C'était hier : Un documentaire consacré à Bardot sur Arte
Il y a 40 ans BB tournait le dos au 7e art. Le réalisateur David Teboul signe une ode à « sa » légende fourmillant d’images d’enfance. Il entre aussi à La Madrague...
Presque deux heures d'images. Le réalisateur David Teboul (Yves Saint Laurent, le temps retrouvé...) aura ramé longtemps pour atteindre Saint-Tropez mais son œuvre à la subjectivité revendiquée fera date. Pourquoi ? Tout simplement parce que ce Parisien inspiré s'est vu ouvrir les portes de La Madrague et de La Garrigue, les deux demeures varoises de Brigitte, et a pu piocher dans les 9 heures de Super 8 de son père, Louis Bardot.
Cependant, la première (et unique) rencontre préparatoire (5 minutes !) en terre tropézienne sera éclair, voire limite orageuse...
« J'avais dans l'idée de lui faire commenter des images de sa carrière. Elle a refusé, me disant qu'elle était loin de tout cela désormais et que je devais me débrouiller. J'ai trouvé cela violent... Et puis elle m'a dit quelque chose d'extraordinaire :« En ne voulant pas être dans votre film, je vous fais un cadeau ». Et c'était vrai puisque cela m'a permis une approche beaucoup plus personnelle», raconte David Teboul qui a voulu un film « entre mélancolie et euphorie», sans rogner sur les paradoxes de cette comète cinématographique.
Un « fantôme vivant» dit-il, qui, à défaut de prendre corps en 2013, s'incarne dès la période couches-culottes, grâce aux images familiales, jusqu'à son retrait des plateaux en 1973.
De l'ambiance très Nouvelle Vague du film et de sa narration lente, naît une atmosphère envoûtante sur laquelle le cinéaste plaque son histoire d'amour fantasmatique avec BB. En alternance, la voix de Bulle Ogier égrène des passages de l'autobiographieInitiales B.B. sur une vie qui défile façon « Martine à... ».
Brigitte à la maison avec sa sœur Mijanou ; Brigitte à 7 ans avec ses binocles à la montagne ; Brigitte mannequin à 15 ans pour Elle ; Brigitte trouve son Prince Charmant, Roger Vadim ; Brigitte et sa tentative de suicide ; Brigitte sous le charme du maître chanteur Gainsbourg, etc.
Un parcours amoureux entrecoupé d'images figées de son cadre de vie tropézien (cuisine, chambre, salon, salle de bain, piscine, cimetière d'animaux...) dont les seuls figurants sont quelques-uns de ses chats adorés. Avec parfois une touche deBoulevard du crépuscule, ce film noir suffoquant signé Billy Wilder.
Alors que se déroule le générique final, s'exhale comme un parfum de nostalgie...L'Heure Bleue. Celui de BB, qui ce soir aussi a promis d'être devant son écran. Quitte à sombrer en pleurs dans les sables émouvants d'images d'un père qui fut son premier metteur en scène.