Brigitte Bardot défend les bovins...
VOUZIERS (Ardennes). Des troupeaux mal nourris et pas abrités ? C'est ce que décrit la fondation Brigitte Bardot, qui réagit à la mort d'une vache divagante, percutée
par une voiture.
C'EST l'histoire d'un coup de billard à plusieurs bandes.
Premier épisode : l'accident causé par la divagation d'une vache au Chesne, vendredi dernier.
Dans la voiture, un couple de seniors n'a pu éviter l'animal et s'en est tiré avec de multiples contusions, mais par chance sans dommage sérieux. La vache, elle, est décédée.
Deuxième volet : le lendemain, la gendarmerie appelait les agriculteurs à vérifier la solidité de leurs clôtures. « À cette période où les pâtures manquent, les bovins tentent plus souvent de
fuguer pour chercher de quoi se nourrir » écrivions-nous.
Le troisième acte est l'envoi à notre rédaction par « les enquêteurs de la fondation Brigitte Bardot » d'une copie de ce dernier article, d'un mémo sur les
conditions d'élevage et de la remarque suivante : « Plutôt que de demander aux agriculteurs de vérifier leurs clôtures, il serait peut-être plus judicieux qu'ils nourrissent et abritent
correctement leurs bêtes. »
Nous avons interrogé Philippe Clausse, directeur de la FDSEA (fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles) des Ardennes.
« Par rapport à ce genre de réaction, soit on en sourit, soit on s'énerve un peu », avoue-t-il franchement. Non pas qu'il botte en touche.
« Les divagations d'animaux, ça a toujours plus ou moins existé, on ne va pas dire le contraire. C'est vrai qu'il faut alerter les éleveurs sur le contrôle de l'état de leur clôture, même si
l'entretien de kilomètres de clôture, c'est un sacré boulot. »
La FDSEA, irritée : « C'est marginal ! »
Mais pas question pour le directeur d'encaisser tout en bloc sans réagir. « Là où c'est un peu irritant, c'est d'avoir des communiqués à l'emporte-pièce sur des situations révoltantes, mais
marginales. Dans leur grande majorité, les éleveurs ont un lien particulier avec leurs animaux, un attachement presque sentimental. »
Même sur un plan plus dépassionné, Philippe Clausse ne peut pas laisser croire à une maltraitance généralisée. » Je ne connais pas un éleveur qui souhaite se retrouver dans une situation où sa
responsabilité civile, voire pénale, peut être engagée ».
« La campagne fourragère a été très mauvaise, mais ce n'est pas pour autant que les animaux ne sont pas nourris, ajoute-t-il. Les agriculteurs compensent par l'achat d'aliments ou vendent les
bêtes qu'ils ne peuvent pas nourrir ».
Quant à l'abri, au moins naturel en été (pour du bétail rentré en hiver), le directeur confirme que c'est un plus pour le confort des bêtes.
« Mais il ne faut pas polémiquer, répète Philippe Clausse, avant de conclure, avec un certain fatalisme : Je suppose que j'aurai encore le droit à quelques classiques, comme les chevaux dans la
neige, alors qu'ils sont tout à fait capables de le supporter… »
Voilà encore deux camps assez rudes à réconcilier, mais l'honneur de la majorité des éleveurs aura au moins été (un peu) redoré.
Source : http://www.lunion.presse.fr/article/ardennes/bardot-defend-les-bovins