un vétérinaire réussit à le libérer, non sans peine. La blessure est telle qu’elle nécessite soixante points de suture. Reste à trouver le propriétaire. Après enquête, Pierre-Charlie A. est interrogé. L’animal lui appartiendrait. Le berger beauceron, qui répond au nom de Max, se retrouve sous la garde des services de protection. Il doit récupérer des sévices qu’il a endurés. Il est, plus tard, adopté par une autre famille de Sainte-Rose (lire par ailleurs).

L’audience

“C’est incroyable qu’il ait survécu”. Francis Oget, le président du tribunal, n’en revient pas lui-même. Pourtant, à la barre, Pierre-Charlie A. reste froid. Pendant toute l’audience, il campe sur ses positions. “Mon cœur est propre. Je n’ai rien fait de tout ça”, insiste-t-il. Il explique avoir laissé son chien pendant trois mois. Selon lui, lors de son départ, Max n’était pas enchaîné. Malgré tout, des doutes planent toujours sur son innocence. L’accusé déclare que son voisinage se plaignait de son chien, qui serait “un voleur”. Le maître décide donc de l’attacher avec un collier. “J’avais des problèmes de boisson et il faisait nuit. J’ai peut-être serré un peu trop fort, sans faire exprès”, admet-il. L’avocate de la partie civile, Me Audrey Bouvier, reste choquée devant “un tel délit de cruauté et pas seulement de maltraitance”. La représentante de la fondation Brigitte Bardot ne comprend pas qu’on puisse faire souffrir un animal de la sorte. Elle rappelle les conditions abominables de sa survie. “Il a dû manger ses propres excréments pour rester en vie”, déplore-t-elle. Lorsque Pierre-Charlie A. affirme ne pas s’être rendu compte de l’entaille causée par les chaînes, elle reste perplexe. “C’est impossible de ne pas voir une telle plaie.” Elle réclame une condamnation ainsi que 700 euros de dommages et intérêts, et 600 euros de frais juridiques. Jean Dobanton, procureur adjoint, s’associe “pleinement à la fondation Brigitte Bardot”. Il a dit “chercher en vain une lumière de bonté dans les yeux du prévenu”. Le représentant du ministère public fustige “ces actes qui inscrivent la Réunion en tête en matière de cruauté animale”. Il requiert une peine maximum de deux ans de prison, et 5000 euros de dommages et intérêts. “Sinon il reste la possibilité de vous munir d’un bracelet. On sait que vous aimez particulièrement les bracelets”, ironise-t-il.

J.R.

- Le jugement Pierre-Charlie A. est condamné à 5 mois de prison avec sursis. Il doit verser la somme de 600 euros de dommages et intérêts à la fondation Brigitte Bardot, et 500 euros de frais judiciaires. Enfin, il lui est, formellement et totalement, interdit de posséder un animal pendant 5 ans.

 

Max, sans menace

Pascal et Isabelle sont les nouveaux maîtres du chien martyr. Max se porte aujourd’hui comme un charme. Affectueux bien qu’un peu craintif, il a pris 18 kg depuis la fin de son calvaire.

Quand on entre dans la case des Reboulleau, à Sainte-Anne, Max vient vous faire la fête. Un solide gaillard d’une quarantaine de kilos, pas un aboiement plus haut que l’autre. Et quand son maître s’assoit, Max vient se reposer à ses pieds. Rien ne laisse deviner les terribles sévices qu’il a subis durant son enfance de chiot. Et les 60 points de suture qui enveloppent son cou musclé ne peuvent se repérer qu’en y prêtant une attention soutenue. Max vit depuis plus de trois ans chez Pascal et Isabelle Reboulleau. Ils l’ont recueilli après avoir vu un reportage télévisé sur le calvaire de ce beauceron. « Quand on a vu les blessures de ce chien, on s’est dit qu’on ne pouvait pas le laisser comme ça », se souvient Pascal. « J’ai appelé la SPA et ils nous ont amené le chien le lendemain, à midi. Il ne tenait pas debout. On n’était même pas sûrs qu’il puisse survivre. Ça ne nous intéresse pas de savoir qui et pourquoi on lui a fait ça. » “Ça”, c’est cette plaie béante provoquée par la négligence de maîtres n’imaginant pas que le collier d’un chiot puisse ne pas convenir à un chien adulte. Patiemment, les Reboulleau réapprennent à Max le goût d’une vie sans malveillances subies. « Il a mis du temps à se refaire la cerise. Il ne pesait que 20 kg, et ne tenait pas sur ses pattes quand on l’a récupéré », expliquent-ils. La cage dans laquelle il vivait ne lui permettait pas de se tenir debout. À grands coups de croquettes, de balades dans la nature et d’affection, Max est redevenu ce qu’il aurait dû être plus tôt : un animal plein de vie. « C’est un chien affectueux, très attaché à nous. Il dort chaque nuit devant notre porte. Il suffit que j’aille dans une pièce pour qu’il me suive », sourit Pascal. « Il n’est pas agressif pour un sou, juste un peu craintif quand il y a de l’orage. Ça doit lui rappeler la cage dans laquelle il vivait. » Aujourd’hui, Max, qui va fêter ses quatre ans, bénéficie de toutes les attentions. Il vit sa vie aux côtés des Reboulleau et de leurs autres chiens, Princesse et Milou. Il n’y a plus qu’une seule chose auquel il n’a plus droit : un collier. « Il a déjà donné », sourit gravement Isabelle.

Source : http://www.clicanoo.com/index.php?page=article&id_article=173520

 

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