Brigitte Bardot : “Mon insolence fait réagir”

Brigitte Bardot « ne regrette rien », ni le temps de la popularité qui lui a apporté « le meilleur comme le pire », ni d’avoir mis fin à sa carrière en 1973 pour se lancer dans sa lutte pour la défense des animaux, pas plus que son franc-parler qui a quelquefois suscité la polémique. C’est par fax que celle qui s’est retirée dans sa Madrague tropézienne a répondu à la sollicitation de France-Soir.
BRIGITTE BARDOT. Du haut de mes trois quarts de siècle, je regarde cette merveilleuse exposition comme un hommage extraordinaire, un miracle qui nous ramène cinquante ans en arrière lorsque la vie était facile et belle.
Quelles images gardez-vous du film de Roger Vadim, Et Dieu créa la femme ?
Un souvenir lointain mais formidable, tourné à, Saint-Tropez, qui était encore merveilleusement joli et désert, avec des gens que j’aimais et qui me laissaient une grande liberté d’interprétation.
Aviez-vous conscience, à l’époque, de faire bouger les mœurs ?
J’avais surtout conscience de me faire bouger moi-même au rythme de toutes les danses.
Que vous a apporté la notoriété ? Ou au contraire, qu’a-t-elle abîmé dans votre vie ?
Elle m’a apporté le meilleur et le pire. Toute médaille a son revers.
Qu’est-ce qui a motivé votre envie d’arrêter votre carrière en 1973 ?
Une envie de mettre ma vie au service des animaux que je savais depuis longtemps martyrisés par les humains. On a cru à un caprice sans conséquence. On s’est trompé. Je ne suis jamais revenue sur ma décision et je ne regrette rien.
Aujourd’hui vous fêtez vos 75 ans. Le temps qui passe vous inquiète-t-il ?
Il y a le temps qui passe avec des résultats positifs dans le combat que j’ai choisi. Mais il y a aussi la perte de temps à attendre pendant vingt ou trente ans des résultats qui n’arrivent pas, alors oui ça m’angoisse.
Henry-Jean Servat, commissaire de l’exposition qui vous est dédiée, dit que votre rêve était de posséder une ferme et d’y soigner les animaux malades ou abandonnés. Avez-vous le sentiment d’avoir réalisé ce rêve en créant votre fondation ?
La réalité qui fut dure à créer, ma fondation à laquelle j’ai tout donné depuis 36 ans, cette réalité a dépassé tous mes rêves, mais à quel prix ? Au nom de combien de sacrifices, de luttes, de désespoirs !
Que pouvez-vous nous dire sur votre combat pour les animaux ?
C’est un quotidien de terribles réalités, d’agonies, de morts, de blessures, c’est une lutte incessante contre les martyrs, les douleurs que les hommes font subir aux animaux par inconscience, par connerie, par cruauté ou pour du fric. Il faut avoir beaucoup de courage, beaucoup d’obstination et d’amour pour supporter autant de détresses et essayer de les endiguer, de les soulager, de les prévenir aussi.
Votre franc-parler et vos écrits ont quelquefois créé la polémique. Quel est votre sentiment sur ce sujet ?
Mon franc-parler fait partie de ma personnalité, ça n’est pas aujourd’hui que je vais changer. Et si je dénonce les choses haut et fort c’est qu’elles existent, que tout le monde s’en fout. Mon insolence fait réagir. C’est mieux que de déverser des tonnes de lait dans le ruisseau !
Qu’aimeriez-vous que l’on dise de Brigitte Bardot dans cent ans ?
Qui c’est celle-là ?

Dieu que cette femme est belle ! terriblement envoûtante. Avec sa moue qui semble dire « je fais ce que je veux », ses grands yeux surlignés d’un trait noir, ses longs cheveux dorés qui flottent, et son corps sublime. Brigitte Bardot la sensuelle, mi-ingénue, mi-scandaleuse, incarne à jamais la libération de la femme, dans la France conservatrice et austère de René Coty. Dans les années 1950, elle bouleversa les mœurs et chercha sans cesse à dompter son époque. Associée à vie à Saint-Tropez et à la défense des animaux, l’icône a fêté, lundi, ses 75 ans.
Au lendemain de cet anniversaire, s’ouvre à Boulogne-Billancourt (près de Paris), ville connue pour ses studios de cinéma (fermés en 1992), une grande exposition consacrée aux années « insouciance » de BB. Une occasion unique de vérifier que le sex-symbol a toujours été un électron libre aux prises de position quelquefois radicales. Mais là n’est pas le propos, puisque le fil rouge de ce rendez-vous supervisé par Henry-Jean Servat (son ami intime), est le cinéma.
Sur près de 900m2, au motif du célèbre carreau rose vichy, se déclinent un millier de photos, d’affiches, d’extraits de documentaires et d’objets personnels dont la célèbre Harley-Davidson sur laquelle elle n’avait besoin de personne. Son ex-mari, le milliardaire Günter Sachs, a également prêté deux portraits la représentant signés Andy Warhol. Mais on peut aussi observer ses premiers diplômes de danse classique, sa passion, ou son buste de Marianne.
Un véritable exploit, rendu possible grâce à la mobilisation des studios, de la Cinémathèque française et des agences photographiques. Car la star, retirée dans sa célèbre Madrague depuis
1973, ne possède plus de témoignages de ce glorieux passé. Elle a tout vendu dans les années 1980 pour financer sa fondation.
Construite en trois parties, sur la base d’un parcours chronologique, cette promenade dans la vie tumultueuse de Bardot est guidée par la voix de l’actrice. Dix-sept de ses films (sur
cinquante tournés) et de larges extraits de ses chansons témoignent ainsi d’une carrière riche. Le tout, remis dans le contexte de l’époque.
La visite débute par la folie Bardot, entre l’hystérie qu’elle déchaîna et la censure de l’église catholique. Puis, ce sont les images rares filmées par son père, qui renseignent un peu plus sur cette enfance bourgeoise. Marilyn Monroe, qu’elle admire, est brièvement évoquée avant de pénétrer dans l’alcôve consacrée au film Et Dieu créa la femme, celui qui l’a définitivement érigée au rang de mythe.
Un faux kiosque à journaux affiche ensuite les nombreux magazines qui lui ont consacré leur Une. Puis ses amours, ses amants, ses conquêtes, sa villa tropézienne, ses célèbres espadrilles Spartela et ses ballerines Repetto se succèdent. Jusqu’aux terribles images de torture et de maltraitance envers les animaux, le combat de sa vie. Ce tableau est d’ailleurs sa seule exigence.
« Bardot, reine de Saint-Tropez et de l’univers, reste pour l’éternité une actrice d’éclats et de clarté, écrit Henry-Jean Servat. Elle est aussi une créature de combat et de compassion,
et surtout une femme de droiture et de courage. » BB une femme qui osa. Qui eu le courage d’aimer plusieurs fois, de quitter et de tourner le dos définitivement à ce cinéma qui l’avait
pourtant révélée. Tout un symbole, résumé en deux lettres, qui a eu un destin capital.
Source : http://www.francesoir.fr/exposition/2009/09/29/brigitte-bardot-interview.html