La fondation Bardot sauve les animaux du zoo
Derrière les grilles fermées depuis 2006 du seul parc zoologique de l’île au Chaudron, les pensionnaires sont encore nombreux. La structure dionysienne, née en 1973, en accueille aujourd’hui encore 250. Parmi eux, un certain nombre d’animaux sauvages comme le tigre Django, protagoniste d’une échappée belle en 2005, une vingtaine de primates… La restructuration du site, entamée sous l’ère Victoria pour plus de 2 millions d’euros, n’a jamais été totalement achevée. La nouvelle municipalité a pris finalement une autre option. Fini les animaux sauvages dangereux. “On a décidé de transformer ce parc zoologique inadapté, non conforme à certaines normes en vigueur pour accueillir les animaux sauvages, en une ferme pédagogique. L’idée reste d’amener le public au contact des animaux, loin du principe d’une prison”, souligne Jean-Pierre Espéret, adjoint à l’environnement. L’objectif est donc de céder une partie des pensionnaires “sauvages”. Trois femelles chimpanzés, d’entre 24 et 35 ans, sont les premières à faire leurs valises, même si leur transfert est prévu depuis déjà deux ans. C’est la Fondation Brigitte Bardot, très investie dans la cause animale, qui prend en charge leur voyage. Contactée à Paris, la structure annonce : “Depuis des années régulièrement on nous alerte sur les conditions de vie des animaux dans ce zoo. En décembre dernier, une bénévole nous a indiqué que la mairie voulait se débarrasser des animaux sauvages. On a donc pris contact pour monter ce transfert. Il a fallu des mois avant de trouver un site et de régler les différentes phases administratives”. Le décollage des chimpanzés est programmé au plus tôt mercredi prochain, mais des problèmes de cages risquent de retarder de quelques jours l’opération.
Le tigre POURRAIT rester
Gaston Labaume, directeur administratif du zoo, reste prudent : “Ça devrait être fait dans les huit à quinze jours”. Cheetah - présente depuis l’ouverture du site du Chaudron et récupérée dans l’ancien zoo de l’Étang-Salé, Zaza et Judith vont donc s’installer en Hollande. Elles seront hébergées dans un sanctuaire pour animaux sauvages géré par l’association AAP (lire ci-contre). Ce ne sont pas les seuls. Au final, la vingtaine de primates, dont des babouins et des macaques récupérés de-ci de-là, devrait être transférée ailleurs. AAP pourrait récupérer également les macaques. Mais tous les animaux concernés, dont le nombre est encore incertain, n’ont pas encore trouvé preneur. D’ailleurs, les cessions ne se feront pas “n’importe comment”. Gaston Labaume martèle : “Il nous faut des structures agréées, avec des conditions optimales”. Jean-Pierre Espéret ajoute : “Il est hors de question de les vendre à des laboratoires pharmaceutiques”. Le tigre Django, qui a perdu sa compagne l’année dernière, figure aussi sur la liste des partants, mais “son grand âge rend difficile l’anesthésie, il y a de fortes chances qu’il reste ici dans un enclos tout neuf pratiquement achevé pour lui”, note le directeur du parc zoologique. La question de la demi-douzaine de lémuriens, protégés par la convention de Washington, n’est pas non plus réglée. Là aussi les règles d’accueil sont draconiennes et les parcs malgaches ne sont pas forcément au top. Le cas du koudou pourrait être résolu par la Fondation Brigitte Bardot qui voudrait le placer en Afrique du Sud. Les points de chute tout comme les modalités de transfert de tout ce petit monde animal sont donc encore loin d’être fixés. La centaine de tortues ne devrait quant à elle pas quitter les lieux tout comme le lama. Mais tout cela reste encore en point d’interrogation
Bruno Graignic
Le sanctuaire hollandais Le sanctuaire pour animaux sauvages géré par AAP, fondé en 1972 à Almere en
Hollande, accueillait 274 mammifères dont 43 chimpanzés et 136 autres primates en 2007. 28 chimpanzés étaient issus de laboratoires de recherche médicale. Des inoculations expérimentales du virus
du sida avaient été pratiquées sur dix d’entre eux. L’hépatite C courait dans les veines de 18 autres. Le site hollandais, qui compte 180 hectares, vise à resocialiser les spécimens dans des
groupes. Ils sont parfois ensuite placés dans d’autres zoos ou parcs agréés.
200 000 euros par an Le fonctionnement du parc zoologique du Chaudron, qui s’étend sur 2,7 hectares, coûte
à la Ville de Saint-Denis 200 000 euros par an, dont la moitié est engloutie en nourriture et vitamines pour les pensionnaires. Neuf soigneurs y travaillent. Au total, en comptant les
administratifs et ceux qui s’occupent de l’entretien, une vingtaine de personnes s’occupent de la structure. Les travaux entamés ont tout de même permis de régler les problèmes des réseaux d’eau
et d’agrandir plusieurs parcs, dont celui pour le tigre, même si ce n’est toujours pas la savane.
4 500 personnes par mois Avant sa fermeture, le zoo du Chaudron atteignait une fréquentation de l’ordre de
4 500 personnes par mois hors scolaires. L’activité poney est la seule à ne pas avoir été mise en sommeil depuis 2006.
Une réouverture pour la fin de l’année ?
La Ville recrute un nouveau capacitaire pour gérer les animaux sauvages qui définira les nouveaux axes de la ferme pédagogique en liaison avec les politiques. Mais, la transformation du zoo en ferme pédagogique est en marche. De nouveaux animaux domestiques devraient rejoindre la structure à terme comme des cochons ou autres volatiles issu de l’océan Indien voire d’Asie. Une enveloppe de 150 000 euros est prévue à cet effet. L’ouverture de la structure - avec des espaces dédiés au développement durable - est programmée “au moins en partie avant la fin de l’année, en totalité en 2010”, annonce Jean-Pierre Espéret.
Source : http://www.clicanoo.com/index.php?page=article&id_article=210591&debut_forum1=10#pagination_forum1