Danièle Heymann, janvier 1968: le show Bardot

Publié le par Ricard Bruno

La double page que L'Express du 1er janvier 1968 consacre au "show Bardot" à la "T.V.". L'Express

La double page que L'Express du 1er janvier 1968 consacre au "show Bardot" à la "T.V.". L'Express

En 1968, Brigitte Bardot est LA star à la française. La "T.V." ne pouvait éviter le phénomène: Danièle Heymann a vu l'émission, elle a aimé et le raconte avec une verve qui fait envie, peut-être plus encore cinquante ans plus tard.

[...] Le "Spécial Brigitte Bardot", diffusé cinq ans, jour pour jour, après ses débuts de chanteuse à la T.V., a une histoire. 

D'abord, la version présentée est expurgée. Le film, en effet, commençait par l'apparition victorieuse de Brigitte enroulée dans un drapeau tricolore. Tenant hardiment la hampe, laissant aisément deviner que les plis glorieux de notre emblème étaient ses seuls voiles, résistant à une cocardière tempête qui plaquait l'étendard à son corps, elle était superbe. 

La direction de la télévision a apprécié. Puis menacé l'émission du carré blanc: "Vous comprenez, les enfants, les anciens combattants..." Les réalisateurs ont plaidé: "Ne trouvez-vous pas que Brigitte ainsi est un magnifique symbole de la vitalité en France? Une espèce de "Marseillaise" de Rude 1968?..." La direction ne s'est pas laissé fléchir. Les réalisateurs ont préféré couper. 

La double page que L'Express du 1er janvier 1968 consacre au "show Bardot" à la "T.V.".L'Express

La double page que L'Express du 1er janvier 1968 consacre au "show Bardot" à la "T.V.".L'Express

Mais cette anecdote n'est qu'une péripétie. [...] Brigitte, de plus en plus enchantée, de plus en plus acharnée à bien faire et à faire du Gainsbourg, voulait tourner, encore tourner. Sans coiffeuse, sans maquilleuse, elle accepta même d'être traquée par la meute, autrefois honnie, des photographes de presse: on balaya, au soir d'une journée de studio, douze cents emballages de pellicule sur le plateau. 

"Brigitte doit aller douze heures à Londres"

L'improvisation, alors, se met à régner. Eddy Matalon et François Reichenbach découvrent le cinétisme à la Biennale des Jeunes, de Paris. Il faut aussitôt utiliser ce décor scintillant et futuriste: Gainsbourg écrit, dans la nuit, "Contact", épopée d'une Vénus cosmonaute, aux seins bardés de métal tendre et qui cherche à travers les galaxies son amour satellisé. 

Serge Gainsbourg reçoit alors commande par la Warner Bros d'une chanson intitulée "Bonnie and Clyde", et qui aidera à la promotion du film en France. Qu'importe: on inclura ce parasite providentiel dans le show. En vingt-quatre heures, Gainsbourg compose une déchirante ballade de passion et de mort. Il sera Clyde. Elle sera Bonnie. Chanson vécue. 

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Brigitte doit aller douze heures à Londres pour essayer les costumes de "Shalako", le western qu'elle doit tourner avec Sean Connery. Eddy Matalon la suit et tourne à la sauvette, à la barbe des "bobbies", une extraordinaire promenade de B. B. dans les rues de la nouvelle Angleterre. 

Au retour, Gainsbourg, toujours lui, improvise sur ce thème et écrit: "Le Diable n'est pas anglais". Enfin, après quinze jours de tournage effectif, étalés sur trois mois, le "Spécial Brigitte Bardot" est terminé. Ce show est sans doute le spectacle le plus plaisant que la TV pouvait nous offrir. Il est sûrement le plus beau cadeau que Brigitte Bardot pouvait se faire à elle-même. 

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