Réponse de Christophe Marie sur : Oumna.com
Monsieur,
Puisque vous me mettez en accusation dans votre article « Brigitte Bardot, nouveau ministre de l’Intérieur ? », permettez-moi de répondre à vos allégations pour les moins contestables.
Non, la Fondation Brigitte Bardot n’a pas fait interdire la formation au sacrifice rituel destinée aux pères de famille en « jouant sur des fantasmes islamophobes » mais simplement en rappelant la réglementation (nationale et communautaire) et en demandant aux autorités de la faire respecter.
A la lecture de votre article, nous ne parlons de toute évidence pas de la même formation puisque vous faites l’éloge d’une « action de sensibilisation » visant à « inciter les pères de famille à se conformer aux normes sanitaires et d’hygiène en vigueur »… Sous votre plume, cette formation au sacrifice préalable à l’Aïd al-Adha devient une simple « information », on appréciera la nuance…
Préalablement à notre intervention auprès du maire de Grenoble, de la préfecture de l’Isère et du gouvernement, j’avais pris contact avec la Direction Départementale des Services Vétérinaires qui m’avait confirmé que l’objectif de cette formation était bien de former (ça parait logique) les pères de famille au sacrifice car, comme l’a déclaré le président de l’ASIDCOM à l’AFP : « ce sont ceux qui ont la responsabilité d’exercer le sacrifice ».
D’ailleurs, si l’ASIDCOM souhaitait réellement organiser sa formation dans un « état d’esprit très légaliste » comme vous le prétendez, le président de cette association ne m’en aurait sûrement pas refusé l’accès.
Dans votre article, vous nous accusez d’avoir mené une « campagne haineuse », d’avoir une « argumentation très idéologique, proche de certains thèmes défendus par l’extrême droite » et vous nous suggérez de prendre pour prochain slogan : « Défendons les moutons, sacrifions les musulmans ! ».
Vous écrivez aussi que « la Fondation Brigitte Bardot a fait de la dénonciation de l’abattage rituel musulman l’une de ses spécialités préférées ».
Tout ceci est lamentable et fait bien peu cas de la réalité à laquelle nous sommes confrontés.
Sachez tout d’abord que nous ne dénonçons pas l’abattage rituel mais l’égorgement des bêtes sans étourdissement préalable.
Lorsqu’il était Président du Conseil Français du Culte Musulman, le Dr Dalil Boubakeur nous avait apporté son soutien et, plus récemment, l’Académie vétérinaire de France a précisé, dans un rapport remis aux ministères de l’Agriculture et de l’Intérieur, que : « l’étourdissement électrique des animaux de boucherie, et notamment des ovins, est réversible s’il est correctement appliqué ».
Cet avis scientifique répond aux préoccupations des autorités musulmanes qui nous assurent, depuis plusieurs années déjà, que rien dans les textes sacrés ne s’oppose à la pratique de l’étourdissement préalable si ce dernier ne porte pas atteinte au caractère vital de l’animal (l’ASIDCOM, il est vrai, tient un discours plus extrême et de rejet total).
Notre Fondation rejoint donc la position de la Fédération des Vétérinaires d’Europe qui considère que : « l’abattage des animaux sans étourdissement préalable est inacceptable en toute circonstance »… Pourtant, ce type d’abattage s’est généralisé en France si bien que près de 80 % des ovins seraient égorgés sans étourdissement préalable, une partie pour les rites musulmans et juifs, le reste étant intégré au circuit classique sans aucune indication pour le consommateur.
De toute évidence, vous ne faites preuve d’aucune empathie ou compassion face à la souffrance animale. Je peux donc comprendre que vous soyez totalement hermétique à notre combat, pourtant, vous pourriez faire preuve d’honnêteté intellectuelle car dénoncer une pratique ne veut pas dire stigmatiser une population… Où alors, en dénonçant le massacre des phoques notre Fondation vise en fait le peuple Canadien, en intervenant contre la chasse à la baleine nous faisons du racisme à l’encontre des Japonais, en qualifiant de cruels et barbares les corridas, l’exploitation des animaux de cirque ou le gavage des oies et canards nous « jouons sur des phantasmes » francophobes…
La haine est bien présente dans votre texte, c’est indéniable, mais elle n’est pas de notre fait car notre combat est, précisément, de lutter contre l’exploitation et la violence perpétrées à l’encontre d’êtres sensibles bien incapables de se défendre ou s’opposer.
Sachez enfin que notre action ne se limite pas à dénoncer mais à agir, très concrètement, via de nombreux programmes de sauvegarde (animaux domestiques et sauvages) menés dans le monde entier.
Christophe Marie
Qui n’est pas « directeur de la Fondation Brigitte Bardot » comme vous l’écrivez (autre contrevérité) mais simplement coordinateur du bureau de Protection
Animale.
Source : http://oumma.com/spip.php?page=affiche_commentaire&id_forum=20183